Apparu en 2004 en France, le frelon à pattes jaunes ou frelon asiatique, représente une menace pour l’apiculture, mais aussi pour la biodiversité, notamment celle des insectes pollinisateurs. Considéré comme envahissant, il représente un sérieux prédateur pour l’abeille domestique. Les populations d’abeilles, en déclin partout dans le monde, sont fragilisées par les attaques. Plusieurs chercheurs du CNRS et de l’Inra ont étudié les bases olfactives du comportement du frelon asiatique afin de comprendre les modes d’orientation de ce prédateur, mais aussi de développer des stratégies de lutte ou de piégeage efficaces.

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    Frelon asiatique, Vespa velutina, devant une ruche à l’affut de ses proies © Denis Thiery, Nevile Maher

    Frelon asiatique, Vespa velutina, devant une ruche à l’affut de ses proies © Denis Thiery, Nevile Maher

    Originaire du nord de l'Inde, de Chine et d'Indonésie, le frelon asiatique, Vespa velutina est apparu en France en 2004, et il s'est largement répandu depuis. Il se nourrit essentiellement d'hyménoptères et en particulier d'abeilles domestiques, Apis mellifera, ses principales proies, car elles sont une source importante de protéinesprotéines pour l'alimentation de ses larves. Partout dans le monde, malheureusement, les populations d'abeilles sont en déclin. Ce nouveau prédateur contribue à l'affaiblissement des colonies, même s'il n'est pas le seul facteur en cause. Celles-ci étant parmi les principaux pollinisateurs de fleurs sauvages et de cultures agricoles, leur disparition est une préoccupation majeure. Dans ce contexte, le frelon a été classé espèce nuisible pour A. mellifera en France, sur arrêté ministériel du 28 décembre 2012, ce qui donne un cadre légal à sa destruction.

    Frelon asiatique de l’espèce <em>Vespa velutina nigrithorax</em>. © Didier Descouens, CC BY-SA 3.0

    Frelon asiatique de l’espèce Vespa velutina nigrithorax. © Didier Descouens, CC BY-SA 3.0

    Attiré par l’odeur du miel et du pollen

    Pour détecter ses proies à distance, le frelon fait usage de signaux olfactifs. Bien que leur nature demeure encore inconnue, ils s'avèrent efficaces pour la détection de sources alimentaires. Les équipes de recherche des unités Évolution génomesgénomes comportement écologie de Gif-sur-Yvette (CNRS, Université Paris-Sud, IRD) et Santé et agroécologieagroécologie du Vignoble de l'Inra de Bordeaux ont étudié le pouvoir attractif de différents composés caractéristiques des ruches.

    Un test à choix multiples, dans lequel des ouvrières de frelons sauvages V. velutina choisissent un ou plusieurs appâtsappâts odorants a été mis en place par les chercheurs. Il en résulte que le frelon est fortement attiré par l'odeur des produits de la ruche, tels que le pollenpollen et le miel. Lors du test de composés spécifiques, le géraniol, constituant de la phéromonephéromone d'agrégation des abeilles et le p-xylènexylène, moléculemolécule que l'on retrouve entre autres dans le poissonpoisson ou les fruits de mer, se sont également révélés très attrayants. Les phéromones produites par les larves d'abeille ou par la reine ont également attiré le frelon, mais dans une moindre mesure.

    Ces travaux publiés dans la revue Plos One permettent de mieux comprendre les déterminants de l'orientation de ce prédateur et ouvrent la possibilité d'une lutte par piégeage plus efficace.