Sur Mars et ailleurs, la recherche de traces de vie extraterrestre se poursuit. Les radiotélescopes, eux, restent à l’écoute d’éventuels signaux venant de la Voie lactée. Mais, lasse d’attendre, une équipe internationale de scientifiques propose aujourd'hui de tendre la main. D’envoyer un nouveau message à l’Univers.


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    En 1974, l'humanité tentait, pour la toute première fois, de prendre contact avec une hypothétique civilisation extraterrestre avancée logée du côté de l'amas d'étoiles M13M13. Par l'intermédiaire d'un message radio envoyé depuis le télescope d’Arecibo (Porto-Rico). C'était il y a presque 50 ans maintenant. Depuis, les astronomesastronomes ont découvert plus de 5.000 exoplanètes. Et confirmé ainsi l'idée qu'une forme de vie évoluée a pu se développer ailleurs dans l'Univers.

    C'est pourquoi une équipe internationale de chercheurs propose aujourd'hui de retenter notre chance. D'envoyer un nouveau message vers les étoiles. Un message bien plus élaboré que celui d'Arecibo. Dont l'objectif serait de fournir un maximum d'informations sur notre société et sur l'espèceespèce humaine. De manière la plus condensée possible. C'est l'ambition du projet « BeaconBeacon in the Galaxy » (BITG) - comprenez « un phare dans la galaxie ».

    Rappelons que le message d'Arecibo n'est pas le seul que l'humanité a envoyé à l'intention d'extraterrestres. À chaque fois se sont posées deux questions cruciales. Celle du fond. Et celle de la forme. Concernant cette dernière, on oublie nos langues humaines. Les scientifiques ont souvent opté pour le bitmap. Une manière d'exploiter le code binairecode binaire - probablement la forme la plus rudimentaire de mathématiques - pour créer des images pixellisées.

    Sur Mars, le rover Perseverance porte un message en morse à l’attention d’extraterrestres qui sauraient le déchiffrer. © JPL-Caltech, Nasa
    Sur Mars, le rover Perseverance porte un message en morse à l’attention d’extraterrestres qui sauraient le déchiffrer. © JPL-Caltech, Nasa

    L'ennui, c'est que déjà lorsque Frank DrakeDrake, un astronome américain pionnier de la recherche de civilisations extraterrestres intelligentes, a conçu ainsi un prototype du message d'Arecibo, les collègues auxquels il l'a envoyé n'ont pas réussi à le déchiffrer. Des collègues prix Nobel, pourtant. Et puis, sommes-nous réellement certains que les extraterrestres visés seront capables, physiquement, de voir les images ainsi codées ? Si oui, la culture humaine qui colle à notre représentation des objets ne viendra-t-elle pas brouiller le message ?

    Les chercheurs imaginent leur message aux extraterrestres un peu comme une capsule temporelle. Avec l’idée d’envoyer régulièrement des mises à jour vers les étoiles pour information les civilisations voisines de nos évolutions. © de Art, Adobe Stock
    Les chercheurs imaginent leur message aux extraterrestres un peu comme une capsule temporelle. Avec l’idée d’envoyer régulièrement des mises à jour vers les étoiles pour information les civilisations voisines de nos évolutions. © de Art, Adobe Stock

    Des questions de fond et de forme

    Aujourd'hui, les chercheurs envisagent d'appuyer leur message sur un « alphabet » bitmap créé il y a presque 20 ans par des physiciensphysiciens. En pratique, ils comptent d'abord envoyer un nombre premier, pour signifier que le message à suivre est bien artificiel. Puis, utilisant l'« alphabet » bitmap, le message introduirait notre système de numération en base 10 et quelques notions de mathématiques. Puis, le message utiliserait la transition spinspin-flip de l'atomeatome d'hydrogènehydrogène - une sorte d'unité de temps universelle - pour expliquer la notion de temps et marquer le moment auquel le message a été envoyé depuis la Terre. Pour introduire aussi des éléments du tableau périodique. Et même, révéler la structure et la chimiechimie de notre ADNADN et des acides aminésacides aminés.

    La fin du message compte sur le fait que les extraterrestres seront à même de comprendre nos dessins. On y trouve le croquis d'un homme et d'une femme - tous les deux levant la main en signe de salut -, une carte de la surface de la Terre et de son atmosphèreatmosphère ainsi qu'un diagramme de notre Système solaireSystème solaire. Il y a aussi la fréquencefréquence radio que les aliens doivent utiliser pour répondre au message et les coordonnées de notre Système solaire dans la Voie lactéeVoie lactée par rapport à l'emplacement d'amas globulairesamas globulaires supposés familiers à un extraterrestre, quelle que soit sa position dans notre galaxie.

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    Reste tout de même à trouver l'instrument qui pourrait envoyer ce message. Le radiotélescope d'Areciboradiotélescope d'Arecibo est hors course. Il s'est effondré en décembre 2020. Alors les scientifiques lorgnent sur un instrument situé en Chine, le radiotélescope Fast - pour Five-Hundred-Meter Aperture Spherical Radio Telescope. Mais pour l'heure, il n'est capable que d'écouter les étoiles. Pas de leur parler...

    Une fois les aménagements - « pas anodins » - faits, il faudra attendre le moment propice. Entre mars et octobre, selon les chercheurs. Lorsque notre Planète se trouve à un angle de 90° entre le SoleilSoleil et sa cible, un anneau dense d'étoiles situées près du centre de la Voie lactée, à quelque 13.000 années-lumièreannées-lumière de nous. De quoi minimiser les risques que le message se perde dans le bruit de fond émis par notre Étoile. Et malgré cela, vous l'aurez compris, il nous faudrait patienter ensuite des milliers d'années avant de seulement pourvoir espérer une réponse.

    Un message aux extraterrestres, bonne ou mauvaise idée ?

    Tout cela si nous décidons réellement de passer à l'acte une fois de plus. Certains parlent de perte de temps. Parmi des milliards de cibles, comment choisir la bonne ? Comment savoir si c'est le bon moment ? Et d'autres même craignent que le message puisse tomber dans l'oreille de civilisations hostiles. « Rencontrer une civilisation avancée pourrait être comme les Amérindiens rencontrant Colomb. Cela ne s'est pas si bien passé », lançait Stephen HawkingStephen Hawking il y a quelques années déjà.

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    À ceux qui se sont rangés à l'avis du célèbre physicien, l'équipe qui a conçu ce nouveau message répond qu'il faut peut-être essayer de dépasser nos peurs. Elle répond aussi qu'une civilisation extraterrestre malveillante capable de venir jusqu'à nous n'aurait pas besoin d'attendre un signal de notre part. Elle serait en effet probablement capable de détecter des preuves de vie dans les signatures chimiques de notre atmosphère. Ou encore le rayonnement électromagnétique qui s'échappe de nos radios, de nos télévisions et de nos systèmes radar depuis un bon siècle.

    Et c'est finalement le débat que cette équipe internationale de chercheurs souhaite rouvrir. « Inviter tous les habitants de la Terre à participer à cette discussion fondamentale. Encourager les gens à y réfléchir. » Ne serait-ce que parce que le besoin de communiquer est inscrit dans nos gènesgènes. Ou parce que si nous devions, un jour prochain, nous lancer dans le voyage interstellaire, nous pourrions être heureux de profiter de l'aide de civilisations voisines.


    Il y a 30 ans: premier message à d'éventuels extraterrestres

    Il y a 30 ans, quelques scientifiques décidaient d'envoyer pour la première fois un message radio à l'intention d'éventuelles civilisations extraterrestres technologiques et donc capables de capter ces signaux. A ce jour aucune réponse. D'ailleurs les scientifiques ne s'attendaient pas réellement à ce que ce message soit capté par qui que soit. Le but réel du message devait démontrer la très grande puissance de ce télescopetélescope alors récemment mis en service et capable d'envoyer des informations dans l'espace lointain.

    Article de Rémy DecourtRémy Decourt paru le 01/12/2004

    Image du site Futura Sciences

    Ce message a été envoyé par le radiotélescope américain Arecibo (305 m) situé à Porto-Rico, dans une dépression naturelle, le 16 novembre 1974. Il contenait des informations sommaires sur l'humanité. La représentation des composants chimiques fondamentaux de la vie, la formule de l'ADN, un diagramme simple du Système Solaire, une image stylisée d'un être humain et une représentation du radiotélescope.

    Ce message a toutefois suscité une petite polémique. Certaines personnes critiquaient cette initiative car selon elles, il pouvait être dangereux de se révéler à des extraterrestres potentiellement hostiles. Ces personnes n'ont tout de même pas trop d'inquiétude à avoir. En effet, les probabilités pour que ce message soit détecté depuis un autre monde sont extrêmement faibles. Il n'a été envoyé qu'une seule fois, sur une période de trois minutes et en direction de l'amas globulaire M 13 (300.000 étoiles) dans la constellationconstellation d'Hercule. Situé à plus de 25.000 années-lumière de nous, M13 est si éloigné que l'émissionémission n'a encore parcouru, à ce jour, qu'un millième de la distance qui nous en sépare.

    Toutefois, le centre de l'amas globulaire ne sera pas au rendez-vous quand le signal atteindra sa destination. En effet, M13 se déplace, entraîné par la rotation de notre Galaxie, et s'éloigne lentement de sa position actuelle. Mais n'importe qui dans l'amas pourrait tout de même le détecter avec un télescope radio de taille similaire à celui d'Arecibo. Il apparaîtrait encore 10 millions de fois plus intense que le signal radio que dégage naturellement le Soleil.

    Note: la NASANASA a gravé sur un disque un message placé sur la sonde Pioneer 10, lancée en mars 1972, et qui se trouve maintenant à plus de 12 milliards de kilomètres de la Terre. Entre-temps, les scientifiques ont aussi utilisé le télescope Arecibo pour tenter de recevoir des signaux provenant d'une éventuelle intelligenceintelligence extraterrestre.
    Plusieurs projets dans ce but se sont succédés. Actuellement, les internautes du monde entier peuvent participer à cette recherche en aidant les scientifiques à traiter, via leur ordinateurordinateur, le nombre important de données reçues et que les ordinateurs d'Arecibo n'arrivent plus à examiner par leurs seuls moyens (projet SETISETI).