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Le tunnel du LHC (Crédit : CERN).
Tout le monde attend beaucoup du LHC, le super accélérateur de protons de 27 km de circonférence enterré pas très loin de Genève. A moins que le Tévatron américain ne le devance, il devrait mettre en évidence le Higgs et beaucoup l'espère, les particules supersymétriques.
Dans l'hypothèse la plus optimiste, celle où l'échelle d'énergie de la gravitation quantiquegravitation quantique ne serait que de quelques Tev, c'est la possibilité de reproduire en laboratoire la physique du temps de Planck et même de créer des mini trous noirstrous noirs qui fascine le plus.
Bien qu'extraordinairement excitante, cette dernière possibilité est très spéculative et si les mesures obtenues récemment par MAGIC étaient bien des manifestations de la gravitation quantique... alors rien de tel ne sera observable au LHC. Dans tous les cas de figures l'enjeu est néanmoins très important.
Tous ceux qui ont consulté le post du 13 septembre sur le blogblog de Peter Woit ont donc certainement été quelque peu refroidis par l'annonce faite par celui-ci que, selon des sources anonymes dont il avait eu connaissance par emails, d'autres problèmes que la rupture des quadripôles du FERMILAB étaient en train de se poser, et qu'ils pourraient bien reporter à 2009 l'obtention des premiers résultats du LHC : une catastrophe non seulement pour les responsables d'un projet très coûteux et déjà en retard sur son calendrier de mise en service, mais aussi pour tous les chercheurs et ingénieurs qui travaillent sur ce projet parfois depuis plus de 15 ans !
Très rapidement d'ailleurs dans les commentaires du post, une autre source anonyme semblait confirmer que des nuagesnuages sombres se présentaient effectivement à l'horizon.
Toutefois, d'autres sources comme JoAnne Hewett du SLACSLAC, particulièrement impliquée dans la phénoménologie des théories de gravitation quantique avec dimensions supplémentaires, affirmaient quant à elles n’avoir rien entendu de tel, même officieusement, de la part des équipes impliquées dans le LHC.
Robert Aymar, le DG du CERN, intervient dans le débat
Le directeur du CERN, Robert Aymar (Cliquez pour agrandir, crédit : CERN).
La mise au point du directeur général du CERNCERN était donc plutôt attendue. C'est désormais chose faite dans le bulletin du CERN où l'on peut lire le texte suivant :
« À l'heure des blogs, tout se sait très vite apparemment. Lorsque Lyn Evans a présenté son exposé sur l'avancement de la mise en service du LHC, le 13 septembre, tout le monde semblait être au courant des modules enfichables, des détecteurs de position de faisceau et des émetteurs de 40 MHz intégrés dans des balles de pingping-pong. Ces spéculations en ligne démontraient l'intérêt croissant pour le CERN à l'approche du démarrage du LHC. Nous entrons à présent dans la phase finale de la mise en service, et les choses se passent bien, étant donné la complexité sans précédent de la tâche.
À la suite du refroidissement, de la mise sous tension et du réchauffement du secteur 7-8 opérés cette année, nous avons beaucoup appris sur ce qu'implique la mise en service du LHC. Inévitablement, il y a eu des incidents, notamment avec les modules enfichables (PIM). Quand le LHC est refroidi, chaque secteur se contracte d'environ 10 mètres. Cette contraction est absorbée par des soufflets entre les composants et par un système de doigts de cuivrecuivre mobilesmobiles assurant la connectivité électrique le long de l'anneau. Lors du réchauffement du secteur 7-8, quelques doigts se sont tordus sous l'effet de la dilatationdilatation des aimantsaimants ; ces éléments sont en cours de réparation.
Le problème est maintenant compris, et ne porteporte que sur une faible proportion des PIM. Pour déterminer précisément où il se produit, un système ingénieux a été mis au point. Il consiste à envoyer dans le tube de faisceau une sorte de balle de ping-pong munie d'un émetteur de 40 MHz (la fréquencefréquence des paquetspaquets de particules sur laquelle sont réglés les détecteurs de position de faisceau).
Les leçons tirées des problèmes du secteur 7-8 sont utilisées dans d'autres secteurs. Un deuxième secteur a été refroidi à 80 degrés au-dessus du zéro absoluzéro absolu et un troisième subit des tests de pressionpression. Les essais des cinq secteurs restants vont débuter à raison d'un secteur toutes les deux semaines. Dans les secteurs en cours d'essai, les fuites de vide ont été circonscrites et les réparations sont en cours.
En attendant, la réparation des aimants des triplets internes du LHC est terminée. Une équipe de spécialistes du CERN, du Laboratoire Fermi, du KEK et du Laboratoire national Lawrence Berkeley a mené à bien les réparations. Trois des huit triplets ont été installés et ont subi des tests de pression concluants dans le tunnel. Les triplets restants sont en cours d'installation et d'essai.
Rien que de très normal, s'agissant de la mise en place d'un nouvel accélérateur de particules. Inévitablement, il y a des obstacles à surmonter, mais, jusqu'à présent, rien d'irrémédiable. Nous attendons tous avec impatience que le LHC produise ses premiers résultats de physique en 2008.