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Tous les deux ans, le WWF produit un rapport, baptisé Planète vivante, en collaboration avec des scientifiques. L'organisation internationale entend faire le point sur l'état du monde vivant en suivant deux paramètres, l'Indice Planète vivante (IPV), qui mesure la biodiversité, et l'empreinte écologique globale, indiquant les besoins de l'humanité en ressources vivantes (terres agricoles, océans, forêts...). Chaque édition est un peu plus noire que les précédentes et celle-ci nous parle, ou peu s'en faut, de la fin du monde, située vers 2040.
La biodiversité mesurée par l'IPV est estimée par la Zoological Society of London (ZSL), une association britannique. Depuis 1970, elle suit 5.000 populations mondiales représentant 1.686 espèces de vertébrés (mammifèresmammifères, oiseaux, reptilesreptiles, amphibiensamphibiens et poissonspoissons) et les données les plus récentes sont celles de 2005. On remarque que l'indice ne suit que les organismes les plus visibles aux yeuxyeux des humains et exclut les végétaux, qui comptent pourtant pour beaucoup dans la biodiversité. Les vertébrés, même s'ils nous sont chers, sont largement minoritaires. Il en existe un peu moins de 50.000 espèces, sur environ 1,5 million d'espèces vivantes connues et pour un nombre total estimé entre 5 et 30 millions. L'IPV ne doit donc pas être pris comme un indicateur fiable de la biodiversité de la planète.
Son premier intérêt est son suivi régulier, qui donne une tendance au fil des années. En l'occurrence, il subit une diminution de 30% entre 1970 et 2005. Ce travail sur l'IPV est instructif également pour comparer différentes régions ou biotopesbiotopes car, en plus de l'IPV global, les auteurs donnent des indices plus précis, par grandes régions, pour les terres, les océans et l'eau douceeau douce, pour les prairies et les forêts, pour les mammifères et les oiseaux, etc.
On peut ainsi constater que l'IPV reste à peu près stable dans les pays tempérés (la courbe montre même une augmentation jusqu'au milieu des années 1990) alors qu'il tombe pour les zones tropicales et que la région indo-pacifique est la moins bien lotie.
Evolution des effectifs de quelques espèces dans les cinq mille populations suivies pour le calcul de l'IPV. (Cliquez pour agrandir.) © WWF
La planète Terre est-elle trop petite ?
Le rapport donne également une indication sur ce que l'on appelle l'empreinte écologique, mesurant les besoins en ressources naturelles d'une personne ou d'une population, pour la nourriture bien sûr mais aussi pour tout le reste (matériaux divers, occupation des sols pour l'habitation et le transport, bilan en carbonebilan en carbone...). Il s'exprime en hectares globaux, donnant la surface de terres et d'océans nécessaire pour subvenir à ces besoins et pour recyclerrecycler les déchetsdéchets produits.
Selon les chiffres du rapport, ce besoin excède les capacités de la planète depuis les années 1980. En 2005, l'empreinte écologique de l'Humanité entière représentait 17,5 milliards d'hectares globaux. Or, la capacité de production, exprimée avec la même unité, atteignait seulement 13,6 milliards. La différence, de 29%, correspond à l'épuisement des ressources disponibles. A ce rythme, explique le rapport, l'écart atteindra les 100% au cours de la décennie 2030. Il nous faudra alors deux planètes Terre pour que nos modes vie actuels soient conservés...
Progression de l'empreinte écologique de l'Humanité, mesurée en hectares globaux et exprimée ici en nombre de fois les ressources disponibles sur la Terre. A l'aune de cette estimation, nous en sommes déjà à environ 1,3 planète. © WWF
Au sein de ce tableau, l'eau représente un cas particulier, avec des inégalités flagrantes entre pays. Le rapport du WWFWWF donne des indications sur « l'empreinte d'eau ». A l'échelle globale, un être humain a besoin de 1,24 million de litres par an, soit, précise le texte, une demi-piscine olympique. Pour chaque pays, une partie de ce volumevolume est quelque sorte importée, c'est l'empreinte externe. Elle représente la quantité d'eau nécessaire à la fabrication de produits importés. Ainsi, par exemple, il faut 2.900 litres d'eau pour fabriquer un TT-shirt en coton.
Un pays riche fortement importateur peut donc ainsi utiliser l'eau des autres. Le rapport du WWF insiste sur la nécessité d'une prise en compte de ce commerce d'eau caché, qui ne peut passer que par une coopération internationale.