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Un nouveau peptide permettrait de lutter contre une certaine forme de calvitie. © Mike Burn, Flickr, CC by-sa 2.0
Des chercheurs de l'Université de Californie à Los Angeles (UCLA) et de l'Institut Salk auraient trouvé, par hasard, un moyen de traiter une forme de calvitie. S'intéressant au départ aux conséquences du stress sur le système gastrointestinal, les chercheurs avaient en leur possession un lot de souris génétiquement modifiées, exprimant en grande quantité une hormone du stress : la corticolibérine.
Normalement produite par l'hypothalamus, la corticolibérine agit sur l'hypophyse pour favoriser la maturation et la libération de l'ACTH, l'hormone corticotrope, qui agit elle-même sur la libération de cortisolcortisol par les glandes surrénalesglandes surrénales. Toute cette voie biologique intervient sur la régulation d'un grand nombre de mécanismes physiologiques (glycémieglycémie, sommeilsommeil...) en réponse au stress.
Nées pour stresser
Ainsi, les souris surexprimant la corticolibérine (les souris CRF-OE) présentent de nombreuses caractéristiques comportementales, immunitaires, endocriniennes... ainsi qu'une perte significative de poils sur leur dosdos. Telle l'alopéciealopécie du crânecrâne chez l'Homme, la région atteinte chez le rongeurrongeur grandit progressivement et laisse apparaître la peau, et ce dès l'âge de quatre mois.
Dans le but de contrecarrer les effets du stress sur le système gastrointestinal de ces souris CRF-OE, les chercheurs de l'Institut Salk ont cherché à concevoir une moléculemolécule capable d'inhiber l'action de la corticolibérine. Appelé astressine-B, ce peptide a été développé pour qu'il se fixe sur les deux types de récepteur de la corticolibérine (CRF1 et CRF2), à la place de l'hormone naturelle. L'administration d'astressine-B devait donc mimer une diminution de la concentration en corticolibérine, et donc une réduction du stress.
Les souris chauves traitées à l'astressine-B retrouvent progressivement leurs poils (A à C), alors que celles qui ne reçoivent pas la molécule restent chauves (D à F). © Plos One
Un vrai faux espoir ?
Une injection intrapéritonéale par jour pendant cinq jours consécutifs a alors été réalisée sur ces souris, et l'effet de l'astressine-B sur le côloncôlon de ces souris a été observé. Les souris stressées et « chauves » ont ensuite été remises dans leur cage, avec leurs congénères zen et pleines de poils. À la grande surprise des scientifiques qui sont revenus voir leurs animaux trois mois plus tard pour effectuer de nouvelles analyses, les souris traitées à l'astressine-B sont devenues indissociables des souris normales, toute trace d'alopécie ayant disparu ! En revanche, les souris chauves traitées avec une solution saline ou un autre peptide n'ont pas retrouvé leur beau pelage.
L'effet bénéfique d'un antagoniste de la corticolibérine sur la calvitiecalvitie n'est pas une réelle surprise en soi car ce n'est pas la première fois que le stress est montré comme physiologiquement lié à des perturbations pileuses. L'apparition de cheveux blancs et de certaines calvities est parfois la conséquence d'une accumulation de stress, et la corticolibérine était connue pour inhiber la croissance du folliculefollicule pileux.
Ce qui est beaucoup plus étonnant, c'est le fait qu'un nombre aussi limité d'injections du peptide ait un effet aussi flagrant et durable (jusqu'à quatre mois !). Ces résultats, publiés dans le prestigieux journal Plos One, permettent donc d'espérer un traitement efficace de la calvitie... si les résultats sont confirmés sur l'Homme. Car il faut remarquer que la calvitie est, dans la plupart des cas, un problème lié à la testostéronetestostérone, une cause tout à fait étrangère au stress !