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Ce dispositif de spectroscopie de fluorescence femtoseconde a permis de mettre en évidence divers effets de la lumière sur les bases d'ADN.© T. Gustavsson
Ces lésions, les biologistes le savent, ne se produisent pas au hasard le long de l'ADN (2) : leur localisation semble dépendre de l'ordre et de l'enchaînement des bases d'ADN autour de la lésion. En se penchant sur les tout premiers événements de cette photoréaction - l'absorption des photonsphotons par l'ADN qui conduit à la formation d'une lésion -, les chercheurs de l'équipe « Biomolécules excitées » du laboratoire Francis Perrin (LFP) (3) viennent de lever le voile sur d'autres mécanismes fondamentaux.
Le premier phénomène mis en évidence par l'équipe de Dimitra Markovitsi concerne le comportement des bases d'ADN vis-à-vis de la lumièrelumière. Jusqu'ici, on considérait qu'un photon était absorbé par une seule base d'ADN. Grâce à leurs études en spectroscopie optique et à l'utilisation du laserlaser femtosecondefemtoseconde (4) (impulsion ultraviolette ultracourte), Dimitra Markovitsi et ses collègues ont montré qu'un unique photon était en fait absorbé simultanément par tout un ensemble de bases. Mais les chercheurs ignorent encore ce que cela implique en termes de développement des cancers de la peaucancers de la peau. Autre découverte : « Nous avons montré que l'énergieénergie inhérente à cette absorption de photon était transférée à un autre ensemble de bases en moins de 100 femtosecondes ! »,
souligne la responsable du projet. L'équipe a également montré qu'il s'écoulait 4 millisecondes entre l'absorption d'un photon et la production d'une lésion bien précise. C'est la première fois que des chercheurs obtiennent une indication sur l'échelle de temps des photoréactions au niveau de l'ADN.
Enfin, dernière trouvaille de l'équipe : les rayons UVUV agressent plus facilement les bases de l'ADN - et cela, en les oxydant (5) - lorsque ces dernières sont intégrées dans la structure en double hélice que lorsqu'elles sont isolées. Cette découverte, en accord avec de récentes modélisationsmodélisations, va à l'encontre de ce que l'on pensait, à savoir que la formation en double hélice était une bonne protection des bases d'ADN. En attendant de connaître toutes les implications de ces découvertes sur le cancer de la peau, les crèmes solaires restent fortement recommandées !
Julie Coquart
1. Voir « La peau, une frontière à découvrir », Le journal du CNRS, n° 173.
2. A, TT, C, G : l'alphabet du code génétique.
3. Laboratoire CNRS / CEA.
4. 1 femtoseconde = 10- 15 seconde.
5. L'oxydationoxydation des bases fait partie des réactions qui peuvent conduire à des lésions cancéreuses.
Contact :
Dimitra Markovitsi
Laboratoire Francis Perrin, Gif-sur-Yvette
[email protected]