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En 2012, un groupe de chercheurs japonais avait annoncé dans une publication du journal Nature qu'une augmentation anormalement élevée de la quantité de carbone 14 s'était produite dans l'atmosphèreatmosphère de la Terre de l'an 774 à 775. Ce curieux événement n'avait alors pas d'explication.
On ne pouvait l'imputer à une augmentation de l'activité solaire, car l'ampleur de cet apport de carbone 14 est trop grande. La source ne pouvait pas non plus être l'explosion d'une supernova dans la Voie lactée, même si un tel événement aurait pourtant pu rendre compte de ce brusque accroissement. Dans ce cas, en effet, les astronomesastronomes japonais et chinois auraient certainement noté l'apparition d'une nouvelle étoile particulièrement brillante sur la voûte céleste, et l'auraient indiquée dans leurs archives. C'est précisément ce qui est arrivé en juillet 1054 avec la supernova à l'origine de la nébuleuse du Crabe et du pulsar qu'elle abrite.
Une vue d'artiste montrant une bulle de lumière d'un sursaut gamma. Le flash est ici émis par un magnétar. © Nasa
Une collision d'astres compacts
Actuellement, deux chercheurs de l'Institut d'astrophysiqueastrophysique de l'université allemande d'Iéna proposent une explication dans un article publié sur Arxiv. Selon eux, la brusque augmentation des rayons cosmiquesrayons cosmiques qui ont frappé la Terre au VIIIe siècle n'aurait pas été le fait de noyaux atomiques mais de photonsphotons gamma. La Terre aurait donc été touchée par le rayonnement d'un sursaut gamma court. Ce phénomène dure quelques secondes et n'est pas associé à une explosion d'étoile : il est donc invisible sur la voûte céleste. Par ailleurs, il ne s'agirait pas de n'importe quel sursautsursaut gamma...
Pour avoir laissé des traces aussi importantes sur Terre, ce sursaut devrait s'être produit au sein de la Voie lactée. On ne parle donc pas ici des sursauts gamma surpuissants qui se sont produits à des distances cosmologiques et voilà des milliards d'années. On peut aussi éliminer l'hypothèse de la colère d'un magnétar, comme les deux astrophysiciensastrophysiciens l'ont fait. Cette source gamma, relativement faible, n'aurait pu causer l'événement survenu au VIIIe siècle qu'en étant si proche de la Terre qu'on l'aurait forcément détecté.
Cette vidéo présente les sursauts gamma et un des modèles utilisés pour les expliquer. Il s'agit d'une collision d'étoiles à neutrons simulée sur ordinateur. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle avec deux barres horizontales en bas à droite. Les sous-titres en anglais devraient alors apparaître, si ce n'est pas déjà le cas. En passant simplement la souris sur le rectangle, vous devriez voir l'expression « Traduire les sous-titres ». Cliquez pour faire apparaître le menu du choix de la langue, choisissez « français », puis cliquez sur « OK ». © SpaceRip, YouTube
Dernière hypothèse : la collision d’astres compacts. Les chercheurs Valeri Hambaryan et RalphRalph Neuhäuser n'envisagent pas la collision de deux trous noirstrous noirs, mais plutôt celle de deux étoiles à neutronsétoiles à neutrons (qui aurait éventuellement donné un trou noir) ou encore la collision d'une étoile à neutrons et d'un trou noir. Toutefois, une autre hypothèse ne peut être écartée : la collision de deux naines blanchesnaines blanches sans qu'une supernova SN Ia n'en résulte.
Une extinction massive qui n'est pas arrivée
Si les deux chercheurs ont raison, on ne peut s'empêcher d'avoir froid dans le dosdos. En effet, c'est peut-être aussi un sursaut gamma proche de la Terre qui est à l'origine d'une extinctionextinction importante, celle de l'Ordovicien supérieur, il y a 445 millions d'années. On peut facilement imaginer qu'il aurait suffi que la collision des astresastres compacts de 774-775 se soit produite un peu plus près pour que le sort de l'humanité en soit dramatiquement changé.
La catastrophe cosmique se serait produite à plus de 3.000 années-lumièreannées-lumière du Système solaireSystème solaire. Comme le dit Ralph Neuhäuser, « si le sursaut gamma avait été plus proche, il aurait causé d'importants dégâts à la biosphèrebiosphère. Mais même à des milliers d'années-lumière, un événement similaire sèmerait aujourd'hui le chaos dans les systèmes électroniques très sensibles dont dépendent les sociétés avancées ». Les astrophysiciens pensent toutefois que la collision aurait eu lieu à moins de 12.000 années-lumière du SoleilSoleil.