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Des études récentes se sont intéressées à l'influence de l'allaitement sur le risque d'obésité chez l'enfant. Les résultats montraient des tendances bénéfiques, mais n'étaient pas toujours concluants. Les études ajustaient leurs résultats en prenant en compte différents facteurs tels que les catégories sociales, le poids des parents, l'âge de la diversification, etc. Mais jusqu'à présent, aucune étude n'effectuait l'ajustement sur les apports nutritionnels après l'allaitement. Or, il a été montré que la nutrition au cours des deux premières années de la vie avait aussi des conséquences à long terme sur la santé.
Dans une nouvelle recherche, publiée dans la revue The Journal of Pediatrics, une équipe de l'Inserm a étudié les relations entre l'allaitement et le risque de surpoids à l'âge adulte en tenant compte de l'alimentation d'enfants inclus dans la cohorte Elance qui regroupe des personnes en bonne santé nées entre 1984 et 1985. Les informations sur l'allaitement ont été recueillies et les apports nutritionnels ont été évalués aux âges de dix mois et deux ans, puis tous les deux ans jusqu'à 20 ans. À cet âge, plusieurs mesures ont été effectuées dont la taille, le poids et la composition corporelle.
L'obésité n'a cessé de se répandre ces dernières décennies pour devenir épidémique. Aujourd'hui, elle tue trois fois plus que la malnutrition. Cela devient donc un problème majeur de santé publique auquel il faut remédier. © Colros, Flickr, cc by sa 2.0
Les résultats montrent que l'effet bénéfique de l'allaitement apparaît nettement lorsqu'on prend en compte les apports nutritionnels jusqu'à deux ans et est significativement associé à une diminution de la graisse corporelle à 20 ans. Par ailleurs, dans le modèle statistique, les apports élevés en lipides à deux ans sont associés à une diminution de la massemasse grasse à 20 ans. « Notre étude est la première à montrer que si l'on prend en compte l'alimentation après la période d'allaitement, le rôle protecteur du lait maternel sur le risque de surpoids existe clairement », explique Marie-Françoise Rolland-Cachera, ancienne chercheuse à l'Inserm.
Alimentation riche en lipides avant deux ans pour limiter l’obésité
L'alimentation des jeunes enfants est souvent caractérisée par des apports élevés en protéines et faibles en lipides. En revanche, le lait maternellait maternel est riche en graisse et contient une faible proportion de protéines. D'après les recommandations officielles, les lipides ne doivent pas être restreints chez les jeunes enfants afin de répondre à leurs besoins élevés en énergieénergie pour la croissance et pour le développement rapide de leur système nerveux. En particulier, les laitages allégés qui comportent peu de lipides et une proportion élevée de protéines ne sont pas indiqués avant l'âge de deux ou trois ans. Une restriction des lipides peut programmer le métabolismemétabolisme de l'enfant pour faire face au déficit, ce qui le rendra plus susceptible de développer un surpoids lorsque les apports lipidiques augmenteront plus tard.
« L'effet bénéfique du lait maternel peut être masqué par une alimentation restreinte en lipides après l'allaitement, tandis qu'une alimentation conforme aux recommandations officielles, c'est-à-dire sans restriction de lipides avant l'âge de deux ou trois ans, laisse apparaître son effet bénéfique », souligne Sandrine Péneau, coauteur de ces travaux.
Les chercheurs démontrent donc à nouveau l'effet bénéfique de l'allaitement maternelallaitement maternel sur le risque d'obésité. Ils soulignent aussi l'importance d'une alimentation conforme aux recommandations officielles pour les jeunes enfants. Un mauvais équilibre des nutrimentsnutriments après l'allaitement peut compromettre le bénéfice apporté par le lait maternel, ce qui pourrait expliquer les controverses sur son rôle protecteur vis-à-vis du risque d’obésité.