Chez l'adulte, il est possible de faire pousser de nouvelles dents parfaitement fonctionnelles à partir d'un ensemble de cellules souches. C'est ce que vient de démontrer une équipe japonaise... sur des souris. Mais l'espoir est bon de pouvoir un jour adapter cette prouesse chez l'être humain.

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    De haut en bas, les trois étapes de la pousse d'une dent chez une souris adulte. Un germe implanté dans la mâchoire supérieure donne naissance à une dent qui perce la gencive 36 jours plus tard et atteint une taille normale après 49 jours. © Takashi Tsuji/Tokyo University of Science

    De haut en bas, les trois étapes de la pousse d'une dent chez une souris adulte. Un germe implanté dans la mâchoire supérieure donne naissance à une dent qui perce la gencive 36 jours plus tard et atteint une taille normale après 49 jours. © Takashi Tsuji/Tokyo University of Science

    La recette pour faire pousser des dents semble simple dans son principe. Takashi Tsuji et son équipe de biologie des cellules souches de la faculté des sciences de Tokyo viennent de la détailler dans les Pnas, revue scientifique américaine. Le principe est de mettre en culture des cellules souches, une idée qui n'est pas nouvelle et qui suscite espoirs et expérimentations depuis plusieurs années. Mais l'équipe japonaise, elle, a réussi jusqu'au bout...

    Les biologistes ont tout d'abord prélevé sur un très jeune embryon de souris des tissus à l'origine des dents et ont isolé deux types de cellules, épithéliales (formant les épithéliums, c'est-à-dire la peau) et mésenchymateuses, à l'origine, notamment, des cartilages, des os et des tissus conjonctifs.

    Ces deux populations de cellules ont ensuite été fusionnées pour obtenir une sorte de germegerme, mis en en culture durant 5 à 7 jours. Les biologistes l'ont alors implanté dans la mâchoire supérieure d'une souris adulte en lieu et place d'une dent qui avait été préalablement retirée.

    Après 36 jours, les nouvelles dents avaient percé la gencive et, au bout de 49 jours, elles avaient atteint la taille normale et, bien alignées avec les dents de la mâchoire inférieure, permettaient une mastication parfaite.

    Indiscernables des dents originelles

    A l'observation, ces nouvelles dents sont apparues tout à fait normales, avec une innervation interne, des racines et une protection d'émail. Des ligaments se sont formés, reliant ces dents aux os et aux nerfsnerfs sensitifs sous-jacents, comme dans la dentition ayant poussé naturellement. Les nouvelles dents procurent donc une sensibilité à la pressionpression, ce qui est bien sûr impossible avec une prothèseprothèse ou un implantimplant. Bref, les dents ainsi générées ont, affirment les chercheurs, toutes les caractéristiques de leurs homologues apparues normalement.

    Selon les auteurs japonais, cette technique pourrait tout à fait être appliquée chez l'homme. Le germe serait alors réalisé à partir de cellules souches prélevées chez la personne, puisque l'on sait maintenant que de telles cellules, notamment mésenchymateuses, ne sont pas réservées aux embryons. Il en existe chez l'adulte dans la moelle osseusemoelle osseuse.

    La réussite scientifique est très intéressante mais, cependant, si tant est que l'opération soit effectivement possible chez l'homme, ce qui reste à prouver, la technique est encore loin des cabinets de dentistes...