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Des mines d'acides gras trans... © Adam
La ville de New York les a interdits de séjour dans les restaurants. Le Danemark les a quasiment exclus des denrées alimentaires. L'Europe étudie le problème. L'Afssa (Agence française de sécurité sanitaire des alimentsAgence française de sécurité sanitaire des aliments) recommande de les éviter. Les acides gras trans, ou AGT, sont mis en examen un peu partout. Ils semblent bien augmenter le risque de maladies cardiovasculaires et, d'après une toute récente étude de l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) et de l'Institut Gustave Roussy, qui vient d'être publiée dans la revue American Journal of Epidemiology, ils seraient aussi impliqués dans le développement du cancer du sein dans les pays industrialisés.
Les AGT sont des acides gras insaturés, ceux que l'on dit plus bénéfiques à notre santé que les acides gras saturés. Présents dans les graisses animales, ces derniers favorisent la production du mauvais cholestérol, le LDL (Low Density Lipoproteins). Les acides gras insaturés, que l'on trouve dans les poissonspoissons, les végétaux et diverses huiles végétales (olive et colza notamment), favorisent, eux, le bon cholestérol (HDL, High Density Lipoproteins).
Des graisses commodes
Mais tout n'est pas si simple. Les acides gras insaturés naturels ont en général une certaine forme, appelée cis, alors que ceux fabriqués par les industriels de l'agroalimentaire en ont en général une autre, appelée trans. Cette différence apparemment minime se révèle déterminante pour les effets sur notre organisme. Depuis les années 1990, on suspecte les acides gras trans de favoriser la formation du mauvais cholestérol voire d'inhiber celle du bon.
Ces AGT sont pourtant très présents dans notre alimentation. Fabriqués naturellement dans l'estomacestomac des ruminants (par les bactériesbactéries qui démarrent la digestiondigestion de l'herbe au profit de l'animal), ils se retrouvent dans le lait et dans tous les produits laitiers, mais en quantités relativement faibles. La principale source dans les pays développés vient de l'industrie agroalimentaire. Le procédé dit de l'hydrogénationhydrogénation partielle permet de fabriquer des graisses à partir d'huiles végétales liquidesliquides. Cette technique commode est employée pour confectionner une quantité de produits, comme les margarines et les pâtes à tartiner. Elle offre le moelleux et une excellente conservation aux pâtisseries, viennoiseries, barre chocolatées, chips, biscottes, plats préparés... Les quantités d'AGT y sont parfois très élevées.
La différence entre un acide gras cis et un acide gras trans ne tient qu'à la forme de la molécule, articulée dans un sens ou dans l'autre au niveau d'une double liaison entre deux atomes carbone (une liaison caractéristique d'un acide gras insaturé). © Lawrence Chasin/Deborah Mowshowitz/Department of Biological Sciences/ Columbia University
L'étiquetage les mentionne rarement, sous la mention de « graisses hydrogénées » mais cette précision n'est pas obligatoire. Les industriels ont eux-mêmes déjà commencé à chercher des alternatives mais le mouvementmouvement semble plutôt lent.
Evitons les trans
L'étude qui vient d'être publiée l'accélérera peut-être. Elle ciblait l'incidenceincidence des différents types d'acides gras sur le développement d'un cancer du sein. Les chercheurs ont utilisé les analyses sanguines effectuées entre 1995 et 1998 chez 25.000 femmes faisant partie de l'étude E3N. Ce vaste programme de recherche assure le suivi depuis 1990 d'une population de 100.000 femmes (une cohortecohorte dans le jargon des statisticiens), adhérentes à la Mutuelle Générale de l'Education Nationale. Elle fait elle-même partie d'une étude européenne plus vaste (Epic).
L'équipe de l'Inserm et de l'Institut Gustave Roussy s'est intéressée à 363 femmes qui ont développé un cancer du sein après les prélèvements sanguins. Les chercheurs ont comparé les taux des différents acides gras à ceux de 702 témoins. Résultat : le taux d'acides gras trans semble lié au risque de développer une tumeurtumeur dans la glandeglande mammaire, jusqu'à multiplier par près de deux la probabilité d'apparition de la maladie. « A ce stade, nous ne pouvons que recommander une diminution de la consommation de produits manufacturés, source d'acides gras trans d'origine industrielle. Il conviendrait en particulier de limiter les procédés industriels générant des acides gras trans (huiles végétales partiellement hydrogénées) » indiquent collectivement les chercheurs dans le communiqué de l'Inserm.
Quoiqu'il en soit, ces résultats viennent encore renforcer la suspicion du rôle de l'environnement et de l'alimentation dans la fréquence des cancers du sein dans les pays développés...