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Plus de la moitié de la population mondiale de Pongo pygmaeus aurait disparu au cours de ces soixante dernières années. Les mâles, sexuellement matures sept à dix ans après leur naissance, sont solitaires. Ils peuvent pousser des cris audibles à plus d'un kilomètre. © mfld57, Flickr, CC by-nc 2.0
Les orangs-outans (genre Pongo) parcourent sans cesse les forêts de Sumatra et de Bornéo à la recherche de fruits, d'écorces ou encore de feuilles comestibles. Grands nomades, ils dorment chaque nuit dans un nouveau nid construit au sein de la canopée. Ces abris nocturnes leur permettent de se protéger des prédateurs ou parasites et d'avoir chaud. Les deux espèces composant ce genre, Pongo abelii et Pongo pygmaeusPongo pygmaeus, sont malheureusement inscrites sur la liste rouge de l'IUCN car leurs populations ont fortement chuté ces dernières années. Plusieurs activités anthropiques sont bien évidement en cause : déforestationdéforestation, braconnage, tourisme, etc.
Comme tous les grands singes, les orangs-outans, dont le génome présente 96 % de similitude par rapport au nôtre, sont particulièrement intelligents. Capables d'utiliser des outils ou de raisonner sur des problèmes complexes, ils sont dotés d'une véritable culture qu'ils se transmettent de génération en génération. Comble de l'ironie, certains individus en captivité s'amusent même à nous imiter, notamment en fumant des cigarettes fournies par de généreux, pour ne pas dire autre chose, visiteurs.
Une nouvelle étude, publiée dans la revue Pnas par Adam van Casteren, démontre maintenant qu'ils n'ont rien à envier à nos ingénieurs ! La constructionconstruction de leurs nids, réalisée à l'aide de branches avoisinantes, est en effet régie par de nombreuses connaissances en mécanique et une exploitation précise des propriétés des matériaux utilisés. Ce n'est pas tout, ces singes brisent les branches de différentes manières en fonction de l'utilisation qu'ils veulent en faire.
Un orang-outan en pleine réflexion durant la confection de son nid en hauteur. Une branche petite, légère et flexible... parfait pour s'assurer un petit confort en la déposant sur les grosses branches composant la structure de base. © asterblog, Youtube
Les orangs-outans, ingénieurs en matériaux
Ces résultats font suite à plus d'une année complète d'observations menées par des chercheurs de l'université de Manchester en Indonésie. La structure des nids abandonnés a également fait l'objet d'analyses. Des tests de résistancerésistance mécanique en trois points ont été réalisés sur des branches extraites de ces structures.
Chaque nid se compose d'un cadre rigide fait de morceaux de bois solidessolides, durs et de gros diamètre, entrelacés les uns avec les autres. Les ramures sont brisées en plusieurs points, mais les branches restent unies entre elles. La fracture est dite de « boisbois-vert ». Cette structure soutient littéralement l'animal et doit donc supporter son poids. Le confort du nid est apporté par le dépôt de branches légères et flexibles, qui se composent d'un seul tenant. Les singes les rompent totalement lorsqu'ils doivent les raccourcir : ils effectuent d'abord une cassure en bois-vert, puis l'allongent tout en réalisant des mouvementsmouvements de torsiontorsion avec les mains.
Il ne faut pas plus d'éléments pour prouver que les orangs-outans possèdent une expérience en ingénierie et qu'ils peuvent employer les propriétés des matériaux de manière intelligente pour se construire des nids sécurisants et douillets. Selon les chercheurs, ces résultats éclairent un peu plus l'évolution de l'intelligenceintelligence et des capacités cognitives, ainsi que l'évolution de l'utilisation des outils, par les premiers Hommes. Les singes auraient développé ces capacités afin de mieux comprendre les concepts mécaniques régissant leur environnement.