On avait déjà détecté la présence de certains métaux lourds, comme le plomb ou le manganèse, dans des cosmétiques. Désormais, des scientifiques viennent d’estimer la quantité quotidienne moyenne de ces métaux absorbés par les utilisateurs de gloss de rouges à lèvres. Et certains sont avalés à des doses toxiques.

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    Les rouges à lèvres et les gloss pourraient contenir des métaux lourds à des niveaux toxiques... Mais cela reste à confirmer à l'aide d'une étude plus large. © Weglet, Wikimedia Commons, cc by 2.0

    Les rouges à lèvres et les gloss pourraient contenir des métaux lourds à des niveaux toxiques... Mais cela reste à confirmer à l'aide d'une étude plus large. © Weglet, Wikimedia Commons, cc by 2.0

    Il faut souffrir pour être belle. Car à en croire les résultats parus dans la revue Environmental Health Perspectives, certains rouges à lèvres ou autres gloss pourraient causer des troubles pour la santé du fait de leur concentration élevée en certains métaux lourds.

    Une étude de 2007 avait déjà révélé la présence de tels composés toxiques dans ces produits de maquillage. Mais une contre-expertise de la FDA, l'agence américaine du médicament, sur environ 400 produits en 2011 n'a révélé aucun danger et aucune nécessité de mettre en place des seuils dans ces cosmétiques. Difficile d'y voir clair.

    Des chercheurs de l'université de Californie à Berkeley (États-Unis) ont développé une autre approche. Plutôt que de se limiter aux quantités de métauxmétaux retrouvées dans les gloss ou les rouges à lèvres, ils se sont intéressés à la dose absorbée par les utilisateurs pour ainsi estimer les risques pour la santé.

    Du chrome dans les rouges à lèvres

    Au commerce du coin, ils sont allés acheter 24 gloss et 8 rouges à lèvres tout à fait communs. Neuf métaux lourds ont été pistés. En parallèle, 365 femmes américaines, âgées de 19 à 65 ans et vivant en dix points des États-Unis, ont servi à estimer les quantités de maquillage ingérées chaque jour. Car ces cosmétiques, étant donnée leur position, sont partiellement avalés par le consommateur.

    Chaque jour, les femmes qui mettent du maquillage avalent des doses de chrome jugées toxiques. Celles qui se fardent beaucoup s'exposent aux dangers de l'aluminium, du cadmium et du manganèse. © FunkyPunkyCarrott, deviantart.com, cc by nc nd 3.0

    Chaque jour, les femmes qui mettent du maquillage avalent des doses de chrome jugées toxiques. Celles qui se fardent beaucoup s'exposent aux dangers de l'aluminium, du cadmium et du manganèse. © FunkyPunkyCarrott, deviantart.com, cc by nc nd 3.0

    En moyenne, les femmes colorent leurs lèvres 2,35 fois par jour. À cette fréquence, les scientifiques estiment qu'une utilisatrice absorbe quotidiennement 24 mg de produit de beauté. Chez les plus grandes consommatrices, ces taux s'élèvent à 87 mg par jour. Quelles sont les conséquences pour la santé ?

    À la dose moyenne, les niveaux de chrome ingérés sont jugés toxiques sur le long terme. Il faut savoir que ce métal est accusé de favoriser le cancer de l’estomac ou d'induire des troubles rénaux. Aux plus hautes doses, le consommateur prend le risque d'une surexposition en aluminium, cadmiumcadmium et manganèsemanganèse, qui ne sont pas vraiment des composés bénéfiques d'un point de vue sanitaire. Ce dernier par exemple serait nocif pour le système nerveux.

    Un renforcement du contrôle des produits cosmétiques ?

    Quant au plomb, l'inquiétude semble mineure. En effet, s'il a été détecté dans 24 des 32 cosmétiques, les taux sont insuffisants pour affecter la santé des personnes qui se maquillent. Sauf peut-être pour les enfants, qui s'amusent parfois à se badigeonner les lèvres de ces produits. Pour eux, toute ingestion est à bannir.

    Faut-il pour autant tout jeter à la poubelle ? Non. Ce travail, mené à petite échelle, souligne l'importance d'un contrôle renforcé des produits cosmétiques, surtout aux États-Unis, où il n'existe aucune réglementation sur les doses maximales de métaux lourds dans les rouges à lèvres et les gloss. L'Union européenne, en revanche, est mieux pourvue, puisqu'elle considère que le plombplomb, le chrome et le cadmium n'ont rien à faire dans les produits de beauté.

    Une nouvelle fois, cette étude révèle les failles pouvant exister dans les instances sanitaires. Bien qu'il soit nécessaire de pousser les investigations plus loin pour obtenir des conclusions plus fermes et générales, elle soutient l'idée que les autorités de santé publique n'ont peut-être pas efficacement joué leur rôle en ne regardant pas d'assez près les potentiels dangers de certains cosmétiques...