L’extinction d’une espèce du fait du changement climatique peut déclencher une cascade de coextinctions. Un effet domino mis en lumière aujourd’hui par des chercheurs qui se sont intéressés au devenir des plantes à fleurs et de leurs insectes pollinisateurs.
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Pour déterminer l'impact qu'aura le réchauffement climatique sur la biodiversité, les chercheurs utilisent généralement des modèles climatiques qui considèrent chaque espèce séparément. Pourtant, les écosystèmes sont complexes et les interactions nombreuses. Pour se faire une idée plus juste, les chercheurs tentent donc aujourd'hui de tenir compte des dépendances mutuelles des uns et des autres pour mieux prédire l'avenir.
Et selon des biologistes de l'évolution de l'université de Zurich (Suisse), il faut s'attendre à un impact du changement climatique sur la biodiversité plus important que celui annoncé par les modèles classiques. Une conclusion qu'ils tirent de l'analyse des interactions entre plantes à fleurs et insectes pollinisateurs dans sept régions d'Europe.
Certaines régions plus menacées que d’autres
Ainsi, il existerait 52 % de risques de voir le ciste à feuilles de sauge disparaître d'ici 2080 du fait du changement climatiquechangement climatique. Si tel devait être le cas, la petite abeille charpentière qui se nourrit de son pollenpollen pourrait suivre la même funeste voie. Et entraîner avec elle le myrte qu'elle pollinise également. Faisant passer le risque d'extinction du myrte de 38 % à environ 62 % !
Il semblerait par ailleurs que certains bassins soient plus sensibles que d'autres. Par exemple, les communautés méditerranéennes, globalement plus touchées par le changement climatique et dont les aires de répartitionaires de répartition sont plus étroites. Un ensemble de circonstances qui fragilise les espèces végétales notamment. Les chercheurs suisses estiment ainsi que deux à trois fois plus de végétaux que prévu pourraient disparaître dans la région d'ici 2080.
L'extinction d'une espèce peut en entraîner d'autres…
Par un effet domino, l'extinction d'une espèce peut en entraîner d'autres. Des chercheurs montrent qu'il y a plus de risque d'extinctions en cascade lorsqu'aucune espèce ne vient boucher le trou laissé par la disparition d'une autre.
Article de Marie-Céline RayMarie-Céline Ray paru le 21/02/2018
Les activités humaines continuent de causer la disparition d’espèces, au point de provoquer la sixième extinction de masse de l'histoire de la planète. Or, cette perte de biodiversité pourrait avoir des conséquences dramatiques. Des chercheurs de l'université d'Exeter (Royaume-Uni) ont réalisé des prédictions en travaillant sur des communautés de plantes et d'insectesinsectes, notamment la guêpe parasitoïdeparasitoïde Aphidius megourae. S'ils retiraient une espèce de guêpes de l'écosystème, d'autres espèces indirectement liées pouvaient disparaître.
Pour Dirk Sanders, de l'université d'Exeter, « les interactions entre les espèces sont importantes pour la stabilité de l'écosystème ». Il ajoute : « Et parce que les espèces sont interconnectées par de multiples interactions, un impact sur une espèce peut également affecter les autres ». Tout dépend de l'importance du réseau de la chaîne alimentairechaîne alimentaire dans laquelle se trouve l'espèce qui disparaît.
La perte de biodiversité accroît la vulnérabilité de l'écosystème
Quand un réseau alimentaire est complexe, avec une biodiversité importante, une espèce peut plus facilement en remplacer une autre : il y a moins de risque d'extinctions en cascade. En revanche, si des espèces disparaissent et que l'écosystème devient plus simple, les espèces restantes sont plus vulnérables et le risque de nouvelles extinctions est plus grand.
Le communiqué de l’université prend aussi l'exemple des prédateurs : si le loup disparaît dans un massif montagneux, les grands herbivoresherbivores comme les cerfs seront plus nombreux et mangeront ainsi plus de plantes. La végétation va alors manquer pour nourrir d'autres espèces, comme des lapins ou des insectes, qui seront alors menacés.
La moitié des espèces pourraient disparaître avant la fin du siècle
Article de Xavier DemeersmanXavier Demeersman paru le 6 mars 2017
Si rien n'est fait rapidement, la moitié des espèces vivantes pourraient disparaître avant la fin du XXIe siècle., affirment des scientifiques réunis au Vatican sur le thème des extinctions biologiques. Leur disparition est irréversible, ont-ils rappelé, en expliquant combien elles nous sont utiles.
« Notre maison brûle et nous regardons ailleurs » avait déclaré en 2002 le président Jacques Chirac au sujet du changement climatique en ouverture de son discours devant l'assemblée plénière du IVe Sommet de la TerreSommet de la Terre à Johannesburg. La phrase, qui a frappé les esprits, aurait été inspirée par les paroles de la célèbre chanson Beds are Burning de Midnight Oil : « How do we sleep while our beds are burning » (comment peut-on dormir alors que nos lits sont en train de brûler). Quinze ans plus tard, cette assertion est plus que jamais d'actualité. On serait tenté d'ajouter : comment peut-on dormir alors que la moitié de toutes les espèces vivantes sur Terre, animales et végétales, terrestres et marines, pourraient disparaitre avant la fin de ce siècle ?
C'est ce vers quoi nous nous dirigeons à grands pas, si rien n'est fait, ont conclu les biologistes, écologuesécologues et économistes qui se sont réunis entre le 27 février et le premier mars à la Casina Pio IV dans la cité du Vatican, pour le colloque international Biological Extinction organisé par le pape François 1er, que l'on sait préoccupé par les questions écologiques. « Le tissu vivant du monde glisse entre nos doigts sans que nous nous en souciions beaucoup » ont déploré les organisateurs.
Des services rendus par les grandes et aussi les plus petites formes de vie
Une sixième extinction de masse est en marche pour les scientifiques et les dommages s'annoncent aussi importants que pour celle du Permien-Trias (surnommée par les Anglo-saxons The Great Dying), il y a 252 millions d'années. En l'espace de plusieurs dizaines de millénaires, une élévation globale des températures avait alors provoqué la disparition de presque la totalité (95 %) des espèces marines et de 70 % des espèces terrestres.
Au cours des deux siècles et demi écoulés, les activités humaines amplifiées par la révolution industrielle ont initié une série de dégradations des écosystèmes, déforestationdéforestation, agricultureagriculture intensive, surpêchesurpêche, braconnage, artificialisation des sols, pollution des sols, des eaux douces et des océans. Des plaies auxquelles s'ajoute un changement climatique global.
Il y a quelques semaines, nous apprenions que 60 % des singes auront peut-être disparu en 2060. En 2016, les girafesgirafes s'ajoutaient à la liste des espèces menacées de disparition. Sans oublier de nombreux fauves dont la population se réduit à quelques dizaines d'individus, les éléphants, les rhinocérosrhinocéros, etc., toutes devenues des espèces très emblématiques.
Mais, soulignent les chercheurs, bien d'autres, plus petites, microscopiques, sont aussi en danger. Elles nous rendent des services inestimables. Ces espèces discrètes purifient l'airair que nous respirons, l'eau que nous buvons, enrichissent la terre que nous cultivons. Certaines nous prodiguent des moléculesmolécules précieuses pour la médecine, sans oublier la chaîne alimentaire. Tout cela est en danger critique de disparition, s'alarment les scientifiques.
Comment enrayer ces extinctions ?
Face à ce triste constat, « la question est : comment l'arrêtons-nous » a interrogé l'un des participants, Paul Ehrlich. Le chercheur et d'autres collègues avec lui estiment que le contrôle des naissances serait une des solutions au problème. « Si vous appréciez les gens, vous voulez avoir le nombre maximum que vous pouvez soutenir durablement », a-t-il expliqué. Pour lui, une population d'environ un milliard d'habitants serait la plus soutenable des millénaires durant. Rappelons que les projections de l'ONU tablent sur 11,2 milliards d'êtres humains en 2100. En outre, si tout le monde adopter l'actuel mode de vie des États-Unis, cinq planètes Terre seraient nécessaires.
« Au début du siècle prochain, nous serons confrontés à la perspective de perdre la moitié de notre faunefaune, a déclaré le biologiste Peter Raven. Pourtant, nous nous appuyons sur le monde vivant pour vivre. C'est très effrayant. Les extinctions auxquelles nous sommes confrontés posent à nos civilisations une menace encore plus grande que le changement climatique, pour la simple raison qu'elles sont irréversibles. »
Les scientifiques mettent en garde contre le risque d'extinction
Article de Cordis publié le 05/12/2004
L'Union mondiale pour la nature (UICNUICN) a révélé dans sa dernière Liste rouge la gravitégravité de la menace d'extinction dont sont victimes des milliers d'espèces animales et végétales.
Le réseau écologique, qui peut compter sur l'expertise d'environ 10.000 scientifiques aux quatre coins du monde, estime que le nombre d'espèces actuellement en voie d'extinction se chiffre à 15.589.
Depuis des années, les scientifiques savent qu'environ un huitième des oiseaux et un quart des mammifèresmammifères sont menacés, mais la dernière liste parue met en avant la situation critique des amphibiensamphibiens. Environ 50 % des tortues terrestrestortues terrestres et marines sont proches de l'extinction, tandis que 21 % de la totalité des amphibiens sont proches de l'extinction ou sont en voie de disparition. Pour les mammifères et les oiseaux, ces données se chiffrent respectivement à 10 et 5 %.
L'UICN explique que la biodiversité est de plus en plus menacée et que l'Homme est entièrement responsable de cette situation. La surexploitation et la perte d'habitat mettent la pressionpression sur plusieurs espèces, tandis que la concurrence d'animaux et de plantes introduits parmi la faune et la flore représente une menace pour les autres. Pour plusieurs espèces, le changement climatique s'avère également être source de problèmes.
Quelque 844 cas d'extinction ont été recensés depuis l'année 1500 de notre ère et les scientifiques estiment que le taux d'extinction actuel pourrait être entre 100 et 1.000 fois supérieur au taux d'extinction naturel. Sur les 129 extinctions d'oiseaux enregistrées, 103 ont eu lieu depuis 1800.