Alors que les outils techniques utilisés par les scientifiques sont bien souvent très complexes et surtout très chers, des chercheurs suédois proposent de détecter le VIH dans un échantillon sanguin à l’aide d’un simple lecteur DVD. Quelques modifications suffisent à rendre la machine capable de dépister le virus du Sida, avec, tout de même une efficacité modérée.

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    Détecter le VIH grâce à un lecteur DVD. Il fallait y penser, et certains l'ont fait. Avec ce procédé, les scientifiques espèrent mettre au point une méthode de diagnostic pour d'autres maladies. © Russom et al., Lab on a Chip

    Détecter le VIH grâce à un lecteur DVD. Il fallait y penser, et certains l'ont fait. Avec ce procédé, les scientifiques espèrent mettre au point une méthode de diagnostic pour d'autres maladies. © Russom et al.Lab on a Chip

    La recherche contre le Sida progresse. Dans les premières années de la pandémie, il n'existait aucune solution thérapeutique à apporter aux malades. En 1987, la zidovudine est devenue le premier médicament antirétroviral à conquérir le marché, aidant les personnes séropositives à vivre plus longtemps. Le débarquement des trithérapies a encore changé la donne, car aujourd'hui, l'espérance de vie d'une personne séropositive mais bien traitée contre le VIH est identique au reste de la population. D'autant qu'on évoque volontiers ces quelques cas supposés de guérison, qu'elle soit totale ou fonctionnelle.

    Mais ces avancées cachent une autre réalité : celle des pays pauvres. Car si les nations développées gagnent peu à peu la lutte contre la maladie, l'Afrique surtout souffre encore terriblement. Chaque année, près de 2 millions de personnes meurent encore du Sida, et 2,5 millions d'individus sont nouvellement infectés par le VIH. La faute à un manque de moyens pour fournir les médicaments associés, mais aussi pour mettre en œuvre une politique large de préventionprévention et de dépistage.

    Car la première étape pour vaincre le VIHVIH, c'est de s'assurer que l'on n'est pas soi-même porteur du virusvirus. Il existe des tests précis et sensibles pour déterminer la séropositivité ou la séronégativitéséronégativité de chacun, comme le test Elisa ou le western blotwestern blot. Pour simplifier encore le dépistage, les États-Unis ont autorisé l'année passée un test salivaire à réaliser chez soi, et pourraient prochainement être imités par la France.

    Transformer un lecteur DVD pour en faire une arme anti-Sida

    Mais des chercheurs suédois de l'Institut royal de technologie (Stockholm) montrent que le recyclagerecyclage a vraiment du bon et qu'il peut conduire à faire progresser la science. Dans les colonnes de la revue Lab on a Chip, ils expliquent comment transformer un vieux lecteur DVDDVD pour en faire un test de dépistage du VIH.

    Les disques (en A) utilisés sont du même format que les DVD, mais disposent de réservoirs (visibles en B) dans lesquels on place les échantillons. Grâce à la photodiode, on peut observer le contenu dans le détail (en C) et obtenir une idée de la concentration en lymphocytes T CD4+, accrochés à un anticorps. © Russom <em>et al.</em>, <em>Lab on a Chip</em>

    Les disques (en A) utilisés sont du même format que les DVD, mais disposent de réservoirs (visibles en B) dans lesquels on place les échantillons. Grâce à la photodiode, on peut observer le contenu dans le détail (en C) et obtenir une idée de la concentration en lymphocytes T CD4+, accrochés à un anticorps. © Russom et al.Lab on a Chip

    Seules quelques modifications, peu coûteuses en argentargent et en énergieénergie, s'imposent. D'abord, une photodiode qu'il faut fixer avec un peu de colle et brancher aux câbles appropriés. Ensuite, le lecteur demande aussi quelques aménagements et doit être équipé d'un logiciellogiciel spécial. Enfin, il faut bien sûr adapter le disque. Point de DVD classique, mais des disques en polymèrespolymères semi-transparentstransparents et composés de plusieurs couches.

    Ces derniers doivent être conçus de manière spécifique. L'idée des scientifiques consiste à estimer la quantité de lymphocytes T auxiliaires CD4+ (des LT4LT4), que le virus du Sida cible et détruit. S'il y en a beaucoup, alors la personne n'est pas infectée par le VIH. En revanche, si la concentration est très faible, les risques de souffrir d'immunodéficienceimmunodéficience sont bien réels. Ainsi, ces disques sont équipés d'anticorpsanticorps reconnaissant spécifiquement ces cellules immunitaires.

    Des lymphocytes T4 en format DVD

    Comment cela fonctionne-t-il ? Un échantillon de sang d'un patient est inséré dans le disque. Ces LT4 vont alors se fixer aux anticorps. Comme tout disque actif dans un lecteur DVD, il tourne, et la force centrifugeforce centrifuge ainsi créée repousse le sang vers l'extérieur. Seuls les LT4 pris au piège restent en place. La photodiode se focalise alors à ce niveau de l'échantillon et fournit des images d'une résolutionrésolution de l'ordre du micromètremicromètre. Il devient possible de visualiser les cellules et d'estimer leur concentration. Et mieux vaut qu'elle soit élevée.

    Une quantité importante de lymphocyteslymphocytes indique soit une absence de contaminationcontamination par le VIH, soit une infection récente. En revanche, année après année, le virus détruit progressivement les populations lymphocytaires jusqu'à ce qu'elles deviennent trop petites pour lutter efficacement contre un quelconque intrus. Grâce à cette méthode, il devient possible de mettre en évidence les traces d'une infection de longue duréedurée. Une comparaison des échantillons à différentes périodes dans le temps permet aussi de suivre l'état des défenses immunitaires.

    Certes, le procédé n'est pas d'une grande fiabilité et ne dépasse aucunement les tests classiques. En revanche, il permet de détecter indirectement une contamination par le VIH chez certains sujets à un coût faible et dans un délai très bref. Il pourrait servir d'outil diagnosticdiagnostic rapide dans certains pays pauvres, afin de déterminer quels patients doivent mener des examens approfondis pour révéler ou non leur séropositivitéséropositivité. Comme quoi, il suffit peut-être d'un peu d'imagination pour contribuer à ralentir l'épidémie de Sida.