Un vaccin contre le Sida. Tout le monde en rêve. Et aujourd’hui, des essais publiés par des chercheurs de l’université de Harvard réveillent l’espoir. Leur vaccin expérimental s’est montré capable de protéger des singes et a suscité une réaction immunitaire chez l’homme.

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    Selon l'Organisation mondiale de la santé, quelque 37 millions de personnes vivent aujourd'hui dans le monde avec le VIH ou le Sida. Pas moins de 1,8 million de nouveaux cas sont déclarés chaque année. Depuis le début des années 1980, la maladie aurait tué pas loin de 35 millions d'individus. Et malgré l'efficacité croissante des traitements, il n'existe toujours pas de vaccin contre ce fléau.

    Pire, en quelque 35 ans d'épidémie, seul un vaccin expérimental a su faire preuve d'une certaine efficacité. Lors de l'essai RV144 réalisé en Thaïlande à partir de 2003, la réponse immunitaire avait été préparée par l'administration d'un vecteur recombinant CanaryPox puis dopée par l'injection de la protéine d'enveloppe gp120. En réponse, un recul de 31 % du taux d’infection avait été observé. Un résultat intéressant toutefois jugé insuffisant.

    Mais aujourd'hui, des chercheurs de Harvard (États-Unis) rapportent de nouveaux développements encourageants. Le vaccin expérimental qu'ils ont mis au point a provoqué une réaction immunitaire chez l'homme et protégé le singe de l'infection. « Ces résultats sont capitaux. Ils doivent toutefois être considérés avec toute la prudence nécessaire. Une réponse immunitaire n'induit pas nécessairement que ce vaccin est capable de nous protéger contre une infection par le VIH », met en garde le professeur Dan Barouch.

    En attendant la mise sur le marché d’un vaccin contre le VIH, mieux vaut prendre les précautions qui s’imposent… © sasint, Pixabay, CC0 Creative Commons

    En attendant la mise sur le marché d’un vaccin contre le VIH, mieux vaut prendre les précautions qui s’imposent… © sasint, Pixabay, CC0 Creative Commons

    Des essais d’envergure déjà lancés

    Ce qui provoque d'autant plus l'enthousiasme, c'est que ce vaccin se présente comme un vaccin mosaïque. Un vaccin combinant différents types de VIH et susceptible donc de déclencher des réponses contre une grande variété de souches. Les résultats montrent d'ailleurs 67 % d'efficacité chez le singe. Là encore, la réaction a été amorcée par une injection intramusculaire de Ad26.Mos.HIV. Puis la réponse a été stimulée, un peu plus tard, par l'administration de deux vaccins supplémentaires parmi lesquels, une combinaison d'Ad26.Mos.HIV plus gp140.

    Une réponse immunitaire « robuste »

    Chez l'homme, l'étude rapporte les résultats d'un test mené sur 393 adultes en bonne santé, séronégatifsséronégatifs, âgés de 18 à 50 ans en Afrique de l'Est, en Afrique du Sud, en Thaïlande et aux États-Unis. Entre février et octobre 2015, ils ont reçu quatre injections de l'une des combinaisons vaccinales ou d'un placeboplacebo. Et selon le professeur Barouch, la réponse immunitaire provoquée a été « robuste ». Autre point positif : l'innocuité du vaccin a pu être démontrée.

    Reste toutefois à conduire un test « grandeur nature » afin de déterminer la réelle efficacité de ce vaccin. Ce test est d'ores et déjà sur les rails et portera sur quelque 2.600 femmes jugées à risque en Afrique australe. Les résultats toutefois ne sont pas attendus avant 2021 ou 2022.


    VIH : un vaccin expérimental contre le Sida montre des signes encourageants

    Le 1er décembre 2017 était la journée mondiale de lutte contre le Sida. C'est l'occasion de faire le point sur les dernières avancées médicales sur la recherche d'un vaccin. En juillet 2017, comme nous le rapportions, des résultats encourageants ont été publiés par le laboratoire Janssen. Dans une étude à un stade encore préliminaire, 100 % des participants ont développé une réponse immunitaire avec un prototype de vaccin. Une note d'optimisme alors que la mise au point d'un vaccin efficace contre le VIH peine à aboutir depuis des années.

    Article de l'AFP paru le 26 juillet 2017

    Testé chez 393 volontaires dans cinq pays (Afrique du Sud, Ouganda, États-Unis, Rwanda et Thaïlande), un prototype de vaccin contre le VIH, développé par le laboratoire Janssen (groupe Johnson and Johnson), a entraîné une réponse immunitaire (la production d'anticorps) chez 100 % des participants, selon l'étude présentée le 24 juillet 2017 lors de la conférence internationale de recherche sur le sida, à Paris.

    « Ces données prometteuses, combinées aux avancées d'autres chercheurs dans ce domaine, autorisent à être de nouveau optimiste quant à la possibilité de développer un vaccin contre le VIH », a estimé le Pr Dan Barouch, membre de l'équipe de recherche, au cours d'une conférence de presse.

    Selon les experts, un vaccin resterait le meilleur moyen de mettre fin à une épidémieépidémie qui a contaminé 76 millions de personnes et provoqué 35 millions de décès depuis son apparition, au début des années 1980. Malgré les moyens de préventionprévention disponibles, 1,8 million de nouvelles infections ont encore eu lieu en 2016, selon l'Onusida. Et « à ce jour, seuls quatre projets de vaccin ont atteint le stade du test de leur efficacité clinique », a rappelé Dan Barouch, les autres ayant été abandonnés en phase préliminaire en raison de leur manque d'efficacité.

    Selon les experts, un vaccin resterait le meilleur moyen de mettre fin à une épidémie qui a contaminé 76 millions de personnes et provoqué 35 millions de décès depuis son apparition, au début des années 1980. © Remains, istock.com

    Selon les experts, un vaccin resterait le meilleur moyen de mettre fin à une épidémie qui a contaminé 76 millions de personnes et provoqué 35 millions de décès depuis son apparition, au début des années 1980. © Remains, istock.com

    La phase suivante des tests du vaccin contre le VIH débuterait fin 2017

    Ce nouveau vaccin expérimental, « à double détente », consiste tout d'abord à mettre en éveil le système immunitairesystème immunitaire avec un banal virusvirus de rhume, avant de le doper avec une protéine se trouvant sur l'enveloppe du VIH, déclenchant une réaction plus vigoureuse de l'organisme.

    Dans une phase précédente sur des singes, dont les résultats ont été publiés il y a deux ans, cette stratégie avait permis d'empêcher l'infection chez les deux tiers des primatesprimates, a rappelé Dan Barouch, virologue et professeur à la faculté de médecine de l'université de Harvard. « Bien sûr, on ne sait pas encore si ce vaccin protègera les humains. Mais ces données justifient de mener une étude d'efficacité à plus grande échelle », a-t-il estimé.

    Après une nouvelle évaluation, la phase suivante des tests, sur des participants présentant un risque élevé de contaminationcontamination par le VIH, pourrait débuter « fin 2017 ou début 2018 », dans des pays du sud de l'Afrique, a indiqué dans un communiqué le laboratoire Janssen.

    Mettre au point un vaccin sera « très difficile », mais un succès « bouleverserait le paysage », a expliqué à l'AFP Anthony Fauci, directeur de l'Institut national des allergiesallergies et des maladies infectieuses (NIAIDNIAID), un organisme public de recherche américain. « Même si on obtient une efficacité de 50 à 60 %, [...] cela aurait un impact majeur sur la pandémiepandémie », a-t-il ajouté.

    Un autre vaccin expérimental, baptisé HVTN 702, fait actuellement l'objet d'un essai cliniqueessai clinique à grande échelle en Afrique du Sud.

    Voir aussi

    Sida : des chercheurs français ont-ils trouvé l’arme fatale contre le VIH ?


    Un vaccin norvégien contre le Sida montre son efficacité

    Article de l'AFP publié le 24 décembre 2015

    La société de biotechnologiebiotechnologie norvégienne Bionor, qui développe un vaccin contre le VIH, a annoncé de premiers résultats encourageants d'un traitement qui déloge le virus des « réservoirs » dans lesquels il se cache sous forme dormante.

    « C'est une réussite majeure pour trouver une guérisonguérison fonctionnelle au VIH », a expliqué à l'AFP le porteporte-parole de Bionor, Jørgen Fischer Ravn. Actuellement, les traitements antirétroviraux permettent de garder le contrôle du virus chez les patients séropositifsséropositifs, mais sans les en débarrasser définitivement. Le virus responsable du Sida reste en effet tapi dans le corps de personnes traitées, sous forme dormante, mais réapparaît dès l'arrêt des traitements. Ce réservoir, difficile à atteindre, est l'un des plus grands obstacles à l'élaboration d'un traitement permettant d'assurer une guérison certaine.

    L'expérience menée par Bionor à l'université d'Aarhus, au Danemark, sur 20 patients séropositifs a permis de déloger le virus dormantdormant du réservoir grâce à la romidepsine, un anticancéreux, puis de l'éliminer partiellement. Chaque patient avait été préalablement vacciné avec Vacc-4x, que Bionor développe. « Après l'activation du virus, qui normalement devrait déboucher sur la détection du virus dans le sang, Vacc-4x a garanti l'élimination des cellules produisant le virus, maintenant un niveau indétectable ou très bas de virus dans le sang de 15 des 17 patients qui ont participé au programme jusqu'à la fin de l'expérience », a indiqué Jørgen Fischer Ravn.

    « Réveiller » le virus dormant, le déloger et l'éliminer (« kick and kill ») est une stratégie prometteuse pour débarrasser les patients du VIH, mais les tests menés par Bionor n'ont pas été validés ni publiés par une revue scientifique. Avec plus de 34 millions de morts à ce jour, le VIH continue d'être un problème majeur de santé publique, selon l'OMSOMS. Fin 2014, on comptait dans le monde environ 36,9 millions de personnes vivant avec le virus.