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Le projet Moïse
Cette page est rédigée en partenariat avec l'Ifremer.
Le projet Moïse, pour sauver Venise des eaux
Le Comité interministériel de programmation économique (CIPE) a approuvé le projet MOSE de constructionconstruction d'un système de digues mobilesmobiles pour protéger Venise et sa lagune des inondationsinondations. Le gouvernement italien va débloquer 450 millions d'euros sur trois ans pour permettre le démarrage des travaux. Le coût total du projet est estimé à 3,5 milliards d'euros et les digues devraient être opérationnelles dans huit ans.
La lagune de Venise et ses trois passes d'accès - Copyright : Ifremer
L'acqua alta de 1966
Début novembre 1966, toutes les conditions sont présentes pour provoquer une montée des eaux dans la lagune, inondant Venise. A la marée océanique viennent se superposer des conditions océano-météorologiques défavorables : basse pression atmosphériquepression atmosphérique, siroccosirocco poussant les eaux du large à la côte, fortes pluies et une oscillation des eaux du bassin de l'Adriatique liée aux passages des perturbations. Comme par ailleurs le niveau de la cité s'est abaissé par rapport au niveau de la mer à la suite de l'affaissementaffaissement du sous-sol instable composé de limonslimons et d'argilesargiles, aggravé par le pompage de la nappe phréatiquenappe phréatique dans la zone industrielle de Mestre-Marghera et par la construction du nouveau port.
Le 4 novembre 1966, cette montée des eaux (acqua alta) atteint une hauteur record de 1,94 m plongeant la place Saint-Marc sous 1,20m d'eau. Toute la cité des Doges fut submergée, causant des dégâts économiques et artistiques considérables. 5 000 Vénitiens perdirent leur
habitation et l'idée panique d'un éventuel engloutissement de Venise par la mer gagna toute la Planète.
Il s'ensuivit de très nombreuses initiatives, nationales et internationales, pour sauver les œuvres d'art et préserver ce patrimoine de l'Humanité. De très nombreuses études furent menées pour décrire et comprendre tous les problèmes de la ville et de sa lagune : pollutions de l'air et des eaux, assainissementassainissement des canaux, démographie et transformation de Venise en ville-musée, dynamique et écologieécologie des eaux lagunaires, détérioration des fondations et des façades de la ville, affaissement du sol, ... et bien sûr les acque alte. Aucune autre ville n'aura été examinée avec autant de minutie et avec autant de moyens.
Le projet Moïse
Plusieurs projets ont ainsi été examinés pour fermer la lagune en cas d'acqua alta : bateaux-portesportes, modules automatiques à translation horizontale avant d'opter pour une série modulaire de vannes mobiles mises les unes à côté des autres dans les trois passes de la lagune et fonctionnant sous la poussée de flottaison. De là naîtra le projet MOSE, nom italien de Moïse et acronyme de Modulo Sperimentale Elettromeccanico, un prototype de vannes grandeur nature qui a été testé dans le canal de Treporti entre 1988 et 1992.
Le système de vannes hydrauliques, en position fermée, laissant la passe ouverte - Copyright : Ifremer
Dans des conditions normalesconditions normales et tant que l'amplitude de l'acqua alta ne dépassera pas un mètre, des coffres remplis d'eau reposeront sur le fond du canal. En cas d'amplitudes plus fortes, dites «exceptionnelles» (il y en a sept par an en moyenne et exceptionnellement jusqu'à 20, comme en 1996), un système hydraulique remplira les coffres d'air afin de les surélever. Comme ils sont maintenus au fond, ils agissent en s'élevant comme une porte qui se referme, et se transforment ainsi en digues qui isolent la lagune de la mer. Le plan prévoit que 18 de ces vannes seront installées à l'entrée du port de Chioggia, 20 à Malamocco, et deux séries de 20 et 21 séparées par une darse intermédiaire à l'entrée du Lido.
Position intermédiaire, l'eau des coffres est expulsée par l'air - Copyright : Ifremer
Plusieurs associations italiennes de défense de l'environnement réunies pour s'opposer au projet Moïse avaient proposé des solutions plus écologiques. Leurs priorités sont de faire cesser le trafic des navires et pétroliers à l'intérieur de la lagune en construisant des quais à l'extérieur, le long de l'île du Lido, où se trouve déjà l'aéroport du Lido, mais l'aéroport international se trouve à Tessera, sur le bord intérieur de la lagune, pour réduire la pollution, protéger les zones les plus basses de Venise (la place Saint-Marc) et de réaliser des travaux pour réguler le débitdébit des eaux dans les trois passes.
Les vannes relevées, la passe est fermée - Copyright : Ifremer