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L'action éolienneéolienne sur la Planète rouge est connue depuis des décennies. Au cours de la seconde moitié du XXe siècle les astronomesastronomes qui étudiaient Mars au télescope assistèrent à plusieurs grandes tempêtes qui soulevaient d'importantes quantités de poussières et rendaient la topographie martienne invisible durant plusieurs semaines. C'est ainsi qu'en 1971, lors de sa mise en orbite martienne, la sonde Mariner 9 fut obligée de retarder le travail cartographique qui lui était assigné.
À côté de ces épisodes très spectaculaires, on sait que les ventsvents martiens ont également une faible activité régulière leur permettant de façonner lentement les paysages. Dunes noires ou en forme d'étoiles, cendres volcaniques soufflées depuis le fond de certains cratères ou traces de tourbillons de poussière, sont autant de témoignages des multiples aspects que revêt cette patiente action éolienne. Des vents qui ont également rendu de fiers services aux robotsrobots Spirit et Opportunity en nettoyant la poussière sur leurs panneaux solaires, leur redonnant à plusieurs reprises une nouvelle jeunesse.
Dans une récente étude publiée au Journal of Geophysical Research, une équipe conduite par Paul Geissler de l'US Geological Survey révèle comment certaines petites tempêtestempêtes arrivent à modifier l'aspect du sol en seulement quelques semaines, voire quelques jours, y effaçant les traces laissées par les roues des robots.
Spectaculaire : il aura suffi de 22 jours martiens pendant la tempête de 2007 pour effacer les traces du passage de Spirit. © Nasa/JPL/P. Geissler
Tout doit disparaître !
Sur la Lune, les traces laissées par les astronautes des missions Apollo il y a 40 ans sont toujours intactes, comme l'ont montré les images réalisées par la sonde LROLRO en 2009, et le resteront pour longtemps encore. Sur Mars, rien de comparable. L'image ci-dessus suffit pour s'en convaincre : en 22 jours martiens (chacun dure une quarantaine de minutes de plus que sur Terre) le vent est parvenu à supprimer les sillons laissés dans le sol par les roues de Spirit.
Même constat à partir des clichés réalisés en orbite par Hirise, la caméra de l'orbiteur martien MRO. Les scientifiques n'avaient pas imaginé voir les traces de l'exploration humaine être effacées aussi vite. L'image ci-dessous montre le site d'atterrissage d'OpportunityOpportunity dans Meridiani Planum en 2004, ainsi que le déplacement du robot pendant une année martienne. Les traces blanches laissées par les fuséesfusées de freinage actionnées pendant la descente d'Opportunity (dans le cercle) avaient disparu trois ans plus tard quand MROMRO est repassé au-dessus du site.
Trois années ont été nécessaires pour que le vent fasse disparaître les traces blanches laissées par les fusées de rétrofreinage d'Opportunity. © Nasa/JPL/Malin Space Science Systems/University of Arizona/JGR
Comme le fait remarquer avec humour Paul Geissler, « nous faisons un joli graffiti sur la surface d'une autre planète et tout est nettoyé pour les visiteurs suivants ! ». Quand Geissler et son équipe ont décidé de s'intéresser à la façon dont le vent affecte la surface martienne, sous quelles formes et à quelle vitesse, ils n'imaginaient pas avec quelle rapiditérapidité les traces des roversrovers allaient disparaître. Geissler avoue lui-même qu'il ne pensait pas que des modifications seraient perceptibles à l'échelle de duréedurée de la mission de MRO.
Les mécanismes d'effacement rapide des pistes tracées dans le sablesable martien restent un sujet passionnant. Sans doute à mettre sur le compte de tempêtes épisodiques de quelques jours, ils illustrent combien l'environnement martien est dynamique.