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Le sourire de ce Brachylophus bulabula lui portera-t-il bonheur ? Crédit : US Geological Survey & prof. Robert Fisher
Dénommé Brachylophus bulabula (bula signifiant bonjour dans la langue locale), ce nouvel iguane rejoint deux autres espèces, seules survivantes depuis l'occupation des îles par les hommes il y a près de trois millénaires, et surtout leur colonisation au XIXe siècle. Ainsi, deux espèces ont servi de nourriture à l'homme jusqu'à leur extinction complète, tandis que deux autres ont survécu jusqu'à nos jours. Mais dans quelles conditions !
Seuls quelques individus de Brachylophus vitiensis survivent sur une petite île au nord-ouest du groupe des îles Fidji (Yaduataba), et l'espèce est officiellement considérée comme en danger critique d'extinction. Brachylophus fasciatus se retrouve dans les forêts tropicales humides des îles Fidji et Tonga, mais son abondance toute relative décroît rapidement au point qu'il est aussi considéré comme en danger d'extinction.
Brachylophus bulabula. Crédit : US Geological Survey & prof. Robert Fisher
Comment Brachylophus bulabula a-t-il pu survivre à l'occupation humaine, à l'envahissement des îles par les chats, les mangoustes (apportées pour lutter contre les serpents mais qui se délectent volontiers d'autres reptiles) et des chèvres, qui ravagent les réserves alimentaires de ces iguanes herbivores ? Nul ne le sait...
Une découverte qui suscite l'espoir
Robert Fisher, zoologistezoologiste auprès de l'U.S. Geological Survey à San Diego et co-auteur d'une étude à paraître dans Philosophical Transactions B of the Royal Society sur le nouvel iguane avec d'autres scientifiques de l'Australian National University et de la Macquarie University en Australie, est heureux de la découverte. Il affirme que l'étude de cette espèce apportera de précieux éléments pour la compréhension de la biodiversité mais aussi de l'évolution de ces espèces, qui intrigue toujours les chercheurs. En effet, chacune des 13 îles de l'archipelarchipel, sauf une, possède au moins une lignée exclusive, du fait de l'isolement, lequel, incidemment, contribue à entretenir le mystère de la présence de ces animaux. Comment, en effet, ont-ils pu atteindre il y a plusieurs millions d'années ces îles éloignées de près de 10.000 kilomètres de toute terreterre peuplée ?
Brachylophus vitiensis, considéré comme en danger critique d’extinction. Source : Zoo de Perth (commons)
« Les iguanes propres aux îles Fidji sont célèbres pour leur beauté et pour leur occurrence peu commune au milieu du Pacifique, sachant que leurs parents les plus proches vivent sur le continent américain », rapporte Scott Keogh, de l'Université de Canberra, co-auteur de l'étude.
Les îles Fidji se sont trouvées au-dessus du niveau de la mer durant au moins 16 millions d'années sans interruption, et les chercheurs pensent que les espèces d'iguanes, vivantes comme disparues, ont occupé le territoire une bonne partie de cette période. Leurs ancêtres auraient pu être transportés accidentellement sur des radeaux voici 13 millions d'années depuis ce qui est aujourd'hui le Nouveau Monde.
Brachylophus fasciatus, en danger d’extinction. Zoo de St-Luis (commons)
L'archipel se trouve sous la menace d'espèces introduitesespèces introduites, telles que des serpents arboricolesarboricoles, plusieurs espèces de rats et de batraciensbatraciens qui envahissent certaines niches écologiques étroites et ont tendance à réduire la biodiversité. L'élévation du niveau de la mer, dû au réchauffement climatiqueréchauffement climatique, réduit les habitats côtiers, altère les littoraux du Pacifique, et pourrait réduire la biodiversité. Une meilleure compréhension de ces processus dans un milieu vierge et facilement observable comme les îles Fidji pourrait nous aider à mieux cerner ces problèmes et élaborer des solutions, indique Fisher.