L'agent de la maladie de Lyme, une affection fatale si elle est soignée trop tard, échappe aux défenses immunitaires de l’hôte en substituant le manganèse au fer. Cette découverte pourrait conduire à de nouveaux moyens de traitement.

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    Exemple d'une rougeur caractéristique (érythème migrant) apparue après une morsure de tique infectée par la bactérie Borrelia burgdorferi, responsable de la maladie de Lyme. Ce signe morphologique n'est visible que dans un cas sur deux en moyenne. © Lamiot, Wikimedia Commons, cc by sa 3.0

    Exemple d'une rougeur caractéristique (érythème migrant) apparue après une morsure de tique infectée par la bactérie Borrelia burgdorferi, responsable de la maladie de Lyme. Ce signe morphologique n'est visible que dans un cas sur deux en moyenne. © Lamiot, Wikimedia Commons, cc by sa 3.0

    Transmise par une morsure de tique, la maladie de Lyme, ou borréliose, est une maladie infectieuse causée par la bactérie Borrelia burgdorferiBorrelia burgdorferi. Lorsqu'une tique contaminée infecte une personne, une rougeur peut apparaître autour de la piqûre et un traitement antibiotique est rapidement prescrit. Néanmoins, dans la moitié des cas, aucun signe d'alerte n'est visible, et la maladie se dissémine dans tout l'organisme. Cette propagation bactérienne aboutit à des complications au niveau des articulations et du système nerveux.

    Les tiques sont de plus en plus nombreuses : est-ce dû au réchauffement climatique ? Ou bien à l'augmentation du nombre de cervidés, qui sont les principaux animaux réservoirs de tiques ? Toujours est-il que la maladie de Lyme est en plein essor, au point de devenir la maladie vectorielle la plus fréquente dans l'hémisphère nordhémisphère nord. Le diagnostic, de plus, n'est pas toujours facile. Le symptôme extérieur - rougeur au niveau de la piqûre, appelé érythème migrantérythème migrant - n'est pas toujours présent et la victime peut consulter un médecin longtemps après, pour un mal de tête par exemple.

    Dans une étude récente publiée dans le Journal of Biological Chemistry, une équipe de chercheurs américains de l'université du Texas à San Antonio s'est intéressée aux mécanismes de virulence de Borrelia burgdorferi, l'agent responsable de la maladie de Lyme. Leur étude montre que cette bactérie, contrairement à tous les êtres vivants connus jusqu'ici, pouvait vivre sans ferfer.

    La maladie de Lyme est transmise par des morsures de tique. Ces dernières sont logées dans les zones herbeuses et boisées, et sont susceptibles de mordre les promeneurs. © dr-relling, Flickr, cc by 2.0

    La maladie de Lyme est transmise par des morsures de tique. Ces dernières sont logées dans les zones herbeuses et boisées, et sont susceptibles de mordre les promeneurs. © dr-relling, Flickr, cc by 2.0

    Du manganèse pour la tique, à la place du fer

    Pourquoi une telle stratégie ? Chez les êtres vivants, le fer est un élément indispensable, car il intervient dans la fabrication des protéinesprotéines. Profitant de cette nécessité, notre système immunitaire a développé un mécanisme qui, en cas d'infection, organise une carencecarence en fer : une hormonehormone du foiefoie, l'hepcidine, empêche l'entrée de ce métalmétal dans la circulation sanguine. Selon Valeria Culotta, directrice de ces travaux, « c'est l'une des raisons pour lesquelles nous nous sentons très faibles lorsque nous sommes malades. Cette stratégie permet de limiter l'accès des pathogènespathogènes au fer, et d'empêcher leur développement et leur survie. »

    Au cours de cette étude, l'équipe américaine a montré comment la bactérie responsable de la maladie de Lyme déjoue cette stratégie : en utilisant le manganèse et non le fer pour fabriquer ses protéines. Ainsi, contrairement aux autres pathogènes, Borrelia burgdorferi peut parfaitement se développer dans un environnement pauvre en fer. Cette bactérie échappe ainsi à ce mécanisme de défense par restriction de l'accès à cet élément.

    Pour le moment, seuls les antibiotiquesantibiotiques sont utilisés dans le traitement de la maladie de Lyme. Bien qu'efficaces au cours de la première phase d'infection, ils ont peu d'effet lorsque l'infection est avancée. Ces nouveaux travaux encouragent le développement de nouveaux traitements contre la maladie de Lyme.