Après une quête de plusieurs mois, Philae, le plus célèbre des robots spatiaux a été localisé à la surface de la comète Tchouri. Il a été repéré couché sur une image prise par Rosetta à seulement 2,7 km du noyau cométaire. C’est à l’endroit même qu’avait prédit les calculs effectués par les ingénieurs en mécanique spatiale du Cnes.

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    L'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne (Esa) a publié ce lundi 5 septembre une image du petit robotrobot Philae à la surface de la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko alias Tchouri. Elle a été prise par la caméra Osiris de la sonde Rosetta à seulement 2,7 km d'altitude, le 2 septembre dernier (moins d'un mois avant son atterrissage final). On y distingue l'engin bloqué au fond d'une cavité.

    Comme le souligne Francis RocardFrancis Rocard, responsable des programmes d'exploration du Système solaire au Cnes, « c'est une excellente nouvelle qu'on n'espérait plus car l'Agence spatiale européenne rechignait à descendre si bas ». Philae a été trouvé à l'endroit prédit par Philippe Lamy (Laboratoire d'astrophysique de Marseille) il y a un an, une hypothèse « que le Cnes avait confortée avec ses analyses ». Un petit cocorico à souligner alors que l'Agence spatiale européenne avait trouvé 4 ou 5 Philae possibles.

    Le Cnes avait commencé à travailler à la reconstitution de la position et de l'orientation réelles de Philae sur la comète dès son atterrissage mouvementé, le 12 novembre 2014. Une tâche d'autant plus difficile que le robot, après une descente nominale vers le site choisi, a parcouru, en rebondissant deux fois, plus d'un kilomètre avant de s'arrêter.

    L’image de Philae prise en mai 2016 depuis une distance d’environ 5 kilomètres d’altitude avec une résolution de 13 centimètres. Dans l’encadré à gauche, la même image acquise il y a quelques jours mais prise depuis une distance de seulement 2,7 kilomètres et qui montre très clairement le petit lander tant recherché. © Cnes

    L’image de Philae prise en mai 2016 depuis une distance d’environ 5 kilomètres d’altitude avec une résolution de 13 centimètres. Dans l’encadré à gauche, la même image acquise il y a quelques jours mais prise depuis une distance de seulement 2,7 kilomètres et qui montre très clairement le petit lander tant recherché. © Cnes

    La localisation de Philae à partir des données des instruments Consert et Romap et de l'ensoleillement des panneaux avait été un travail assez important réalisé par les équipes du Cnes du Centre de contrôle de la mission, le SONC basé à Toulouse. En effet, les calculs effectués par les équipes scientifiques des instruments Consert et Romap, à partir des mesures de leur instrument embarqué sur le robot, et ceux fournis par les ingénieurs du Centre d'études spatiales, qui ont étudié la compatibilitécompatibilité des positions envisagées avec les conditions d'éclairement et de visibilité lors des trois jours de fonctionnement de Philae sur le noyau cométaire, ont permis de déterminer très rapidement une zone et une orientation très probables.

    C'est à l'intérieur de celle-ci, il y a plus d'un an, que l'équipe du Laboratoire d'astrophysique de Marseille (LAMLAM : CNRS et Aix-Marseille Université) a repéré à la surface de la comète une tache lumineuse présente seulement sur les images Osiris prises après l'atterrissage. Une simulation des images fournies par la caméra Civa, embarquée sur Philae, et par des outils graphiques du Cnes, a fini de confirmer avec précision cette orientation et cette position. Il ne restait plus alors qu'à avoir une image détaillée de Philae prise par Rosetta.

    Gros plan sur Philae. La résolution est de 5 cm par pixel. À droite, les instruments du robot sont indiqués. © ESA, Rosetta, MPS for OSIRIS Team MPS, UPD, LAM, IAA, SSO, INTA, UPM, DASP, IDA

    Gros plan sur Philae. La résolution est de 5 cm par pixel. À droite, les instruments du robot sont indiqués. © ESA, Rosetta, MPS for OSIRIS Team MPS, UPD, LAM, IAA, SSO, INTA, UPM, DASP, IDA

    Les causes des communications difficiles pourront être analysées

    La campagne de recherche de Philae, organisée par l'Esa, a débuté en mars 2016, avec des prises de vues programmées jusqu'en septembre 2016. Dès le mois de mai, le groupe de travail mis en place au Cnes a identifié, toujours au même endroit, la présence troublante d'un petit objet de forme géométrique, mais l'altitude de RosettaRosetta était encore trop grande pour une conclusion définitive, même si les prédictions étaient à chaque fois confortées.

    Il a fallu attendre de recevoir l'image du 2 septembre à 21 h 59 comme preuve irréfutable. Voilà qui réjouit vivement les équipes scientifiques de Philae, qui pourront désormais affiner leurs analyses. Et le Cnes qui a mené à bien les activités de support relatives à cette recherche. Par l'analyse de l'environnement de Philae, l'image à très haute résolutionrésolution permettra également de mieux comprendre les causes des communications difficiles qui ont eu lieu au printemps 2015 et qui n'ont pas permis de faire fonctionner l'atterrisseur comme souhaité.

    Pour Jean-Yves Le Gall, Président du Cnes : « La mission Rosetta a une nouvelle fois des allures d'épopée : qui aurait pu prévoir que Philae, le robot préféré des Européens, ferait une nouvelle fois parler de lui, même une fois ses moyens de communication coupés. C'est pour le Cnes et les scientifiques français une véritable fierté, puisque c'est l'endroit exact que nos scientifiques et ingénieurs avaient prédit, et où le Lam avait repéré une tache lumineuse. À moins d'un mois du baiser final à la comète, c'est un énième rebondissement pour la mission spatiale de tous les records ! »