Les forêts sont « notre meilleur atout pour atténuer le réchauffement climatique ». Elles sont décidément des alliées indéfectibles en séquestrant les émissions de CO2. Une nouvelle étude montre de quelle manière, la fertilisation par le carbone dans les forêts tempérées des États-Unis offre une opportunité de réduire le coût lié à la lutte contre le réchauffement climatique. 


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    On le sait : les arbres sont gourmands en CO2. Leurs racines et leurs feuilles absorbent les émissionsémissions rejetées dans l'atmosphère, ce qui les rend précieux pour lutter contre le réchauffement climatique. Mais des scientifiques viennent de découvrir que cet excès de carbonecarbone contribue à augmenter le volumevolume du bois... et accroît du même coup la capacité des forêts à stocker le CO2.

    Entre 700 et 800 millions de tonnes de carbone : c'est la quantité de CO2 que les forêts des États-Unis auraient absorbée chaque année depuis ces deux dernières décennies (soit environ 10 à 11 % des émissions totales de CO2 du pays), estime une nouvelle étude publiée dans la revue Nature Communications.

    La recherche démontre également que les niveaux élevés de dioxyde de carbone dans l'atmosphère ont augmenté le volume des arbres de ces forêts des États-Unis. D'après les estimations de ces scientifiques américains, la végétation moderne serait entre 20 et 30 % plus grande qu'auparavant.

     Les forêts des États-Unis auraient absorbé chaque année entre 700 et 800 millions de tonnes de carbone depuis ces deux dernières décennies (soit environ 10 à 11 % des émissions totales de CO<sub>2</sub> du pays). © lightphoto2, Adobe Stock
     Les forêts des États-Unis auraient absorbé chaque année entre 700 et 800 millions de tonnes de carbone depuis ces deux dernières décennies (soit environ 10 à 11 % des émissions totales de CO2 du pays). © lightphoto2, Adobe Stock

    L'opportunité de la fertilisation par le carbone

    « Si on l'applique aux forêts de séquoias de la côte -- qui abritent certains des plus grands arbres du monde -- même un pourcentage d'augmentation modeste signifie beaucoup de stockage de carbone supplémentaire dans les forêts », estime l'étude. D'autant que le phénomène s'applique également aux grands arbres plus anciens, qui continuent de gagner en volume à mesure qu'ils vieillissent. Les niveaux élevés de dioxyde de carbone semblent en fait avoir contribué à augmenter la massemasse de la plupart des arbres, aussi bien ceux qui ont poussé naturellement que ceux qui ont été plantés par la main humaine.

    Observée entre 1970 et 2015 dans le cadre de cette étude, cette augmentation significative du volume de bois des arbres provoquée par une nette augmentation des émissions de carbone porteporte un nom : « la fertilisation par le carbone ». En clair, le dioxyde de carbone va accroître le taux de photosynthèsephotosynthèse d'une plante et accélérer sa croissance, en accumulant l'énergieénergie solaire, l'eau et les nutrimentsnutriments contenus dans les sols.

    Les auteurs des travaux, qui estiment que la fertilisation par le carbone serait « encore plus élevée » que celle décrite dans des travaux antérieurs, voient dans ces résultats une opportunité de réduire le coût lié à l'atténuation du réchauffement climatique. « La fertilisation par le carbone rend certainement moins coûteux le fait de planter des arbres, d'éviter la déforestation ou de mener d'autres activités liées à l'amélioration du puits de carbonepuits de carbone dans les forêts. Nous devrions planter plus d'arbres et préserver les plus vieux, car au bout du compte, ils sont probablement notre meilleur atout pour atténuer le changement climatique », souligne Brent Sohngen, chercheur à l'université de l'État de l'Ohio (États-Unis) et coauteur de l'étude.


    Le dioxyde de carbone fait pousser les forêts plus vite

    Article écrit par Grégoire MacqueronGrégoire Macqueron, publié le 5 février 2010

    Les forêts de l'Est américain se portent bien. Elles n'ont même jamais poussé aussi vite depuis 250 ans. La cause de cette vitalité est... l'émission de CO2 qui augmente le taux de ce gazgaz dans l'atmosphère, élève la température et allonge la saisonsaison de croissance végétale. Cela pourrait avoir des conséquences écologiques, climatiques et économiques si cette observation était confirmée dans d'autres types de forêt.

    Depuis vingt ans, de curieuses bandes de métalmétal décorées de rubans colorés ornent les arbres du Smithsonian Environmental Research Center (Serc). C'est en 1987 que Geoffrey Parker, écologiste forestier du Serc, a posé la première de ces bandes pour mesurer la croissance des troncs.

    Plus de vingt ans de données sur la croissance d'arbres parfois âgés de 250 ans ont permis à Geoffrey Parker et à Sean McMahon, spécialiste du traitement de données, de déterminer l'évolution des taux de croissance des feuillues de la côte est-américaine.

    Geoffrey Parker, ses collègues et une équipe de scientifiques citoyens ont marqué plus de 20.000 arbres au Smithsonian Environmental Research Center. Ces bandes de métal se détendent avec l’accroissement du diamètre des troncs, enregistrant ainsi leur croissance. © Serc
    Geoffrey Parker, ses collègues et une équipe de scientifiques citoyens ont marqué plus de 20.000 arbres au Smithsonian Environmental Research Center. Ces bandes de métal se détendent avec l’accroissement du diamètre des troncs, enregistrant ainsi leur croissance. © Serc

    Ces taux n'ont jamais été aussi rapides en 250 ans et, dans plus de 90% des cas, sont quatre fois supérieurs à ce que prédisaient les données recueillies jusqu'à présent. Actuellement, ces forêts fixent chaque année environ cinq tonnes de plus par hectare et par an.

    Des arbres dopés au carbone

    Or les forêts et leurs sols constituent le principal puits de carbone terrestre. Toute variation de leur croissance devrait avoir, selon les scientifiques, un impact significatif sur le fonctionnement météorologique, le climatclimat, les cycles des nutriments et la biodiversitébiodiversité.

    Par élimination, les chercheurs ont déduit que c'était le changement climatique qui provoquait cet effet « anabolisant ». Les augmentations du taux de CO2 atmosphérique de 12%, de température de 0,3°C et l'allongement de la saison de croissance végétale (de 7,8 jours) qui découle de ce réchauffement dopent les capacités photosynthétiques des arbres.

    L’écologiste forestier Geoffrey Parker en train de mesurer le diamètre d’un arbre près du <em>Smithsonian Environmental Research Center</em>. © Serc
    L’écologiste forestier Geoffrey Parker en train de mesurer le diamètre d’un arbre près du Smithsonian Environmental Research Center. © Serc

    Cette croissance inattendue de la biomassebiomasse des forêts pourrait avoir, si elle est confirmée pour d'autres forêts, des répercussions sur les négociations climatiques. Les estimations des quantités de carbone fixées par les forêts devront donc être revues à la hausse, ce qui impactera éventuellement la valeur d'un hectare de forêt sur le marché du carbone.

    Cependant, comme le font remarquer Geoffrey Parker et à Sean McMahon, cette croissance ne pourra pas continuer et devra se stabiliser, voire diminuer. Que se passera-t-il lorsque les arbres seront au maximum de leur capacité de fixation du CO2 ?