Bételgeuse a beaucoup fait parler d’elle depuis un an, alors que sa luminosité avait mystérieusement diminué. Aujourd’hui, elle revient sur le devant de la scène. Une étude montre que la supergéante rouge est plus petite et plus proche de nous que les astronomes le pensaient.
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« Normalement, elle est l'une des étoiles les plus brillantes de notre ciel nocturne. Mais depuis fin 2019, elle a failli à deux reprises déjà », expose Meridith Joyce, chercheur à l'université nationale australienne (ANU), dans un communiqué. La première fois, certains astronomesastronomes ont cru que nous étions sur le point d'assister à son explosion en supernova. Le phénomène a finalement trouvé une explication dans un nuagenuage de poussière.
La seconde événement semble liée à une pulsation de l'étoile. Et les chercheurs de l’ANU ont justement utilisé des modélisations hydrodynamiques et sismiques pour en savoir plus sur la physique qui conduit à ces pulsations. Et se faire ainsi une idée plus claire de la phase de sa vie dans laquelle se trouve Bételgeuse.
Pour Bételgeuse, un répit de 100.000 ans
Les chercheurs ont ainsi confirmé que les ondes de pression -- essentiellement des ondes sonores -- sont la cause principale de la pulsation de l'étoile supergéante rouge. De quoi conclure que Bételgeuse en est à brûler de l'héliumhélium. « Ce qui signifie qu'elle est loin d'exploser », souligne Meridith Joyce, tout en avançant que cela ne devrait pas se produire avant 100.000 ans.
Ces travaux ont aussi été l'occasion pour les chercheurs de revoir la taille de Bételgeuse, qui elle aussi restait mystérieuse. Alors que les astronomes l'imaginaient aussi grande que l'orbiteorbite de JupiterJupiter, la supergéantesupergéante rouge ne s'étendrait finalement que sur les deux tiers de cette distance. Pour un rayon d'environ 750 fois celui de notre SoleilSoleil. Conséquence : Bételgeuse est aussi 25 % plus proche de nous. Elle se situerait à seulement 530 années-lumièreannées-lumière de notre Système solaireSystème solaire. Ce qui reste malgré tout trop loin pour que son explosion en supernovasupernova ait un impact significatif sur notre planète.
Bételgeuse, l'étoile géante, rétrécirait depuis 15 ans !
Bételgeuse est une des plus grandes étoiles supergéantesétoiles supergéantes rouges connues. Selon les travaux d'un groupe de chercheurs américains, dont l'inventeur du laserlaser, le prix Nobel Charles Townes, son diamètre diminue depuis une quinzaine d'années...
Article de Laurent SaccoLaurent Sacco paru le 14/06/2009
L'immense majorité des étoiles, si l'on néglige le phénomène de diffractiondiffraction, apparaissent comme ponctuelles même quand on les observe avec de puissants télescopestélescopes comme HubbleHubble. Cependant, avec les meilleurs instruments, certaines prennent clairement l'aspect d'un disque. Parmi ces très rares étoiles, Bételgeuse est l'une des plus célèbres.
L'humanité la connaît de longue date car c'est l'une des étoiles les plus brillantes de la constellation d’Orion. Au vingtième siècle, cette supergéante rouge fut la première étoile dont le diamètre a été déterminé. En 1921, en effet, les astronomes Michelson et Pease utilisèrent la technique de la synthèse d'ouverturesynthèse d'ouverture, imaginée par Hippolyte Fizeau, pour déterminer le diamètre apparent des étoiles par des méthodes interférométriques.
Ces mesures indiquèrent un diamètre voisin de celui de l'orbite de Mars, plus précisément 3,7 unités astronomiquesunités astronomiques (UA). Cette taille était déjà extraordinairement grande. Mais ces dernières années, des progrès dans la détermination de la distance de Bételgeuse au Soleil ont conduit à la réévaluer. Alors qu'on la croyait égale à 430 années-lumière, elle serait en réalité de 640 années-lumière. Du coup, le diamètre de Bételgeuse a fait un bond lui aussi et, de 3,7, on est passé à 5,5 UA.
Un point brillant à la surface de l'étoile
Les chercheurs n'ont pas épuisé tout le parti qu'ils pouvaient tirer des méthodes interférométriques pour l'étude des étoiles ou d'autres objets céleste. Loin s'en faut. Les résultats de Michelson et Peasa par exemple avaient été obtenus dans le domaine du visible mais depuis longtemps, les astronomes du UC Berkeley's Infrared Spatial Interferometer Array (ISI) au sommet du Mont Wilson en Californie, observent et mesurent les caractéristiques des étoiles dans l'infrarougeinfrarouge grâce à la synthèse d'ouverture.
Avec son collègue Edward Wishnow, Charles H. Townes, le célèbre prix Nobel de physique 1964 pour l'invention du laser, conduit des observations depuis des années à l'aide de l'instrument ISI. Ils sont arrivés à une conclusion assez étonnante. Bien que la luminositéluminosité de Bételgeuse n'ait pas diminué en moyenne depuis 1993... son diamètre en revanche s'est réduit !
Le rétrécissement de la taille de la supergéante n'est pas négligeable. En 15 années, cette étoile a vu son rayon diminuer d'une distance égale à celle qui sépare VénusVénus du Soleil. Mieux, le processus semble aller en s'accélérant...
Bételgeuse est considérée comme une étoile semi-variable mais on ne sait pas encore avec certitude à quoi pourrait être dû ce rétrécissement. Avec ISI, les chercheurs peuvent distinguer des détails à la surface des étoiles géantesétoiles géantes proches de notre Soleil. Townes lui-même, et son ancien thésard Ken Tatebe, ont observé un point brillant sur le disque de Bételgeuse. Les chercheurs spéculent donc en ce moment sur des processus en train de modifier la convectionconvection de cellules géantes analogues aux granules de convection de notre propre étoile. Cela affecterait les mesures en modifiant la forme de la surface.