Les bonobos, ces « chimpanzés nains » qui sont nos plus proches cousins, ont de moins en moins d’espace pour vivre. Les principales causes en sont l'expansion des habitats humains et le braconnage.

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    Les bonobos (Pan paniscusPan paniscus) sont en danger, leur espèce étant menacée par la chasse et la réduction de leur habitat. La fragmentation des forêts et les activités humaines ont un impact sur leur répartition, qui se concentre en République démocratique du Congo.

    Les faits : les activités humaines réduisent l’habitat des bonobos

    Des chercheurs internationaux ont réalisé une cartographie de la répartition des bonobos en République démocratique du Congo. Pour cela, ils ont utilisé des informations collectées par différentes organisations entre 2003 et 2010. Ils ont ainsi trouvé 2.364 « blocs de nids », un bloc étant défini par une aire d'un hectare occupée par au moins un nid de bonobos. Leurs résultats paraissent dans Biodiversity and Conservation.

    Les chercheurs ont testé différents facteurs, à la fois écologiques (caractéristiques des forêts, sols, climat, hydrologie) et humains (distance des routes, agriculture, etc.), afin de savoir quels étaient les critères importants pour les bonobos. Ils ont alors trouvé que la distance qui les séparait des zones agricoles était le facteur qui prédisait le mieux la présence des bonobos. Mais une des principales menaces pesant sur les bonobos est la chasse. Selon Janet Nackoney de l'université du Maryland, « les bonobos qui vivent à proximité des activités humaines et de points d'accès des Hommes sont plus vulnérables au braconnage ». Ainsi, le grand singe évite les aires où l'activité humaine est importante.

    L'impact de l'Homme est devenu un paramètre clé dans la répartition des bonobos et dépasse l'importance des conditions écologiques. Les routes et les rivières navigables fournissent des accès à l'Homme dans des zones qui, sans elles, seraient moins touchées par la chasse.

    Décryptage : le bonobo, notre proche cousin

    Le bonobo, espèce encore méconnue, est un chimpanzé plus petit et plus mince que le chimpanzé communchimpanzé commun. Sa structure sociale est complexe et de type matriarcal. Moins agressifs que les chimpanzés communs, les bonobos ont pour habitude de calmer les tensions entre eux avec des comportements sexuels. Avec moins de 10.000 représentants vivants aujourd'hui, ils font partie des espèces considérées comme en danger sur la liste rouge de l’UICN.

    La répartition des bonobos (<em>Pan paniscus</em>) en Afrique, en rouge. Les autres couleurs indiquent les lieux de vie des chimpanzés communs <em>Pan troglodytes</em> (avec quatre sous-espèces). © Cody.pope, Wikimedia Commons, DP

    La répartition des bonobos (Pan paniscus) en Afrique, en rouge. Les autres couleurs indiquent les lieux de vie des chimpanzés communs Pan troglodytes (avec quatre sous-espèces). © Cody.pope, Wikimedia Commons, DP

    Les bonobos vivent dans les forêts de plaine de la République démocratique du Congo, le pays le plus vaste de l'Afrique subsaharienne, aujourd'hui en proie à la guerre et à l'insécurité. L'espace dans lequel vivent les bonobos est localisé dans le centre du pays ; il est défini par le fleuve Congo à l'est, au nord et à l'ouest, et les rivières Kasaï et Sankuru au sud. Cette surface représente environ 563.330 km2. Environ 28 % de cet espace conviendrait aux bonobos.

    La République démocratique du Congo voit sa population croître rapidement, de 2,6 % à 3,2 % par an. La déforestationdéforestation progresse dans des régions autrefois épargnées. La pauvreté croissante provenant de l'effondrementeffondrement de l'agriculture et les années de guerre ont aussi contribué à faire progresser la chasse.

    No panic : vers de nouvelles zones réservées pour protéger l’espèce

    En janvier 2011 a eu lieu à Kinshasa une rencontre sur les actions à mener pour conserver l'espèce, rassemblant experts et représentants du gouvernement de la République démocratique du Congo. Grâce à la carte présentée dans cet article, des zones prioritaires pourront être définies : c'est là que devront se concentrer les efforts de conservation.

    D'après Ashley Vosper, de la Wildlife Conservation Society, « pour que les bonobos survivent pendant les 100 prochaines années et plus, il est extrêmement important que nous comprenions l'étendue de leur espace de vie, leur répartition et les paramètres de cette répartition, afin que les actions de conservation soient ciblées de la manière la plus efficace et atteignent les résultats souhaités ». Mais les chercheurs demandent également que la priorité soit donnée à la réduction de la mortalité due à la chasse.