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Les biofilms s'observent principalement dans des milieux aqueux. Ils correspondent à des communautés de micro-organismesmicro-organismes interagissant de manière plus ou moins complexe. Leur agencement spatial est fortement régulé par une communication chimique entre les individus. Des phénomènes de compétition ne sont pas rares, garantissant l'accès à la lumièrelumière (cas des organismes photosynthétiques) ainsi qu'à un espace permettant une croissance sereine.
Les microalgues, dominantes au sein des biofilms, ne se mélangent pas souvent aux autres organismes et vivent en groupe. Des chercheurs de l'université de Gand (Belgique) et de l'université Friedrich Schiller de Jena (Allemagne) ont voulu comprendre les interactions pouvant exister entre une microalgue benthiquebenthique, Nitzschia pellucida, et ses concurrents. Leurs résultats, présentés par Bart Vanelslander dans la revue Pnas, décryptent la nature des signaux chimiques échangés au sein de ce petit monde.
Chaque matin, dès que les premiers rayons du soleilsoleil pénètrent l'eau, Nitzschia pellucida produit et excrète du bromure de cyanogène. Il s'agit d'une substance hautement toxique qui fut utilisée comme arme chimique durant la première guerre mondiale ! Cette diatomée commencerait donc sa journée d'un bon pied, en faisant fuir ou en éliminant les éléments perturbateurs. Une hygiène plutôt... toxique.
Le fond des mers serait donc désinfecté tous les matins partout où cette algue se trouve.
Nitzschia pellucida est une diatomée que l'on peut trouver dans les eaux de la Manche. Malgré ses 70 microns de longueur, elle est une concurrente redoutable et hautement toxique pour tous les organismes voulant entrer en compétition avec elle. © www.diatomloir.eu
Un poison métabolique très puissant
Le bromure de cyanogène (BrCN), habituellement utilisé dans l'extraction du minerai d’or, est aussi un puissant poison métabolique. Chez les algues, il provoque une décoloration des chloroplastes, réduit l'efficacité de la photosynthèse, inhibe la croissance et peut même causer une mortalité massive.
Cette étude recense pour la première fois un organisme capable de synthétiser naturellement ce composé chimique. À l'heure actuelle, il ne semble pas avoir de conséquence sur la diatomée productrice, mais des expérimentations doivent encore le démontrer. Le pic de synthèse du poison survient entre 2 et 4 heures après le lever du soleil. Les concurrents mettent en général moins de 2 heures pour fuir.
Georg Pohnert, un des auteurs de l'étude, précise que ces résultats sont informatifs. Les recherches ont été menées dans un cadre fondamental. Le bromure de cyanogène n'est pas utilisable à grande échelle pour lutter contre les algues car... il détruirait toute vie à l'exception, sans doute, de Nitzschia pellucida.