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D’après les paléontologues qui ont trouvé son crâne, Ocepeia, le petit mammifère africain, n’était pas plus gros qu’un daman et pesait environ 3 kilos. © Charlène Letenneur
Le nombre et la diversité des mammifères ont explosé au début de l'ère tertiaire, ou Cénozoïque, juste après l'extinction des dinosaures. Avec les monotrèmes qui pondent des œufs mais allaitent leurs petits et les marsupiaux qui ont une poche ventrale, le groupe des mammifères placentaires, chez lequel le nouveau-né est le mieux développé à la naissance, est le plus important. Il a en effet colonisé tous les milieux sur tous les continents et contient actuellement pas moins de 5.000 espèces.
Cependant, peu de fossilesfossiles de mammifères placentaires sont disponibles pour la période allant de 65 à 55 millions d'années. Il existe pourtant un grand groupe de mammifères placentaires endémiquesendémiques africains unique en son genre appelé les afrothères. Ils seraient apparus à l'époque où l'Afrique était une île-continent, totalement isolée des autres terresterres émergées. La découverte d'un crânecrâne d'Ocepeia dans les gisementsgisements de phosphatesphosphates du Bassin minier des Ouled Abdoun, au Maroc, est donc un véritable événement ! Elle est publiée dans la revue Plos One.
Le crâne complet du plus vieux mammifère africain connu à ce jour, Ocepeia. Ses molaires évoquent l'éléphant mais il n'a que 2 prémolaires par côté de mâchoire. De plus, certains caractères sont ceux des insectivores. Un patchwork passionnant pour les zoologistes. La barre d'échelle représente 1 cm. © Charlène Letenneur
Il y a un peu de l'éléphant chez Ocepeia...
« On n'avait que quelques dents de cette espèce découverte en 2001, raconte Emmanuel Gheerbrant, chercheur CNRS au Muséum national d'histoire naturelleMuséum national d'histoire naturelle et codécouvreur de ce fossile exceptionnel. Grâce à ce crâne vieux de 60 millions d'années, on peut savoir à quoi ressemblait cet afrothère et établir ses liens de parentés avec le reste de la famille. » Entre autres caractéristiques, de grandes incisives supérieures et la forme particulière des crêtes des molairesmolaires (dites en « W ») rapprochent Ocepeia des ongulés africains actuels types éléphants ou damans. Cependant, des caractères primitifscaractères primitifs typiques des insectivoresinsectivores sont présents sur son crâne, indiquant qu'il appartient à une branche primitive d'afrothères.
Dernier détail qui a son importance : la dentition d'Ocepeia. Elle se caractérise par la présence de deux prémolaires de chaque côté de la mâchoire, alors que la formule la plus courante chez les mammifères est de quatre. « Cela signifie que cette espèce avait déjà évolué et que son histoire remonte bien au-delà de 60 millions d'années » précise le paléontologuepaléontologue. De quoi penser que des mammifères étaient présents en Afrique, probablement dès la fin du Crétacé.