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Plusieurs études l'ont prouvé, les pesticides de la famille des néonicotinoïdes impactent la santé des abeilles (Apis mellifera) et de leurs colonies, lorsqu'elles y sont régulièrement exposées. Tenant compte des arguments présentés, l'Autorité européenne de sécurité des alimentsAutorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) les a ainsi reconnus comme étant à risque pour ces insectes pollinisateurs en janvier 2013. Quelques mois plus tard, un moratoire de deux ans a été adopté par la Commission européenne pour trois d'entre eux : l'imidaclopride, le thiaméthoxame et la clothianidine. Il est entré en vigueur le 1er décembre 2013.
Cette décision ne doit pas faire oublier un détail d'importance : d'autres pesticides sont largement et fréquemment utilisés par les agriculteurs et les horticulteurshorticulteurs. Or, que savons-nous de leurs effets sur les abeilles ou sur d'autres pollinisateurs ? Pour la première fois, des chercheurs britanniques de la Royal Holloway University of London se sont penchés sur le cas des pyréthrinoïdes, et sur leur impact sur le cycle de vie complet du bourdon terrestre (Bombus terrestris). Les résultats de ces travaux menés par Mark Brown viennent d'être publiés dans le Journal of Applied Ecology.
Les conclusions soulignent une fois encore le besoin de prendre en compte l'impact des pesticides sur les pollinisateurs avant de les utiliser, car la présence de ces insectes est déterminante pour notre agriculture. Dans ce cas de figure, le pyréthrinoïde testé a provoqué un changement physiologique qui restreint l'efficacité du comportement exploratoire des bourdons, et donc de la pollinisation qu'ils opèrent.
Au sein des colonies de bourdons étudiées, les ouvrières exposées au pyréthrinoïde ont présenté un poids sec moyen de 0,055 g. Il est nettement inférieur à la moyenne obtenue chez les individus témoins, soit 0,066 g. © Royal Holloway University of London
Des bourdons plus petits, mais une résistance aux parasites inchangée
Pour le montrer, les chercheurs se sont procuré 30 jeunes colonies composées d'une reine, d'une couvée et d'en moyenne huit ouvrières. Elles ont été conservées en laboratoire à 25 °C durant 18 jours, pour vérifier leur bonne santé, avant que la moitié d'entre elles ne soit chroniquement mise en présence de pollenpollen contenant 37,5 ppmppm de λ-cyhalothrine. Cette dose correspond au taux d'applicationapplication recommandé par Syngenta pour la protection des cultures de colza. Ensuite, le devenir des insectes et de leurs colonies ont été suivis jusqu'à 14 semaines.
Douze paramètres ont régulièrement été relevés, mais une seule différence significative est apparue entre les colonies témoins et les contaminées. Les ouvrières exposées à la λ-cyhalothrine ont affiché des poids et des tailles inférieurs aux autres, ce qui traduit un ralentissement de leur croissance. Or, fait connu, l'importance et l'efficacité des phases exploratoires des bourdons sont proportionnelles à leur taille.
Ainsi, les pollinisateurs contaminés explorent moins de terrains, ce qui les rend plus sensibles à la disparition de leurs ressources alimentaires. Voilà donc en quoi une exposition aux pyréthrinoïdes fragilise leur population, sachant que l'utilisation de ce produit est probablement amenée à se développer en raison du moratoiremoratoire dernièrement adopté par la Commission européene. Pour conclure sur une bonne nouvelle, l'exposition à la λ-cyhalothrine ne semble pas avoir fragilisé la santé des bourdons en tant que telle. Pour preuve, des individus témoins et contaminés ont présenté une résistancerésistance identique en présence de parasites trypanosomestrypanosomes Crithidia bombi.