au sommaire
Un caméléon nain (Rhampholeon sp.), photographié près du mont Mabu. © Julian Bayliss/Kew
C'était en 2005. L'équipe de Jonathan Timberlake, du British Royal Botanic Gardens (Kew, Royaume-Uni), qui travaillait déjà sur la faune et la flore du Mozambique, cherchait une région très isolée susceptible d'abriter des espèces inconnues. Pour partir en exploration, les scientifiques n'ont utilisé ni véhicule tout terrain ni moyen aéroporté mais de simples ordinateursordinateurs...
Grâce à Google EarthGoogle Earth, Julian Bayliss a repéré une zone forestière de 80 kilomètres carrés, où émergeait un sommet de 1.700 mètres baptisé Mont Mabu. L'endroit n'est pas vierge au sens strict du terme mais il est actuellement isolé de toute activité humaine. La forêt a été protégée... par la guerre civile qui a meurtri le pays entre 1975 et 1992. Autour de cette zone, le territoire a été dévasté et abandonné par les populations, laissant la forêt intacte. L'endroit se trouve au sud-sud-est du lac Chilwa (situé au Malawi). Pour le trouver sur Google Earth, copier ses coordonnées : 16°17'56.00" S 36°23'44.00" E, à coller dans la rubrique Aller à.
Le mont Mabu, vu du camp de base de l'équipe. © Julian Bayliss/Kew
Moisson d'espèces nouvelles
Mais les images de Google Earth ne sont pas - encore ? - suffisamment précises pour étudier les animaux et les plantes par satellite. En octobre et novembre 2008, une équipe internationale (Malawi, Mozambique, Royaume-Uni, Suisse et Tanzanie), avec 28 chercheurs et 70 porteurs, s'est rendue sur place et s'est installée pour quatre semaines dans un camp avec vue sur le mont Mabu.
ZoologistesZoologistes et botanistesbotanistes ont été pleinement récompensés de leurs efforts. Les observations et les photographiesphotographies amassées montrent probablement de nombreuses espèces nouvelles, le dépouillement des résultats ne faisant que commencer.
Un bel hémiptère (cliquer sur l'image pour l'agrandir). © Julian Bayliss/Kew
Dans leur besace figurent de nombreux insectes, surtout des papillons, avec au moins trois espèces nouvelles. « Nous avons vu des centaines de mâles s'élever très haut vers la lumièrelumière solaire pour attirer les femelles en volant le plus haut possible. C'était phénoménal ! » rapporte Jonathan Timberlake.
Les scientifiques ont aussi découvert des vertébrés, notamment un grand serpent, un caméléon nain, une musaraigne-éléphant, un singe cercopithèque et plusieurs oiseaux. Les botanistes sont persuadés que plusieurs espèces végétales encore non décrites se trouvent parmi les échantillons récoltés.
L'équipe, qui travaille aujourd'hui à valider les découvertes de nouvelles espèces, estime que d'autres lieux préservés pourraient ainsi être repérés par les images saisies depuis des satellites.