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Après plus de deux ans à observer et étudier la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko, la sonde RosettaRosetta débute ce 9 août la « dernière phase de sa mission qui verra la sonde réaliser un impact contrôlé sur la surface de la comète » nous explique Sylvain Lodiot, responsable des opérations en vol de Rosetta à l'Esoc. De cette mission suicide, qui durera six semaines, l'Esa attend un bon retour scientifique. Une nouvelle hibernation de Rosetta « n'aurait de toute façon pas été possible ». L'aphélie de l'orbite actuelle de la comète est plus éloigné encore du Soleil que son précédent. Autrement dit, « il n'y aurait donc pas eu assez d'énergie disponible pour que la sonde survive ».
Alors qu'elle évolue sur une orbite elliptique de 8 km x 13 km, son péricentre, c'est-à-dire le point le plus près de la sonde à la surface de la comète, « va progressivement être plus proche et par conséquence l'apocentre plus éloigné ». L'objectif est de tenter un survolsurvol de « un ou deux kilomètres de la surface de la comète ». Cette phase d'approche est « bien plus délicate et complexe que celle réalisée lors de l'éjection de l'atterrisseur Philae en novembre 2014 » et dont les tentatives pour entrer en communication ont été arrêtées le 27 juillet dernier. La sonde descendra à une vitessevitesse deux fois inférieure à celle de Philae. « Il faudra rendre sa descente la plus lente possible, ce qui lui permettra d'acquérir des données et des images depuis des altitudes jamais atteintes tout au long de sa mission. » Le 26 septembre, elle quittera cette phase de survol, et mettra « quelques jours pour se rephaser pour ensuite, depuis une distance de 20 kilomètres, basculer sur une trajectoire de collision avec la comète le 30 septembre ».
Ma'at est le site de l'impact contrôlé de la sonde Rosetta choisi par l'Agence spatiale européenne. Il se situe sur le plus petit lobe du noyau cométaire. © Esa, Rosetta, NavCam
Gérer au mieux les niveaux d’ensoleillement
Rosetta ciblera Ma'at, « une région d'hébergement de fosses actives, située sur le petit lobe de la comète ». Elle devrait toucher le sol entre 9 h 40 et 12 h 40 TU, à une vitesse d'environ 60 centimètres par seconde par rapport à la comète. « Le site est bien éclairé, avec un temps d'ensoleillement suffisamment long durant la phase de descente. De plus, le Soleil sera dans le dosdos de la sonde. »
La question de l'énergie solaire est devenue cruciale. Rosetta se trouve actuellement à 720 millions de kilomètres de la Terre et, surtout, à près de 573 millions de kilomètres du Soleil. Malgré les 64 m2 de ses panneaux solaires, elle doit limiter sa consommation d'énergie. « C'est d'ailleurs pourquoi, le 27 juillet, l'Esa a définitivement éteint le système ESS qui permettait de communiquer avec Philae. » Aujourd'hui, elle n'a plus suffisamment d'énergie pour faire fonctionner ensemble tous ses instruments.
Ces faibles niveaux d'ensoleillement ne sont cependant pas une contrainte trop forte pour les opérations scientifiques qui seront réalisées le 30 septembre. En effet, peu d'instruments seront mis en service ce jour-là et le Centre de contrôle de la mission, situé à l'Esoc, s'attend à recevoir des données jusqu'à l'impact. « La dernière image de la surface de la comète pourrait être acquise à seulement une centaine de mètres de hauteur. » Tout au long de sa descente, les contrôleurs au sol vont coordonner les transferts de ces données, de façon à ne pas accumuler de retard. Pour cela, l'Esa utilisera les antennes de 70 mètres du réseau pour l'espace lointain de la NasaNasa qui « permettent un plus grand retour de données que les trois antennes de 35 mètres de notre réseau pour l'espace lointain que nous utiliserons en backup ».
Dès l'impact, la sonde sera passivée automatiquement. Une décision qui peut surprendre mais qui trouve une explication toute simple : en raison de son éloignement au Soleil, Rosetta « n'aura de toute façon plus suffisamment d'énergie pour être opérée ».