Les nourrissons qui mangent des aliments salés sont ceux qui ajoutent le plus de sel durant le reste de leur vie. C’est la conclusion d’une étude américaine qui montre l’impact d’un régime alimentaire riche en chlorure de sodium dès la plus tendre enfance.

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    Nous mangeons bien trop salé. Des spots publicitaires nous le rappellent à longueur de journée. Selon certaines études, nous consommerions jusqu'à 10 g de sel par jour en moyenne en France, soit près de deux fois plus que la dose quotidienne conseillée. Or on sait le condiment impliqué dans l'hypertension, à l'origine de certains troubles cardiovasculaires. On connaît aussi son effet toxique sur l'efficacité rénale.

    Ainsi, l'objectif est donc de réduire son apport journalier en chlorure de sodium. Mais ce n'est pas toujours évident car il faut trouver un bon dosagedosage entre le goût parfois fade d'un aliment et la quantité à ne pas dépasser pour s’éviter des problèmes cardiaques. S'il est peut-être trop tard pour vous écœurer du sel, on peut encore agir sur les nouveau-nés...

    C'est du moins ce que vient de montrer une étude dans la revue American Journal of Clinical Nutrition. Des chercheurs du Monell Chemical Senses Center de Philadelphie (États-Unis) apportent des éléments appuyant l'idée que la richesse en sel du régime alimentaire durant les premiers mois de la vie conditionne les préférences pour les années qui suivent.

    A deux mois, le sel ne dégoûte pas les bébés

    Les scientifiques disposaient de 61 bébés pour effectuer leurs tests. À l'âge de 2 mois, les nourrissons avaient droit à un verre d'eau salée. « Ils n'avaient aucune expression faciale, commente Leslie Stein, l'une des auteurs de l'étude. Cela signifie que soit ils ne détectaient pas le sel, soit ils n'étaient pas dégoûtés. »

    Les enfants tolèrent une nourriture nouvelle après l'avoir goûtée une dizaine de fois. Il leur faut donc une exposition récurrente au sel pour commencer à l'apprécier. © FuRFuR, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Les enfants tolèrent une nourriture nouvelle après l'avoir goûtée une dizaine de fois. Il leur faut donc une exposition récurrente au sel pour commencer à l'apprécier. © FuRFuR, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Lorsqu'ils ont eu 6 mois, les bambins sont revenus avec leurs parents pour une seconde expérience. Face à eux, un verre d'eau, ainsi que deux solutions plus ou moins salée (0,17 et 0,34 mol NaCl/L). En évaluant la quantité bue de chaque liquideliquide, les chercheurs ont alors estimé les préférences. En parallèle, les parents étaient interrogés sur leur régime alimentaire, notamment sur leur consommation de féculents, des aliments souvent riches en sel.

    Les scientifiques ont constaté que 26 de leurs petits sujets avaient été exposés à des produits salés, comme des crackers, du pain de mie ou des céréalescéréales. Lors du test des trois verresverres, ces bébés ont ingurgité 55 % de sel en plus que leurs camarades qui n'avaient pas encore pu goûter ce type de nourriture.

    Une simple corrélation, pas un lien de cause à effet

    Lorsqu'ils ont eu entre 3 et 4 ans, les mères de 26 de ces cobayes ont alors été questionnées sur la consommation de leur enfant, sur son régime alimentaire, s'il rajoutait du sel dans ses aliments, etc. Le constat est sans surprise et suit la tendance préalablement observée : ceux qui ont été exposés le plus tôt à des produits riches en sodiumsodium manifestent la plus grande préférence pour le condiment.

    Néanmoins, aucun mécanisme à l'origine de ce goût plus prononcé pour le salé n'est explicité. Les auteurs reconnaissent n'avoir mis en évidence qu'une corrélation entre les évènements. Mais le lien de cause à effet n'est quant à lui pas démontré. Certains pensent toutefois que la très grande plasticité du cerveau à cet âge précoce pourrait être l'une des pistes. Mais on ne peut pas s'exprimer autrement qu'au conditionnel.

    Ces données nous amènent donc à donner l’exemple le plus tôt possible à nos enfants pour leur éviter des conduites alimentaires à risque. Mais cela ne doit même pas commencer à la naissance du bébé ! Il semblerait en effet que le fœtus s'habitue déjà aux nutriments qu’il reçoit de sa mère...