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Le drapeau norvégien flotte par -500 m : les pionniers des grands fonds ont leur record. L'image, tirée du film Pioneer, illustre un épisode mal connu de la conquête des fonds océaniques...et du pétrole. © Les films d’Antoine
À la fin des années 1960, la Norvège découvre au large de ses côtes d'importants gisements de pétrole et de gaz naturel. L'exploitation en est rendue difficile à cause de la profondeur importante. Avant l'ère des robotsrobots, ce sont des Hommes qui descendent installer les pipes-lines à plusieurs centaines de mètres, ce qui ne s'était jamais fait. Des décennies plus tard, plusieurs de ces plongeurs, atteints de ce qu'ils estiment être des séquellesséquelles des méthodes expérimentales employées alors, intentent un procès à l'État norvégien et 200 d'entre eux obtiennent une compensation financière en 2004.
Le réalisateur Erik Skjoldbjaerg, auteur d'Insomnia (film sorti en 1997 qui sera suivi d'un remake hollywoodien en 2002), s'est inspiré de ces faits pour nous plonger, dans le film Pioneer, dans un universunivers anxiogène entre un caisson de compression et les abysses. Un plongeur, Pette, voit son frère mourir dans un accidentaccident et se trouve accusé d'avoir commis une erreur. Mais pour lui, les causes sont à rechercher dans les effets inconnus et passés sous silence des gaz et des méthodes utilisés pour faire vivre les hommes au-delà de 300 m.
Le film Pioneer, qui sort en salle cette semaine, raconte, par une histoire romancée, les risques qu'ont pris à leur insu les premiers plongeurs travaillant sur les gisements pétroliers profonds. © Les films d’Antoine
Beaucoup de technique et de risque pour plonger profond
Pertes de connaissance, hallucinationshallucinations et crises d'épilepsiecrises d'épilepsie semblent toucher ces pionniers mais l'intérêt supérieur de la Norvège, qui veut être techniquement autonome vis-à-vis des entreprises américaines pour devenir un pays riche, l'emporte. D'ailleurs, elle y parviendra. Dans les années qui suivront cet épisode, la Norvège, jusque-là pauvre, devient en effet prospère. Il faudra attendre 2005 pour que l'extraction de pétrolepétrole dans ces gisements commence à diminuer, alors que celle du gaz naturel progresse encore aujourd'hui.
Pour respirer à ces profondeurs, où la pressionpression est bien plus élevée qu'à la surface, il faut utiliser des mélanges gazeux. Le film évoque également des produits psychotropespsychotropes pour que les plongeurs tiennent le coup. Les Norvégiens descendront à 500 m en plongée simulée, tandis que le Royaume-Uni, qui exploite à la même époque des gisements similaires en mer du Nord, connaîtra lui aussi de graves accidents.
Comme le montre cette image du film d'Erik Skjoldbjaerg, les plongeurs étaient installés au sec dans des caissons maintenus à la pression extérieure. Lorsqu'ils sortaient, ils étaient équipés de leur scaphandre. © Les films d’Antoine
Il faudra ensuite attendre les travaux de la société Comex, sous l'impulsion du Français Henri-Germain Delauze, pour faire travailler des humains à ces profondeurs. Sont alors utilisés des mélanges sans azoteazote composés d'oxygène additionné d'hydrogènehydrogène (l'Hydrox), d'héliumhélium (l'Héliox) ou des deux (Hydréliox). En 1992, Théo Mavrostomos atteint 701 m en plongée simulée dans un caisson. Mais les progrès de la robotiquerobotique laisseront ensuite les Hommes en surface.
C'est ce passé aujourd'hui lointain que fait revivre Pioneer dans un film aux couleurscouleurs froides rythmé par la musique électro du groupe AirAir. Il montre que l'extraction du pétrole et du gaz, de plus en plus profonde et de plus en plus difficile, impose de prendre des risques...