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Chaque année en France, 45.000 décès sont liés directement (23.000 morts par cancers, cirrhoses et alcoolo-dépendances) ou non à une consommation excessive d'alcoolalcool. Ainsi, dans le royaume par excellence du bon vin, 4,5 à 5 millions de personnes présentent des comportements d'addiction à l'alcool. Dans certaines familles, on constate même plusieurs cas d'alcoolisme avéré... Ce fléau pourrait-il naître, au moins en partie, dans les gènes ? Des scientifiques de l'Université d'Illinois ont voulu en avoir le cœur net, et viennent de publier le résultat de leur étude dans la revue Journal of Neuroscience, ce 26 mai.
L'objet de leurs recherches porteporte sur un gène : celui-ci assure la synthèse de la protéine CREB qui joue un rôle régulateur dans le cerveaucerveau, durant les phases de développement et d'apprentissage.
Une précédente étude ayant démontré que de faibles taux de CREB étaient corrélés à des symptômessymptômes d'anxiété d'une part, et à une consommation alcoolique excessive d'autre part, les biologistes ont travaillé sur des souris de laboratoiresouris de laboratoire présentant une déficience sur ce gène CREB, c'est-à-dire ne comportant qu'une seule copie du gène.
Ces animaux, ayant de faibles taux en protéine CREB, ont été soumis au fameux test du labyrinthe, tout comme des souris normales ayant, elles, 2 copies du gène et des taux normaux de CREB. Les souris déficientes faisaient preuve d'une très forte anxiété et préféraient l'éthanol à l'eau, qu'elles ingéraient jusqu'à deux fois plus que les souris normales.
Le résultat était clair : cette surconsommation d'alcool avait un pouvoir anxiolytiqueanxiolytique et augmentait le taux de CREB (mais de façon moins importante que chez les souris normales s'abreuvant d'éthanol) dans certaines parties de l'amygdale, centre cérébral des émotions et de la peur.
« C'est la première preuve concrète qu'une déficience au niveau du gène CREB est associée à l'anxiété et aux comportements alcooliques ! » explique Subhash Pandey, auteur de l'étude et directeur de recherche en neurosciences sur l'alcoolisme à la Faculté de Médecine de Chicago.
En effet, chez les êtres humains, de nombreux alcooliques souffrent, en plus, d'anxiété et de dépression, et « pour ces individus, la boisson est un moyen de s'auto-médiquer » assure le neurobiologiste. La démonstration de l'implication d'un gène dans certains types d'alcoolisme offre ainsi de nouveaux horizons : mieux comprendre ce problème de société pour mieux le combattre...