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Perdre ses cheveux ou son érection, il faut choisir ! Le finastéride servait à l'origine à traiter l'hyperplasie de la prostate, à travers le Proscar. Mais il a été constaté qu'il préservait également de l'alopécie, ou la chute des cheveux. Les laboratoires Merck ont créé le Propécia, vendu aux États-Unis depuis 1997. © Kristoferb, Wikipédia, DP
À priori, pas grand-chose de nouveau : des effets indésirables du Propécia sur la sexualité masculine ont déjà été listés par la FDA, l'agence américaine du médicament. Lors de l'essai clinique qui a poussé l'instance à autoriser la mise sur le marché du traitement contre la chute des cheveux, seuls 36 des 945 participants avaient présenté des troubles sexuels. Le laboratoire Merck, à l'origine du produit, reconnaît également des effets secondaires, à hauteur de 1,8 % pour la perte de libido et de 1,3 % pour la dysfonction érectile.
Le Propécia, comme le Proscar utilisé dans l'hyperplasie de la prostate (augmentation de volumevolume), a pour principe actif une moléculemolécule appelée finastéride. Elle inhibe l'action d'une enzymeenzyme, la 5α-réductase, dont l'action consiste à catalyser la transformation de la testostérone en dihydrotestostérone (DHT), une forme plus active impliquée dans la chute des cheveux.
Tous les dommages collatéraux du finastéride n'ont pas encore été précisément établis, comme le montre une étude publiée dans le Journal of Sexual Medicine par Michael Irwig, chercheur à la George Washington University, dans la capitale américaine. Il atteste de la persistance de ces symptômessymptômes sur une duréedurée supérieure à 14 mois après l'arrêt des traitements chez la quasi-totalité des hommes victimes des effets indésirables du principe actif.
Le finastéride, cause de troubles sexuels persistants
Par l'intermédiaire d'un site InternetInternet (propeciahelp) regroupant des patients souffrant de troubles sexuels consécutivement à un traitement au finastéride, 54 volontaires ont été recrutés par le scientifique pour le bien de cette étude. Tous avaient moins de 40 ans (31 ans de moyenne d'âge) et avaient connu cette mauvaise expérience au moins 3 mois après avoir arrêté leur médication. L'objectif consistait à observer l'évolution de la dysfonction sexuelle 14 mois plus tard.
La persistance des effets secondaires indésirables du finastéride sur la sexualité masculine n'avait jamais été vraiment recherchée. Pourtant, on connaissait sa nocivité pour les gonades, y compris chez le rat. © Chris, rudecactus.com, cc by nc sa 2.0
Pour la mesurer, les participants répondaient à des questions portant sur leur libido, leur désir sexuel, leurs érections, leur capacité à atteindre l'orgasmeorgasme et la satisfaction liée à cet orgasme. Ces critères sont reconnus et se retrouvent dans l'échelle Arizona Sexual Experience (Asex).
D'une manière alarmante, 96 % de ces patients présentaient toujours leurs troubles à la fin de leur suivi, tandis que 89 % d'entre eux rentraient dans la définition de dysfonction sexuelle. D'une manière peu rassurante, la persistance des symptômes était indépendante de la durée du traitement au finastéride.
La consommation de Propécia s'accompagnait d'autres effets indésirables : changement dans la qualité et le volume du sperme, diminution de la taille du pénispénis ou des testiculestesticules...
Propécia : mieux informer les patients des risques encourus
Ce travail nécessite davantage d'investigations pour préciser la durée de persistance de ces anomaliesanomalies, mais aussi l'incidenceincidence réelle dans la population. Car Michael Irwig le reconnaît, il a peut-être disposé des patients les plus affectés, ce qui pourrait alors fausser un peu les données. Il semble en effet que ces cas ne soient pas très fréquents. Cependant, lorsqu'on ramène ces proportions à l'ensemble des utilisateurs, cela concerne des milliers et des milliers d'hommes. Pas si négligeable...
Cette recherche devrait inciter les scientifiques à poursuivre leurs travaux sur les effets du finastéride. Par exemple, 17 % des patients ont présenté des changements d'ordre mental ou des symptômes dépressifs. S'il est facile d'établir un lien entre les difficultés à avoir des relations sexuelles et le mal-être ressenti, des chercheurs s'intéressent depuis peu à l'action de la molécule sur le système nerveux. Aucune information à ce sujet ne se trouve sur la notice du médicament.
Pour l'heure, il n'existe pas de moyen de détecter à l'avance les sujets les plus susceptibles de présenter les effets secondaires. Michael Irwig insiste donc sur l'intérêt d'informer convenablement les patients, avant le traitement au Propécia, des conséquences que cela pourrait entraîner chez eux.