Les méthodes de traitement de la leucémie ne réussissent pas toujours et sont souvent accompagnées de lourds effets secondaires. Une nouvelle étude basée sur la reprogrammation de cellules cancéreuses en cellules saines ouvre de nouvelles perspectives pour soigner cette maladie.
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Les leucémies aiguës sont les maladies malignes les plus fréquentes en pédiatrie. Elles représentent environ 40 % des cancers de l’enfant et de l’adolescent. © US Navy, Wikimedia Commons, cc by sa 3.0
Comme tout élément de l'organisme, le sang peut être malade. Les pathologies du sang, ou hémopathies, sont nombreuses et peuvent toucher les éléments cellulaires du sang (globules rouges, globules blancs et plaquettes) mais aussi le plasma et les protéines circulant dans le sang.
La leucémie est un cancercancer des cellules souchescellules souches de la moelle osseusemoelle osseuse à l'origine des cellules sanguines. En réalité, il existe plusieurs types de leucémiesleucémies, classées en fonction de leur vitessevitesse d'évolution (aiguës ou chroniques) et des cellules qu'elles impactent (les lymphocyteslymphocytes ou les autres cellules du sang). Cette maladie est la forme de cancer la plus fréquente chez l'enfant, avec 500 nouveaux cas de leucémie aiguë diagnostiqués chaque année.
Pour soigner cette maladie, différents traitements existent, telles la chimiothérapie, la radiothérapieradiothérapie et la greffe de moelle osseuse. Récemment une méthode de thérapie cellulairethérapie cellulaire a également permis de soigner une petite fille. Néanmoins, chaque méthode présente des désavantages et n'est pas toujours efficace. Une nouvelle étude, publiée dans la revue Cell Reports, présente une nouvelle stratégie thérapeutique de lutte contre les leucémies.
Passer de cellules cancéreuses à des macrophages
L'équipe de recherche du Centre for Genomic Regulation à Barcelone s'appuie sur des travaux antérieurs montrant que n'importe quelle cellule sanguine (sauf les globules rouges) peut être artificiellement transformée en un autre type de cellules du sang. Pour réaliser cette prouesse, le milieu de culture cellulaire doit être supplémenté en facteur C/EBPα. Ce dernier est un facteur de transcriptiontranscription, c'est-à-dire une protéine capable de moduler la synthèse des protéines cellulaires. Grâce à l'addition de C/EBPα, les auteurs ont pu reprogrammer des lymphocytes en macrophages, un type de globules blancs qui ne se divisent pas.
Dans cette nouvelle étude, les auteurs sont allés plus loin et ont cherché à transformer des cellules sanguines cancéreuses humaines en macrophagesmacrophages. Leurs résultats sont positifs : l'addition de C/EBPα dans le milieu de culture permet la reprogrammation des cellules cancéreuses. Encore mieux : les macrophages fabriqués maintiennent leur statut cellulaire au cours du temps et ne se transforment pas à nouveau en cellules malignes. L'équipe de recherche a ensuite poussé l'étude in vivoin vivo chez la souris. Elle a montré que la transplantationtransplantation de cellules cancéreuses dans des souris immunodéprimées entraînait la formation d'une tumeur. À l'inverse, lorsque les cellules cancéreuses étaient préalablement incubées avec le facteur C/EBPα, les souris avaient moins de chances de déclencher la maladie.
« Ces résultats démontrent que les cellules cancéreuses humaines peuvent être différenciées en cellules normales, explique Thomas Graf, directeur de l'étude. Cette découverte pourrait conduire à une nouvelle stratégie thérapeutique permettant de guérir les maladies du sang telles que la leucémie. »