Au lendemain d’une défaite de leur équipe préférée, les supporters déçus ont tendance à manger plus gras et plus calorique pour se consoler. À l’inverse, lorsque leur club favori s’impose, une alimentation plus saine est privilégiée. Pour garder la ligne, mieux vaut soutenir une équipe qui gagne !
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Quand des supporters se désespèrent devant le résultat final, il y a fort à parier qu'inconsciemment, ceux-ci mangeront davantage de graisses saturées le lendemain pour se rassurer et se consoler, si l'on se fie à une étonnante recherche publiée dans Psychological Science. Finalement, seul le résultat compte, et seule la victoire est belle (car elle nous évite de grossir). N'en déplaise au baron Pierre de Coubertin...
Le contexte : être supporter, c’est s’identifier à ses héros
Le sport est connu pour déchaîner les passions. Ce n'est pas un hasard si les finales de la Coupe du monde de football ou les grands moments des Jeux olympiques comptent parmi les plus fortes audiences de la télévision. Certains fans s'identifient même à leurs héros, et subissent de plein fouet les larmes et les joies qui accompagnent les athlètes dans leur carrière.
De précédentes recherches ont montré que le résultat d'une rencontre sportive pouvait modifier le comportement. Ainsi, une défaite mal encaissée peut favoriser la violence domestique, les accidents de voiturevoiture ou les attaques cardiaques. Preuve que l'issue d'une rencontre affecte vraiment les émotions de certains.
Mais le pouvoir du sport pourrait être encore plus large. D'après une recherche menée par Yann Cornil et Pierre Chandon de l'Institut européen d'administration des affaires (Insead), situé à Fontainebleau, il modifierait le comportement alimentaire le lendemain des matchs. Et cela se vérifie aussi bien aux États-Unis qu'en France.
L’étude : une défaite au goût bien gras… et calorique
Tout commence avec le suivi de 716 États-Uniens, vivant dans une vingtaine de villes possédant ou non une équipe de football américain qui participe au championnat NFL. Ils devaient fournir le type et la quantité des aliments mangés les dimanches (jours de match), les lundis et les mardis.Les auteurs ont remarqué que lorsque le club de leur ville avait perdu, les supporters déçus se dirigeaient le lendemain plus volontiers vers la malbouffe. Ainsi, ils consommaient 16 % de graisses saturées en plus que d'habitude et ingurgitaient 10 % de calories supplémentaires. À l'inverse, les lendemains de victoire étaient accompagnés d'une diminution de 9 % des graisses et de 5 % des caloriescalories totales.
Paradoxalement, ces tendances sont aussi observées chez les personnes indifférentes au foot. Quant au scénario de la rencontre, il n'impacte en rien l'humeur des fans. Les résultats ne notent aucune différence, même lorsque l'espoir d'un retournement de situation a perduré jusque dans les dernières secondes. L'effet semble en revanche s'accentuer lorsque le score final était inattendu. Ainsi, le 13 juillet 1998, les Français ont dû manger sainement !
L’œil extérieur : retrouver son identité en écrivant ce qui nous importe
Ces résultats ont poussé les auteurs à émettre une hypothèse. La défaite, surtout de son club favori, est vécue comme un déracinement, une perte d'identité. En réponse à ce stress, le corps demande davantage d'énergieénergie. À l'autre extrême, le succès stimule le contrôle de soi, et pousse à la raison.
Pour vérifier la théorie, les chercheurs ont mis en place une petite expérience, cette fois avec des supporters de football français. Ceux-ci devaient rédiger un texte ou regarder une vidéo évoquant l'une des plus belles victoires ou, au contraire, l'une des plus cinglantes défaites de leur club favori. Ensuite, dans un exercice en apparence indépendant, les fans ayant évoqué leurs tristes souvenirs se sont davantage rués sur les chips et les sucreries, tandis que les autres ont préféré les fruits. Les Français ne font pas mieux que les Américains...
Ainsi, les personnes soucieuses de leur silhouette ont tout intérêt à soutenir un club qui gagne souvent. Pour ceux qui veulent rester fidèles à leur équipe de cœur malgré les déceptions qui s'enchaînent, il y a une solution. Les auteurs pensent qu'en écrivant sur un bout de papier ce qui est véritablement essentiel à leurs yeuxyeux, les supporters déçus pourraient surmonter leur désillusion, car l'affirmation de soi balaie les plus insupportables défaites. C'est par exemple ce que les supporters français auraient probablement dû faire le soir du 9 juillet 2006...
Chronique Science décalée
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Pourquoi une rubrique Science décalée ? Cette chronique hebdomadaire a pour ambition de montrer que la science peut aussi être drôle et inattendue, et surtout qu’elle brasse vraiment tous les domaines possibles et imaginables. Ainsi, on peut faire du sérieux avec du farfelu, et de l’humour avec des sujets à priori peu risibles. Chaque semaine donc, nous sélectionnons l’info la plus étrange ou surprenante pour vous la faire partager le dimanche, entre le fromage et le dessert.