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La peau peut être atteinte par de nombreuses maladies, dont l'ichtyose. © Wikimedia Commons
Maladie cutanée principalement génétique et pouvant être très sérieuse, l'ichtyose se caractérise par une sécheressesécheresse de la peau dont les effets de la desquamation peuvent rappeler les écailles d'un poissonpoisson (ichtyos en grec signifie poisson). Dans de très rares cas, l'atteinte peut être très impressionnante et mener au décès prématuré des malades. A l'inverse, chez certains patients, il arrive que la peau reprenne une apparence normale en quelques endroits, créant des petits îlots de peau claire au milieu d'une massemasse de peau rouge et enflammée. Cette particularité est appelée ichtyose en confettis. Les zones de peau claires sont en fait des zones où la peau est saine, comme si elle avait guéri spontanément.
Des analyses ont été effectuées par des dermatologues du Yale University School of Medicine à New Haven pour comprendre le mécanisme de cette guérison spontanée. S'agit-il d'une réversion des mutations génétiques à l'origine de la maladie ? L'hypothèse semblait peu probable puisque les événements de réversion spontanée sont très rares et ne pouvaient pas expliquer le grand nombre de points de guérison.
Les chercheurs ont alors suggéré une autre explication, qui leur semblait plus crédible. Les événements de recombinaison mitotique, des échanges chromosomiques au cours de la division cellulaire, permettent également d'éliminer des mutations et se produisent plus fréquemment. En effet, si les deux chromosomeschromosomes parentaux sont différents, l'un muté et l'autre non, l'échange chromosomique au cours de la mitosemitose va donner naissance à deux cellules filles différentes, l'une contenant deux copies mutées, alors que la deuxième sera dotée de deux copies saines du gènegène.
L'ichtyose en confettis se caractérise par l'apparition d'îlots de peau saine au milieu des régions atteintes. Ce phénomène serait dû à des recombinaisons mitotiques qui élimineraient la mutation à l'origine de la maladie. © Science
KRT10, la protéine de la maladie et de la guérison
Confiants, les dermatologues ont effectué une recherche d'événements de ce genre chez les patients en comparant des cellules de peau saines et malades. D'après les travaux publiés dans le journal Science, une recombinaisonrecombinaison de 3 millions de paires de bases au niveau du chromosome 17 a pu être mise en évidence, qui plus est dans une région impliquant des gènes de la kératine, des protéinesprotéines entrant dans la composition de la peau. Le séquençageséquençage de l'ADNADN a permis de montrer une mutation dans le gène de la kératinekératine 10 (KRT10) dans les cellules malades, une mutation absente des cellules prélevées au niveau de la peau saine. Cette même mutation a été observée chez 6 autres patients atteints d'ichtyose en confettis.
Les cellules ayant retrouvé des gènes sains pourraient alors entrer en compétition avec les cellules mutées. Selon les scientifiques, elles possèderaient certainement un avantage qui leur laisserait la possibilité de s'étendre (d'ailleurs les zones saines s'agrandissent). Mais comment expliquer le nombre impressionnant (des centaines) de zones guéries sur chaque patient ?
Habituellement, la protéine KRT10 forme des filaments dans le cytoplasme des cellules de la peau, mais chez le patient, la protéine mutée se localise dans le noyau ou le nucléolenucléole. Cette particularité pourrait à la fois être à l'origine de la maladie et participer à sa guérison. En effet, la protéine KRT10 mutée ne peut pas jouer son rôle dans le cytoplasmecytoplasme, causant probablement les symptômessymptômes observés chez les patients. Mais sa présence dans le noyau des cellules mutées pourrait également stimuler la recombinaison mitotique par un processus inconnu. De plus, il est connu qu'il existe des régions chromosomiques qui sont la cible fréquente de recombinaisons (ce sont des hot-spots). Le gène KRT10 pourrait être proche de l'une de ces régions.
Ce genre de recombinaison mitotique est plus connue pour être à l'origine de cancerscancers, puisque des oncogènesoncogènes récessifsrécessifs jusque-là dissimulés par la présence de leur homologue sain sont alors exprimés. Ces travaux démontrent que des maladies génétiquesmaladies génétiques peuvent guérir spontanément, au moins dans certains cas, ce qui n'avait jamais été démontré.