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C'était il y a un an. Le 12 janvier 2010, un violent séismeséisme ravageait Haïti, le pays le plus pauvre du continent américain, détruisant une grande partie des infrastructures et causant la mort de plus de deux cent vingt mille personnes. Des milliers de blessés, coincés dans les décombres, souvent pendant plusieurs jours, garderont probablement à jamais des séquelles physiquesphysiques ou psychologiques du drame.
Catastrophe humanitaire majeure des dernières décennies, ce séisme a ensuite été suivi d'autres événements sanitaires et climatiques, comme si le sort s'acharnait sur les habitants. Depuis le mois d'octobre, un nouveau réfugié s'est installé sur l'île : une bactérie du nom de vibrion du choléra. Bien qu'éradiquée depuis un siècle, la maladie est bel et bien revenue, en se déclarant dans la région d'Artibonite, au nord du pays. Les conditions d'apparition de la bactérie sur le territoire haïtien sont toujours sujettes à polémique, notamment quant au rôle des Casques bleus népalais, accusés par les habitants et par les résultats d'études biologiques, qui suggèrent une origine asiatique des souches de bactéries impliquées.
Les seuil des deux cent mille malades sera bientôt atteint
Au cours des deux premières semaines, l'épidémie semblait maintenue puisque le nombre d'hospitalisations était stable, et les cas limités à une zone géographique peu étendue. C'est au mois de novembre, avec l'arrivée de l'ouraganouragan Tomas, que le choléra a commencé à prendre une ampleur désastreuse. Depuis le début de l'épidémie, un total de 181.829 personnes ont été infectées, et plus de 55 % d'entre elles ont été hospitalisées selon le dernier rapport du ministère de la Santé haïtien daté du 7 janvier.
L'épidémie de choléra risque de continuer à s'étendre jusqu'à atteindre quatre cent mille malades dans les mois à venir, selon les estimations de l'ONU. © Futura-Sciences
Malheureusement, les sels de réhydratation et les antibiotiques, qui limitent fortement la mortalité, n'ont pas réussi à sauver les vies de 3.759 malades, soit une létalité globale depuis le début de l'épidémie de 2,1 % (2,5 % à l'hôpital). Grâce aux aides apportées par les organisations humanitaires, notamment la mise en place de centres de traitement du choléra pour palier le manque d'hôpitaux fonctionnels, « moins de personnes vont en mourir », selon Fadela Chaïb, porteporte-parole de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Le taux de mortalité journalier a d'ailleurs beaucoup chuté : 1,3 % au 7 janvier, alors qu'il atteignait des tristes records à l'automneautomne (4 %).
Le pic n'a pas encore été atteint
Toutefois, « nous pensons que le pic n'a pas été atteint », explique Fadela Chaïb. Selon elle, « il y aura certainement encore beaucoup de cas de choléra en Haïti, c'est certain ». Selon Nigel Fisher, représentant spécial adjoint de l'Organisation des Nations unies (ONU) et coordonnateur humanitaire en Haïti, le dépassement de la barre des quatre cent mille malades est attendu pour les semaines ou les mois à venir. Plus spécifiquement, 2,2 millions d'écoliers haïtiens seraient exposés au risque de contraction de la maladie, notamment à cause d'un manque de financement pour la lutte et la préventionprévention de la maladie dans les écoles, les orphelinats et les centres de soins.
Ainsi, toutes les régions du pays sont encore touchées, mais ne sont pas logées à la même enseigne en matièrematière de prise en charge. La région du Nord enregistre plus d'une centaine de cas journaliers, alors que le taux de mortalité dans le Sud-Est est toujours supérieur à 10 %. Et pour cause, les zones rurales difficiles d'accès sont un obstacle au traitement efficace des malades.
La maladie ne sera considérée comme maîtrisée que quand le taux de mortalité du choléra aura atteint moins de 1%, selon l'OMSOMS. L'objectif sera difficile à atteindre, mais les associations humanitaires y croient et font leur maximum pour y parvenir. Un an après le séisme, les conditions dans le pays sont toujours complexes, avec huit cent mille sinistrés, sans compter l'accès à l'eau potable, à la nourriture et à l'éducation, toujours critiques.