Un afflux sans précédent de jaseurs boréaux, oiseaux richement colorés, se produit actuellement en France. Ils viennent de loin. Des forêts de Sibérie et de Scandinavie. Mais depuis le début de l'hiver, les jaseurs boréaux, envahissent les plaines et les montagnes françaises, à la recherche d'une température plus clémente et de nourriture.

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    Jaseur boréal © Photos R. Ryols LPO Auvergne

    Jaseur boréal © Photos R. Ryols LPO Auvergne

    Dans une migration depuis l'Europe de l'Est, ils sont arrivés par vaguesvagues d'abord en Alsace et en Franche-Comté. Les ornithologuesornithologues estiment à présent leurs effectifs entre 12.000 et peut-être 25.000 individus. Ils ont investi les montagnes puis les plaines de France (Alsace, Vosges, Jura, Alpes du Nord, plateau du Vercors, puis, ultérieurement alpes du Sud - jusqu'au dessus de Nice ! - et Massif central).

    Les ressources alimentaires diminuant, les jaseurs envahissent maintenant la moitié ouest de la France. En général, pas plus de cinq jaseurs ne viennent jusque chez nous chaque hiverhiver (parfois quelques dizaines), c'est dire si l'évènement est de taille.

    Car cet oiseauoiseau n'est pas là par hasard. Connu pour annoncer les grands froids et de funestes nouvelles dans la croyance populaire, il est ici à la recherche de température plus clémente que dans ses plaines boréales et trouve en France de quoi satisfaire son appétit et sa gourmandise pour les baies d'hiver. Chassé par la faim des taïgastaïgas scandinaves et sibériennes, le jaseur boréaljaseur boréal est un migrateurmigrateur partiel qui a plutôt pour habitude de se réfugier en Europe de l'Est, dans les parcs et jardins de Pologne et du sud de la Scandinavie.

    La dernière invasion importante en France remonte à 40 ans, durant l'automneautomne et l'hiver 1965-1966. Parfois les jaseurs poussent plus loin leur migration, quand leurs terres habituelles d'exils ne sont plus suffisamment riches pour nourrir toute la population. Depuis novembre 2004, les jaseurs ont ainsi traversé l'Allemagne, pour venir se réfugier en France par milliers. Une surpopulation qui entraîne leur migration parfois jusqu'en Méditerranée

    Jaseur boréal © Photos R. Ryols LPO Auvergne

    Jaseur boréal © Photos R. Ryols LPO Auvergne

    Une invasion de jaseur boréal est totalement aléatoire. Les oiseaux se déplacent de façon erratique à la faveur des baies d'hiver (sauvages ou dans les jardins) qu'ils trouvent sur leur chemin. Il est possible que les ressources alimentaires se soient épuisées en Europe centrale et orientale, forçant les oiseaux à vagabonder vers l'Ouest.

    Vous aurez jusqu'au mois de mars pour les observer, date à laquelle ils remontent vers leurs sites de nidification. Il se pourrait bien que les jaseurs poursuivent leur quête plus à l'ouest encore car une petite troupe a été signalée en Ile-de-France et deux spécimens ont été observés en Bretagne !

    Ce phénomène de migration exceptionnelle est actuellement minutieusement observé par le réseau LPOLPO, au côté de nombreuses autres associations. L'invasion du jaseur boréal fait apparaître la formidable coopération entre les naturalistes.

    En savoir plus :

    EspèceEspèce protégée en France, le jaseur boréal est un passereaupassereau de la taille d'un étourneau, aux couleurscouleurs presque exotiquesexotiques où se mêlent le beige, le noir, le jaune, le rouge et le blanc. Il reste un grand amateur de baies : sorbiers, aubépines, gui... Néanmoins, son régime alimentaire s'enrichit de fruits d'hiver comme les pommes. En saisonsaison de reproduction, il est insectivoreinsectivore et agrémente son alimentation d'araignéesaraignées.

    Aujourd'hui, le jaseur boréal est l'un des passereaux européens dont les invasions sont les mieux suivies, intérêt qu'il doit à sa beauté et à son cri particulièrement mélodieux. Néanmoins, sa réputation est entachée d'une connotation funeste puisque qu'il était considéré au Moyen-âge comme annonciateur de mauvaises nouvelles (peste, guerre, famine...).

    Population mondiale ? Inconnue. Entre 100 000 et un million de couples en Europe, sans doute beaucoup plus en Sibérie et en Amérique Nord où il niche également.

    Longévité : 13 ans maximum