au sommaire
On sait que la science de la bionique s'inspire des phénomènes physiques et chimiques chez les plantes et les animaux, pour des réalisations techniques intégrant des systèmes non biologiques. Un bon exemple vient d'être donné par des chercheurs de la Henry Samueli School of Engineering de l'University of California Irvine. Ils viennent de publier dans le journal en ligne Advanced Materials un article dans lequel ils décrivent comment utiliser une technique de camouflage des calmars pour cacher des objets dans une bande de l'infrarouge proche.
Leur trouvaille va bien sûr intéresser les militaires en quête de furtivité. Elle devrait en effet permettre de dissimuler des caméras infrarouges usuelles des engins de guerre de formes et de tailles diverses, dans la bande allant de 700 à 1.200 nanomètres.
Il ne s'agit pas encore de l'invisibilité au sens commun et qui fait rêver chacun d'entre nous. Elle est en théorie possible pour des bateaux, des chars d'assaut et même des avions. Mais on ne sait pas encore l'obtenir à une telle échelle avec des métamatériaux.
Une illustration du film biomimétique à base de réflectine, la protéine utilisée par les calmars pour changer de couleur. Sous l'action d'un stimulus, ici de l'acide acétique, le film devient visible ou invisible dans l'infrarouge proche. C'est la première fois que l'on obtient un film inspiré par la biologie capable de se cacher des caméras infrarouge usuelles. © John Wiley & Sons, Inc.
Pour obtenir une nouvelle technique de camouflage dans l'infrarouge, le physicienphysicien et chimiste Alon Gorodetsky et ses collègues sont d'abord parvenus à faire synthétiser par des bactériesbactéries ordinaires de la réflectine. C'est la protéineprotéine qui permet aux céphalopodescéphalopodes, comme les calmars, de changer de couleur.
Un film de camouflage à base de graphène et réflectine
Les chercheurs ont ensuite déposé cette réflectine sur un substratsubstrat à base de graphène. Au final, ils ont obtenu un film dont les propriétés optiques sont modulables à volonté, un peu comme le ferait un céphalopode. Sous l'action de l'acide acétique, le film passe de transparenttransparent à visible dans l'infrarouge. Ce film peut prendre différentes couleurs selon son épaisseur, ce qui veut dire que l'on peut imaginer changer sa couleur sous une action physico-chimique.
Pour Gorodetsky, « [ces] films réfléchissant les rayons infrarouges, aux propriétés modulables, représentent une première étape cruciale pour développer des technologies de camouflage biomimétiquesbiomimétiques à usage unique et reconfigurables. [Il est aussi possible d'] imaginer des revêtements réfléchissants économes en énergieénergie et des systèmes optiques bio-inspirés ».