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- Tout savoir sur l'obésité grâce à notre dossier complet
Face à l'obésité grandissante dans le monde et en France, un surplus d'activité physique est conseillé pour compenser la prise alimentaire excédentaire. Car la pratique sportive procure de nombreux avantages pour la santé : utilisation de la graisse, fabrication de muscle, meilleure régulation de l'appétit, amélioration de la circulation sanguine...
Mais certains rêveraient de tous ces effets bénéfiques sans ne bouger rien d'autre que le pouce pour changer de chaîne sur la télé. Un fantasme qui pourrait être accessible d'ici quelques années grâce à la découverte d'une nouvelle hormone par des chercheurs américains de l'université de Harvard, dont les résultats ont été publiés le 11 janvier dans Nature.
Leur expérience visait à cerner les mécanismes d'activation de la protéine PGC1-alpha, un corégulateur de la transcription ciblant des gènes du métabolisme énergétique et à saisir la communication qui s'établit entre le muscle et le reste du corps.
Irisine, du mythe à la réalité
Ils ont alors stimulé la synthèse de PGC1-alpha et constaté l'expression d'une protéine de membrane, FNDC5, qui est ensuite clivée et qui libère une hormone jusque-là inconnue. Baptisée irisine, en hommage à la figure mythologique IrisIris, messagère des dieux de l'Olympe, cette moléculemolécule est l'intermédiaire entre le tissu adipeuxtissu adipeux et le muscle.
Testée in vitroin vitro, cette molécule agit directement sur les adipocytesadipocytes (cellules du tissu adipeux) blancs, peu consommatrices en énergieénergie, en les transformant plus ou moins en adipocytes bruns, des cellules qui brûlent des caloriescalories pour maintenir la température du corps à son niveau normal.
Il existe des différences de poids chez les souris comme chez les Hommes. La Croix-Rouge, lors de son rapport 2011, a noté que la Terre portait plus d'obèses (estimés à 1,5 milliard) que de personnes mal nourries (encore 925 millions). Deux chiffres à faire baisser au plus vite. © Bigplankton, Wikipédia, DP
Pour en savoir encore plus, ils ont nourri des souris avec une alimentation très riche. Une partie d'entre elles recevait une administration intramusculaire d'un précurseur de l'irisine, quand un placeboplacebo était injecté chez les autres. Malgré le même mode de vie, les rongeursrongeurs traités à l'irisine étaient moins lourds et avaient une glycémieglycémie mieux régulée. Leurs cellules adipeuses ont en fait brûlé davantage de calories et consommé plus d'oxygène.
Un médicament contre l’obésité, pas contre la paresse
Cette hormone est naturellement produite par l'organisme. Cependant, elle ne s'accumule dans le sang qu'après 3 semaines de courses dans une roue chez des souris, et après 10 semaines d'exercices d'endurance chez l'Homme.
Un supplément sous forme médicamenteuse a donc été évoqué par les chercheurs, d'autant que la structure de l'irisine est identique chez les rongeurs et chez l'espèceespèce humaine. Une information qui rend le généticiengénéticien spécialiste de l'obésitéobésité, Sven Enerbäck (université de Göteborg), non impliqué dans l'étude, très optimiste : « Si tout fonctionne au mieux, alors je pense qu'un médicament sera disponible dans six ans ».
Les auteurs, eux, sont plus prudents, à l'image de Pontus Boström. « À l'avenir, nous espérons effectivement être en mesure de donner de l'irisine pour traiter des maladies métaboliques, mais il y a encore un long chemin à parcourir. »
Si un jour nous disposions réellement d'une telle pilule, il ne faudrait pas la laisser en libre accès. Elle devra être réservée à des personnes malades, souffrant d'obésité, de diabètes et d'autres maladies du métabolisme, mais ne pas servir de prétexte à toutes les personnes ne trouvant pas le courage ou la motivation de faire un peu de sport.