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    La limousine est une race de vachevache destinée à la production de viande. Originaire de la région Limousin, elle s'est développée au cours des dernières décennies pour s'implanterimplanter dans toutes les autres régions françaises et à l'étranger.

    La vache limousine est une race bovine française particulièrement remarquable. Ici, un taureau de race limousine. © Budotradan, CC by-sa 3.0
    La vache limousine est une race bovine française particulièrement remarquable. Ici, un taureau de race limousine. © Budotradan, CC by-sa 3.0

    La limousine, une race bovine française

    La vache limousine est l'une des plus anciennes races françaises à avoir été sélectionnées pour la production de viande (source : racedefrance.fr). Des grottes de Lascaux à l'aube du troisième millénaire, l'histoire de la race limousine est passionnante : un milieu naturel difficile au cœur du Limousin, des hommes talentueux, des siècles de travail et, in fine, une formidable viande bovine.

    Découvrez dans ce dossier les caractéristiques de la vache limousine, son histoire et ses élevages ainsi que de magnifiques photos de cet animal incroyable.

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    Origine de la vache limousine : un ancêtre, l'auroch

    Il y a 15 000 ans environ, existaient sur la terre des aurochs (Bos Primigenius). À l'époque, la vache limousine n'était pas encore différenciée.

    Les fresques de la grotte de Lascaux l'attestent : les bovins étaient déjà présents depuis longtemps à l'ouest du Massif central. © Prof Saxx, CC by-sa 3.0
    Les fresques de la grotte de Lascaux l'attestent : les bovins étaient déjà présents depuis longtemps à l'ouest du Massif central. © Prof Saxx, CC by-sa 3.0

    Autour de 10 000 ans avant J.-C., nos ancêtres ont immortalisé sur les parois des grottes de Lascaux, en Dordogne, différents animaux. Les vaches et les taureaux qui y sont dessinés sont longs et sont représentés avec une arrière-main proéminente.

    Les bovins étaient alors présents dans tout le sud-ouest de l'Europe mais la vache limousine n'était pas encore différenciée, pas plus que la province du Limousin n'était différenciée. Elle existait, c'est tout... et ce sont des millénaires d'adaptation à l'environnement humain et végétal qui ont façonné la race que nous connaissons aujourd'hui.

    La vache limousine et la région Limousin

    Les conditions de milieu sont exigeantes en Limousin : sols granitiques très anciens, ingrats, acides, déminéralisés, recouvrant des collines qui se succèdent jusqu'à 1 000 mètres d'altitude.

    Une région de prairies naturelles, de landes et de forêts où abondent fougères et genêts. Les amplitudes thermiques sont importantes (-15 à +30 °C), les gelées sont fréquentes et l'enneigement n'y est pas rare.

    La race y a forgé une grande résistancerésistance naturelle et un squelette harmonieux. Conséquence de la pauvreté minérale des sols, elle s'est trouvée naturellement dotée d'une ossature exceptionnellement fine mais solide, une de ses caractéristiques les plus spécifiques.


    La vache limousine, une histoire d’élevage : le Herd-Book Limousin

    Jusque dans la première moitié du XXe siècle, les bovins limousins s'utilisent pour la traction. Les éleveurs, pour leurs besoins, sélectionnent des animaux de grand format, aptes à ce travail, musclés et solides, avec de bons aplombs. La notoriété gastronomique et technique de la vache limousine gagne peu à peu du terrain, jusqu'à la création en 1886 du Herd-Book Limousin, son livre généalogique.

    Veau du Limousin. © Shannon McGee, CC by-sa 2.0
    Veau du Limousin. © Shannon McGee, CC by-sa 2.0

    Les vaches limousines sont des animaux prêts à fournir à la réforme, pour peu qu'ils soient correctement finis, des carcasses à haut rendement en viande car peu gras et avec peu d'os : cette réputation vaut à la vache limousine d'être reconnue très tôt comme la race bovine spécialisée la plus efficace pour une production de viande bovine de qualité.

    La vache limousine : de Turgot au Herd-Book Limousin

    C'est ainsi que Turgot, contrôleur général des finances sous Louis XVI et qui avait été Intendant du Limousin (1761-1774), a recommandé et développé l'approvisionnement de la capitale en viande à partir du Limousin. Une véritable notoriété gastronomique était née !

    Sa seconde notoriété, technique celle-là, date du milieu du XIXe siècle quand, lors des concours de rendement d'animaux de boucherie, organisés à Poissy, près de Paris, la race limousine a été sacrée la meilleure des races européennes (1857-1858-1859).

    Le Herd-Book Limousin est le livre généalogique de la vache limousine. © Millevaches, CC by-sa 2.0
    Le Herd-Book Limousin est le livre généalogique de la vache limousine. © Millevaches, CC by-sa 2.0

    La vache limousine, star des concours

    Nouveau grand succès, plus inattendu, quand la paire de bœufs limousins de Louis Parry fut la seule à arracher, devant les sourires narquois puis incrédules, la lourde charge proposée aux concurrents et gagna le concours d'animaux de trait à Anvers (1885).

    Enfin, elle a brillamment marqué la date de création de son livre généalogique, le Herd-Book Limousin a en effet été créé en 1886, année où le taureau Conquérant fut désigné grand champion de toutes les races européennes et françaises en compétition, dans le cadre du concours général agricole de Paris.

    Le XIXe siècle a vu la limousine poindre le bout de son neznez hors de son berceau... Le début du XXIe siècle la voit ensuite s'imposer sur le territoire national (près de 900 000 vaches en France en 2000 contre à peine 350 000 en 1970, soit un effectif total plus que doublé en 30 ans c'est-à-dire en une génération et demie !) puis aux yeuxyeux du monde entier.


    Alimentation de la vache limousine : le topinambour

    « La vache limousine et le topinambourtopinambour », ce pourrait être le titre d'une fable, ce n'est que le résumé d'une alliance de circonstances, symbole d'une des conquêtes économiques de la race. Cette solanacéesolanacée s'est révélée un aliment parfaitement consommable et parfaitement consommé par les jeunes veaux de la race limousine. De plus, elle affectionne particulièrement les sols acides et légers comme ceux du Limousin.

    Le topinambour est un aliment qui a marqué l'histoire de la vache limousine. Ici, des fleurs de topinambour. © AnRo0002, DP
    Le topinambour est un aliment qui a marqué l'histoire de la vache limousine. Ici, des fleurs de topinambour. © AnRo0002, DP

    C'est en particulier grâce à la culture du topinambour, que les éleveurs limousins ont pu améliorer considérablement le niveau de l'alimentation de leur bétail.

    Histoire : la vache limousine et son alimentation

    Nous sommes alors au début du XXe siècle et la conjoncture est favorable avec le développement industriel. On n'a déjà plus le temps de préparer du pot-au-feu dans les cités ouvrières de la vallée du Rhône mais on a besoin de viandes tendres, qui cuisent rapidement.

    L'alimentation de la race limousine. © DP
    L'alimentation de la race limousine. © DP

    Le topinambour, une plante bénéfique à la vache limousine

    La culture du topinambour, son emploi pour l'engraissement des veaux limousins et la création de la voie ferrée Bordeaux-Lyon par Limoges assurent un succès fulgurant, et encore non démenti à ce jour, aux animaux limousins.


    Vache limousine et export bovin

    Les premières exportations de reproducteurs limousins sont anciennes. Elles débutent à la fin du XIXe siècle vers le Brésil et l'Argentine et s'effectuent alors par bateau mais ce n'est qu'à la fin du XXe siècle qu'elles se sont développées sur tout le globe.

    Vache limousine au pré. © Jai79, DP
    Vache limousine au pré. © Jai79, DP

    Peu de gens savent que le premier taureau limousin à avoir foulé le sol américain était... corrézien ! Il venait du domaine de Pompadour ; c'était en 1968, il s'appelait Castor et fut rebaptisé Prince Pompadour pour l'occasion.

    La vache limousine, une vache allaitante appréciée jusqu'en Chine

    La race limousine est la race allaitante (c'est-à-dire une vache destinée à l'élevage de veaux pour la production de viande) européenne la plus exportée : en 20 ans, à la fin du XXe siècle, plus de 15 000 animaux avec pedigree avaient quitté le sol français pour les destinations les plus diverses et sous tous les climatsclimats.

    À ce sujet, il est difficile de ne pas évoquer le nom de Louis de Neuville qui, pendant plus de trois décennies, aura été un opiniâtre globe-trotter et efficace ambassadeur pour le plus grand bien de la belle vache rousse.

    La vache limousine et l'export bovin. © Millevaches, CC by-nc 2.0
    La vache limousine et l'export bovin. © Millevaches, CC by-nc 2.0

    Ses performances techniques et économiques ont séduit les éleveurs du monde entier. En race pure comme en croisement, elle a démontré partout ses qualités : résistance, adaptation aux climats rudes et conditions extrêmes (du Nord canadien aux prairies de cactus du Texas et au bush australien), aptitude à la marche (pour rechercher sa nourriture). Elle poursuit régulièrement son expansion jusqu'en Chine.


    Caractéristiques de la vache limousine : poids, tailles et sélections…

    La plasticité d'abattage de la race limousine (on peut quasiment l'abattre à tout âge) et la souplesse de sa viande sont des caractéristiques naturelles. Encore faut-il qu'elles ne soient pas détériorées par des erreurs de sélection ! Les expériences sans suite de croisement avec les races mythiques anglaises (Durham) ne sont pas si lointaines... Découvrez également ici quelques caractéristiques de cet animal comme son poids et sa taille.

    Troupeau de vaches limousines. © Lari Huttunen, CC by-nc 2.0
    Troupeau de vaches limousines. © Lari Huttunen, CC by-nc 2.0

    Le programme français d'amélioration génétiquegénétique de la race bovine limousine vise à améliorer la productivité des animaux à la fois sur les qualités maternelles (facilité de vêlagevêlage) et sur les aptitudes bouchères.

    L'amélioration génétique de la race bovine limousine

    Des objectifs de sélection portant sur des caractères précis ont été définis, à partir d'une analyse des besoins de l'ensemble de la filière :

    • utilisation des techniques modernes permettant de démultiplier le progrès génétique (insémination, transfert d'embryonsembryons) ;
    • constructionconstruction d'une Station nationale de qualification des jeunes mâles à Lanaud, près de Limoges ;
    • réalisation unique au monde quelle que soit la race ;
    • contrôle des performances en ferme utilisant les méthodes d'indexation des taureaux et des vaches les plus sophistiquées.

    Tout est fait pour que la vache limousine, et la limousine française en premier lieu, conserve une longueur d'avance !

    Taille et poids de la vache limousine

    Voici quelques caractéristiques de la race limousine en chiffres (source : racedefrance.fr) :

    • Hauteur au garrot femelles : 135 à 145 cm ;
    • Hauteur au garrot mâles : 140 à 155 cm ;
    • Poids adulte femelles : 650 à 950 kgkg ;
    • Poids adulte mâles : 1.000 à 1.400 kg.

    La vache limousine : musculature et vêlage

    Cette race, qui représente une exception génétique au vrai sens du terme, mérite bien qu'on se donne tous les moyens pour valoriser ses dons, que des générations d'éleveurs ont empiriquement cultivés.

    C'est, en effet, la seule race au monde à combiner naturellement, et avec la réussite que l'on sait, musculature développée et vêlage facile, ce que l'on ne retrouve que sous forme d'exception, d'ailleurs recherchées et sélectionnées, dans les autres types génétiques.


    La vache limousine, une bête à concours

    La race limousine s'est petit à petit construit un destin national et international. Bien sûr, le marché et le consommateur français ne sont pas comparables à leurs homologues américains ou même européens. Chacun a et conservera ses spécificités.

    Auroch de Heck du domaine des grottes de Han, en Belgique. © GrottesdeHan, CC by-sa 3.0
    Auroch de Heck du domaine des grottes de Han, en Belgique. © GrottesdeHan, CC by-sa 3.0

    Le dénominateur commun entre les différents marchés reste la structure de la viande issue de la race limousine, la finesse de sa fibre. En 1830, une vache limousine moyenne pesait 350 kg, elle en pèse désormais pratiquement le double, mais la fibre musculairefibre musculaire, sa qualité intrinsèque, est la même.

    Les échanges commerciaux porteront à l'avenir sur des génétiques nouvelles mais le grand challenge de la race limousine, c'est de fournir les marchés de viande haut de gamme, quels qu'ils soient.

    Dégustations et concours agricoles

    Les comparaisons, en toute transparencetransparence, ne font pas peur à la vache limousine ! Elle a remporté des tests de dégustation en aveugle à Chicago, comme à Sydney sans oublier Paris, où elle a brillamment triomphé lors des deux éditions du Concours qualité, organisées en 1991 et 1992 par les professionnels (fédérations de la Boucherie de Paris et d'Île-de-France) dans le cadre du Concours général agricole, manifestation non renouvelée depuis... faute de combattants !

    Des labels rouges regroupés sous la marque Blason prestige

    Dès lors, il était logique que les éleveurs cherchent à protéger leur produit en organisant collectivement leur offre, puis en développant des marques de production via des filières identifiées et authentifiées. Dans ce contexte, l'obtention en 1989 d'un Label Rouge de race, communiquant sous l'enseigne générique Blason Prestige, donne un réel statut à la viande limousine.


    Photos de vaches limousines

    « Il n'y a pas de bon ouvrier sans bon outil », dit-on ! La vache limousine n'est pas un bon outil pour produire de la viande, c'est un outil exceptionnel ! Dès lors, l'ouvrier (c'est-à-dire, non seulement l'éleveur, mais aussi son environnement technique, économique et commercial) se doit d'être, non pas bon mais exceptionnel. Autrement dit, les Hommes ne doivent pas empêcher ce que la vache permet. Découvrez quelques photos de belles vaches limousines.

    Une belle photo de vaches limousines. © Worldpics, Shutterstock
    Une belle photo de vaches limousines. © Worldpics, Shutterstock

    Paradoxalement, en ces périodes de doute et d'incertitude quant à l'avenir, la vache au pelage roux dispose intrinsèquement de plus d'atouts à l'aube du IIIe millénaire, qu'elle n'en possédait trois décennies plus tôt, lorsque parler de qualité relevait du doux rêve !

    La race limousine, c'est en fait une décathlonienne :

    • des qualités maternelles spécifiques pour le producteur ;
    • une compacité de carcasse inégalée pour le transformateurtransformateur ;
    • un rendement à la découpe incontesté pour le distributeur ;
    • une finesse de viande pour le consommateur qui demeure, elle, pour une part à démontrer et surtout à vendre !

    La génétique limousine française

    En voyageant un tant soit peu, on peut constater par ailleurs que la génétique limousine française est appréciée et le travail de ses éleveurs également mais ils ne sont pas les seuls à faire des efforts pour améliorer leur outil commun, la race limousine.

    Vache limousine. © Père Igor, DP
    Vache limousine. © Père Igor, DP

    Celle-ci est aujourd'hui présente sur les cinq continents où elle est élevée dans des conditions très différentes et avec des objectifs dès lors forcément nuancés, mais jamais contradictoires et la bonne vache limousine est sans doute celle qui convient aux éleveurs du monde entier !

    Autre constat à retenir, toute l'histoire de la race limousine a été jalonnée par les initiatives d'éleveurs motivés et novateurs ! Dernière initiative en date, mais première dans le domaine de l'élevage de la race limousine, l'achat aux enchères d'un animal vivant en Amérique du Nord par un groupe d'éleveurs de notre région. Presque 35 ans plus tard, Highland Jade croise la route de Prince Pompadour !

    Un veau de la race limousine. © vainillaychile, Shutterstock
    Un veau de la race limousine. © vainillaychile, Shutterstock

    Il faut savoir que cette jeune vache limousine de 3 ans est sans cornes, non pas qu'elles lui ont été enlevées peu de temps après sa naissance, comme à beaucoup de ses congénères aujourd'hui sur notre continent mais elle est née comme cela ! Et, pour des raisons de simplification du travail et de sécurité pour l'éleveur d'une part, et prenant en compte les aspirations croissantes de la société en matièrematière de bien-être animal d'autre part, le marché est appelé à devenir demandeur de bovins sans cornes.

    Des croisements ont été faits avec les races mythiques anglaises (Durham). © Robert Scarth, CC by-sa 3.0
    Des croisements ont été faits avec les races mythiques anglaises (Durham). © Robert Scarth, CC by-sa 3.0

    Des vaches avec ou sans cornes

    C'est un travail de longue haleine qui doit alors être entrepris en ce domaine, l'objectif étant de produire des animaux génétiquement sans cornes certes mais sans détériorer les qualités bouchères et maternelles qui ont fait la réputation et le succès de la vache limousine. Cet exemple récent illustre que la limousine n'échappe pas, elle non plus, à la mondialisation !

    Mais il ne faut pas craindre d'échanger des idées bien sûr mais aussi du matériel, c'est certainement un des moyens les plus sûrs pour conserver objectivement son avance. C'est aussi une démarche élégante quand on a l'ambition affirmée de vouloir rester les premiers !

    Génisse limousine. © jacme31, Wikimedia Commons, CC by-sa 2.0
    Génisse limousine. © jacme31, Wikimedia Commons, CC by-sa 2.0

    De Lascaux à son berceau (le Limousin), cela ne représente que quelques centaines de kilomètres du point de vue géographique, mais que de chemin parcouru sur la route de l'évolution pour la vache limousine, cette véritable Formule 1 des races à viande ! Aucune autre race n'est aussi douée pour fournir, dès l'âge de 4 mois (veau sous la mère) et jusqu'à un âge avancé (12 ans et plus), des carcasses sans rivales pouvant prétendre à une démarcation de qualité.

    La race limousine n'a pas de véritable concurrente aujourd'hui. Elle ne peut avoir que des imitations !

    Un dossier préparé par Jean-Pierre Faucher et bevicor.free.fr

    Remerciements pour les photos