La biosurveillance peut également s'appliquer à l'échelle nationale afin d'évaluer la contamination de fond loin des sources de pollution. Des études menées en milieu rural ou forestier permettent de spatialiser le bruit de fond à l'échelle du territoire et de mettre en évidence des caractéristiques régionales.

Lichens corticoles utilisés en biosurveillance des milieux forestiers. © Yannick Agnan - Tous droits réservés
Lichens corticoles utilisés en biosurveillance des milieux forestiers. © Yannick Agnan - Tous droits réservés

Les problématiques soulevées ne sont pas exclusivement liées aux sources de pollution locale. Un suivi peut également être mis en place dans des sites plus éloignés afin d'évaluer les niveaux de contamination sur une zone étendue.

La biosurveillance à l'échelle nationale

La biosurveillance de la qualité de l'air fait l'objet d'un réseau de surveillance par les mousses, appelé BRAMM (biosurveillance des retombées atmosphériques des métaux par les mousses), géré par le Muséum national d'Histoire naturelle depuis 1996. Il vise à évaluer les dépôts en métaux à l'échelle du territoire français à partir de l'analyse d'échantillons de cinq espèces de mousses sur 528 sites ruraux français.

Les mousses sont utilisées dans le suivi des dépôts atmosphériques en France par le Muséum national d’Histoire naturelle dans le cadre du réseau BRAMM. © Yannick Agnan - Tous droits réservés
Les mousses sont utilisées dans le suivi des dépôts atmosphériques en France par le Muséum national d’Histoire naturelle dans le cadre du réseau BRAMM. © Yannick Agnan - Tous droits réservés

De récents travaux de recherche réalisés sur les massifs forestiers français ont mis en évidence un fort régionalisme, dépendant de plusieurs facteurs : les activités régionales (par exemple industrielles ou minières), la nature de la roche (par des traceurs géochimiques comme les terres rares), le climat (dépôts de poussières de roches plus importants sous climat sec), et la proximité du littoral (source de sodium). À titre d'exemple, les lichens collectés dans la moitié sud du territoire français sont plus concentrés en aluminium et en fer (climat plus sec), et ceux du Massif central en titane (lié à la nature des basaltes régionaux).