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Elle aussi peut être marquée par la vie… Crédit : D. Marie / Inra
L'expérience forge le caractère : l'adage vaut pour les humains mais sans doute aussi pour les truitestruites. Une équipe britannique menée par Lynne Sneddon, spécialiste du comportement de ces poissonspoissons à l'université de Liverpool, vient de parvenir à cette conclusion après avoir soumis des truites à des situations variées. Gagner une bagarre, c'est bon pour le moral mais voir des copines se débattre dans des problèmes insolubles, c'est déprimant.
Comme l'ont constaté tous les aquariophiles qui ont passé des heures devant leurs protégés, les poissons ont chacun leur caractère. Les scientifiques en ont profité pour sélectionner des animaux aux tempéraments différents, les hardis d'un côté et les timides de l'autre. Ils ont ensuite délibérément fomenté des conflits pour de la nourriture en s'arrangeant pour être certains du résultat. Facile : il suffit d'installer sur le ring un gros et un petit.
Le goût stimulant de la victoire
La question était de savoir comment ces combats et surtout leur issue influeraient sur le comportement ultérieur des animaux. Les chercheurs n'ont pas été privés de surprises... De façon assez prévisible, quand un intrépide gagne ses combats, sa hardiesse s'en trouve renforcée mais s'il reçoit trop souvent des raclées, il se fait ensuite plus prudent et moins agressif envers ses congénères.
Les timides, eux, vivent différemment leurs expériences. Quand ils gagnent régulièrement leurs combat, ils réagissent comme les téméraires : ils deviennent plus braves. En revanche, ceux qui se font battre à tous les coups en sortent eux aussi plus combatifs lorsqu'il s'agit de récupérer de la nourriture. Lynne Sneddon avance une explication en parlant d'un « effet du désespoir ». Ces truites auraient assimilé le fait que pour avoir un peu de nourriture, il faut toujours se battre. Mais la scientifique admet que son raisonnement est totalement spéculatif.
De façon plus surprenante encore, les truites peuvent tirer parti de l'expérience des autres. Sous l'œil de l'équipe, les poissons les plus déterminés perdaient en effet de leur assurance après avoir observé une truite trop peureuse paniquer devant un péril incompréhensible, en l'occurrence un objet inconnu plongé à côté d'elle.
Les chercheurs suspectent ces variations de comportement liées à l'expérience de provenir de fluctuations d'hormones de stress, comme le cortisol, un corticoïdecorticoïde lié au stress chez tous les vertébrésvertébrés. Les chercheurs n'hésitent pas à faire un parallèle avec le comportement humain, notamment avec les changements profonds qui ont été bien étudiés chez les soldats revenus traumatisés de la guerre du Vietnam. Les pêcheurs, eux, peuvent peut-être eux aussi en tirer quelques conclusions et craindre que la vision d'une congénère happée vers la surface risque de rendre plus prudente à l'avenir la truite témoin de la scène...