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Certaines baleines s'échouent sur les plages, peut-être suite à la panique provoquée par les sonars. © fiat luxe, Flickr, by-nd 2.0
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Parmi les pollutions d'origine humaines, l'une est invisible et inodore : le bruit. Les productions sonores sont particulièrement perturbantes en mer puisque le son se propage mieux dans un milieu liquideliquide. Les Mammifères marins utilisent justement les propriétés intéressantes du bruit dans l'eau à des fins alimentaires. Ils sont pourvus d'un système d'écholocation (à l'image des chauves-souris) qui leur permet de détecter la présence d'une proie avec beaucoup plus d'efficacité que leurs autres sens (visuel, olfactif...) ne pourraient le faire.
Ce système est basé sur l'émissionémission par l'animal d'un son d'une fréquence particulière, renvoyé comme un écho par la cible vers le Cétacé qui pourra alors l'analyser. Suivant l'orientation de l'écho, mais aussi sa netteté ou son intensité, l'animal peut en conclure la nature de la proie ainsi que sa position dans l'espace.
Des baleines échouées à cause des sonars
Malheureusement, les sonars (sound navigation and ranging) des bateaux destinés à repérer la présence de navires ennemis ou de bancs de poissons utilisent le même principe. L'innocuité de ces sonarssonars pour les Mammifères marins est ainsi de plus en plus remise en doute, notamment depuis l'inhabituel échouage et la mort de Baleines à bec de Blainville (Mesoplodon densirostris) en 2000, qui aurait coïncidé avec d'importants exercices des sonars de l'US Navy.
Mais le lien est difficile à prouver, en particulier du fait que l'on ne sait pas grand-chose de leur comportement. Pouvant plonger plus d'une heure à plus d'un kilomètre de profondeur, les baleines à bec savent en effet se faire discrètes et mystérieuses. Afin de mettre en évidence l'éventuelle nuisancenuisance provoquée par les sonars sur ces animaux, des scientifiques du Woods Hole Oceanographic Institution aux États-Unis ont utilisé deux méthodes complémentaires permettant d'analyser leur comportement en réponse aux fréquences émises par l'activité humaine.
En temps normal (A), la baleine à bec reste longtemps à environ 1 kilomètre de profondeur. Si elle entend des sonars (B) ou le son d'un orque (C), la baleine à bec se met à l'abri à 500 mètres de profondeur avant de remonter à la surface. © Plos One
La Navy chasse les baleines
La première est une approche « opportuniste », consistant en l'enregistrement des réponses des baleines aux fréquences des sonars émises lors des exercices de la Navy. Alors que les « cliquetis » (les sons utilisés pour l'écholocation) des baleines sont détectés par des microphones sous-marins avant l'exercice, ils sont soudainement éteints dès le début de l'entraînement, indiquant que les baleines stoppent leur chasse et se réfugient dans une zone non polluée par le son.
Selon les résultats parus dans la revue Plos One, dès l'arrêt du sonar, les baleines reviennent progressivement chasser dans le périmètre. L'enregistrement du trajet effectué par un mâle portant une balise satellite montre plus précisément sa sortie de la zone au cours de l'exercice militaire, puis son retour, deux à trois jours plus tard.
Sonar ou orque ?
La seconde approche, expérimentale cette fois, a consisté à repasser des bandes d'enregistrements de sonars, ou des sons émis par des baleines tueuses (orquesorques), puis à suivre une dizaine de baleines à bec dotées d'un appareil enregistreur (du son, de la position, de la profondeur). Face à ces deux types sonores différents, les baleines réagissent de la même façon, en arrêtant de produire les fréquences d'écholocation et donc de chasser, et remontent légèrement pour finalement rester vers 500 mètres de profondeur jusqu'à leur prochaine prise d'airair en surface.
Ce comportement typique de protection, qui se produit dès que le niveau sonore du sonar atteint 142 décibelsdécibels, indique que les baleines à bec se sentent menacées par ces fréquences comme elles le sont naturellement par les orques. Si la majorité des Cétacés semble savoir quel comportement adopter face à ces sons, il n'est pas impossible que certaines paniquent et aillent s'échouer sur les plages. Pour protéger les Mammifères marins, il serait donc judicieux de respecter un niveau sonore des sonars plus faible que celui actuellement admis...