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Assemblage des images de la NavCam prises le 17 décembre. Le site d’atterrissage visé se situe à gauche de la dépression visible sur le petit lobe de 67P et le site d’atterrissage final doit se situer sur la droite. © Esa, Rosetta, NavCam
Le planétologue français Jean-Pierre Bibring (Institut d'astrophysique spatiale, Université Paris Sud, Orsay), responsable scientifique de Philae et principal investigateur de l'instrument Civa, a affirmé mercredi 17 décembre lors d'une conférence de presse qui se tenait dans le cadre du meeting de l'American Geophysical Union (Agu) que : « dans l'équipe, il n'y a aucun doute que Philae se réveillera. La question est de savoir dans quel état ? Je pense qu'il sera en bonne forme ! ».
L'analyse des données récupérées lors de la première séquence scientifique semble en effet montrer que les panneaux solaires de Philae collectent juste assez d'énergie pour que l'atterrisseur maintienne ses composants les plus fragiles à une température suffisante pour assurer leur sauvegardesauvegarde. Le robotrobot devrait ainsi pouvoir tenir jusqu'à ce que l'énergie disponible augmente au cours des prochains mois, à l'approche du Soleil.
Nouvelles images d’Osiris-Nac
Après son atterrissage mouvementé du mercredi 12 novembre dernier, Philae s'est arrêté à l'ombre d'une paroi située sur le bord droit de la vaste dépression présente sur le petit lobe du noyau de la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko.
Intervenant depuis la salle lors de la conférence, Holger Sierks, principal investigateur de la caméra Osiris de la sonde Rosetta, a précisé que les deux premières séries d'images de la zone supposée d'atterrissage de Philae n'ont pas permis de le repérer, car il était vraisemblablement dans l'ombre.
En revanche, le chercheur pense que les nouvelles images prises par Osiris-Nac, les 12, 13 et 14 décembre, alors que la zone de recherche définie avec l'aide de Consert était au Soleil et que l'orbiteur se situait à près de 20 km de distance du noyau, permettront de retrouver l'atterrisseur. Mais, pour le moment, ces images n'ont pas encore été envoyées vers la Terre par l'orbiteur dont le planning de transmission des données collectées par tous ses instruments est extrêmement chargé.
Photographiée par l’une des caméras de Civa, cette paroi se situe juste à côté de l’atterrisseur et lui fait de l’ombre. Elle pourrait le protéger de la surchauffe et lui permettre de survivre jusqu’au périhélie de la comète. © Esa, Rosetta, Philae, Civa
Protection contre la chaleur !
Connaître précisément la position de Philae est indispensable pour déterminer quand l'endroit où il se situe sera suffisamment éclairé par le Soleil pour que les panneaux solaires de l'atterrisseur puissent le réchauffer totalement et charger sa batterie permettant le début d'un nouveau cycle d'utilisation de ses instruments.
Les équipes du Sonc au Cnes de Toulouse ont utilisé toutes les données disponibles à ce jour pour créer une représentation de l'environnement immédiat de Philae.
D'après ce qu'il sait, Jean-Pierre Bibring estime que le réveil de Philae pourrait se produire dès le mois de janvier, mais plus probablement au printemps.
Paradoxalement, la paroi qui fait de l'ombre à Philae pourrait le protéger de l'augmentation excessive de la température à l'approche du Soleil et lui permettre, s'il se réveille, de fonctionner plus longtemps, voire jusqu'au périhélie, mi-août 2015 !
Représentation par le Sonc (Cnes) de la position supposée de Philae en fonction du modèle de terrain et des images du panorama réalisé par Civa. L’une de ses images est plaquée sur ce modèle. © Esa, Rosetta, Philae, Cnes, FD, Civa
Diversité des matériaux
Jean-Pierre Bibring a par ailleurs montré une partie du panorama que Civa devait réaliser juste après l'atterrissage. Le flou important de cette image, qui avait été constaté avec dépit lors de sa réceptionréception au Sonc le 12 novembre, prouve que Philae était en mouvement lorsqu'elle a été prise. Avec un traitement approprié, il devrait être possible de révéler des détails à la surface.
L'analyse précise des différents rebonds est toujours en cours, mais Jean-Pierre Bibring a confirmé que l'un des trois pieds de Philae est apparemment coincé et maintient fermement l'atterrisseur puisque celui-ci ne semble pas avoir bougé lors de la tentative de forage réalisée à la toute fin de la première séquence scientifique, juste avant que Philae n'entame son hibernation forcée.
Lorsqu'il se réveillera, Philae aura encore plus de travail que s'il s'était ancré sur le site initialement choisi, car la diversité des matériaux qui l'entourent est bien plus grande. Tous les instruments pourraient alors être réutilisés, excepté Mupus qui a été déployé une fois pour toutes en novembre.