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Images en fausses couleurs prises en infrarouge et avec l'optique adaptative du Keck des taches de Jupiter. Crédit : Imke de Pater, Michael Wong (UC Berkeley)/Al Conrad (Keck Observatory)/Chris Go (Cebu, Philippines)
Si Saturne et ses anneaux fascinent les théoriciens de la mécanique céleste, c'est JupiterJupiter, ses bandes nuageuses et ses taches rouges, qui exerce son attraction sur les mécaniciens des fluides et les climatologuesclimatologues. En particulier, la grande tache rouge, dont l'existence est connue depuis plusieurs siècles, n'est toujours pas correctement comprise. On sait qu'il s'agit d'une tempêtetempête anti-cyclonique grande comme trois fois la Terre mais dont la taille a diminué de moitié depuis plus d'un siècle. En revanche, son étonnante stabilité - elle est observée depuis plusieurs siècles -, n'est pas facile à comprendre même si certains ont avancé une explication basée sur la physique non-linéaire : cette tache serait un soliton.
Aujourd'hui, après l'apparition il y a six ans d'une autre grande tempête baptisée Ovale BAOvale BA, devenue elle-même une seconde tache rouge en 2005/2006, c'est une troisième tache rouge que révèlent les télescopes HubbleHubble et Keck juste après le passage de Jupiter derrière le Soleil. Les chercheurs ont aussi observé que les bandes nuageuses relativement calmes de Jupiter étaient devenues particulièrement turbulentes de part et d'autres de la grande tache.
Cliquez pour agrandir. A droite, la grande tache rouge de Jupiter, en bas à gauche la tache rouge « Junior » et enfin la petite dernière juste à gauche de la grande.
Un mystère météorologique et une énigme physique
Personne ne sait exactement d'où provient la couleur rouge des taches de Jupiter. On sait que les deux dernières étaient initialement de couleur blanche et que la seconde provenait de la fusion de trois petites tempêtes en forme d'ovales de la même couleur, de 1998 à 2000. Le débat est âpre entre les théoriciens mais l'accroissement de la violence des tempêtes a peut-être fait remonter de certaines couches profondes des moléculesmolécules phosphatées qui, en réagissant chimiquement, auraient donné cette teinte rouge.
Ces différents changements ne surprennent pas vraiment un professeur de mécanique des fluides de l'Université de Berkeley, Philip Marcus, qui avait proposé en 2004 dans Nature une théorie basée sur ses travaux de simulation de l'atmosphèreatmosphère de Jupiter. Selon lui, il existe un cycle d'environ 70 ans, au cours duquel les taches se multiplient et qui induit un changement climatiquechangement climatique global de la planète. Il prédit en particulier un réchauffement de 10° à l'équateuréquateur et un refroidissement d'autant au niveau des pôles.