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Un dixième de la production mondiale de plastique finit dans les océans. Près de 250 espèces marines sont mises en danger. Elles ingèrent directement le plastiqueplastique et s'étouffent, ou se nourrissent de plancton qui consomme lui-même les microplastiques. Et pour aggraver encore plus la situation, ce plastique contient des agents toxiques : les plus connus étant le PCB (polychlorobiphénylepolychlorobiphényle), les phtalatesphtalates ou le bisphénol A, tous cancérigènes. Sur la concentration totale de plastique dans les océans, on estime que 20 % se déversent directement dans la mer, et que 80 % proviennent des côtes, apportés par les rivières.
L'eau douce des rivières et des lacs serait donc la source primaire de pollution au plastique des océans. Des études ont déjà montré l'impact de ce déchet sur la faune océanique, mais la communauté scientifique commence tout juste à s'intéresser à ce type de pollution dans les eaux douces. Une équipe de l'École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) a porté son attention sur le cas du lac Léman, ce lac glaciaire à la frontière entre la France et la Suisse. Ils ont détecté d'importantes quantités de microplastiques, d'un diamètre inférieur à 5 mm.
Le lac Léman est situé entre la France et la Suisse. D'une superficie de 581,3 km2, c'est le plus grand lac naturel d'Europe de l'Ouest. © Chumwa, GNU 1.2
L'étude, dont les résultats sont publiés dans les Archives des sciences, en a étonné plus d'un. « Nous étions surpris de trouver de telles concentrations de microplastiques, et en particulier dans un pays comme la Suisse, qui respecte les normes environnementales », commente Florian Faure, principal investigateur de l'étude. Les plages et l'eau du lac contiennent un taux élevé de particules de plastique.
Un témoin de l’état de l’eau douce dans le monde entier
Il existe divers moyens pour étudier la concentration de plastique dans les eaux. L'équipe de Lausanne s'est focalisée sur l'évaluation du taux de microplastique ayant un diamètre inférieur à 5 mm. Ils ont pour cela recueilli du sable des plages et l'ont tamisé. Ils ont aussi disséqué et analysé le contenu stomacal de plusieurs poissonspoissons et oiseaux. Pour connaître directement la concentration dans l'eau, ils ont utilisé des filets Manta, qui ont un maillage inférieur à 5 mm.
Parmi les particules de plastique trouvées, il y avait majoritairement des billes de polystyrène, du plastique dur et des morceaux de fil de pêchepêche. D'autres types de particules classiques ont aussi été mis en évidence, comme des microbilles issues des produits cosmétiques et des fibres textiles synthétiques. Comme dans les océans, ces particules de plastique sont consommées par la faune et impactent donc la vie aquatique lacustrelacustre.
Compte tenu des efforts massifs réalisés, tant par la France que par la Suisse, pour protéger les rives des lacs ces dernières décennies, la situation du lac Léman est probablement représentative de l'état des étendues d'eau douce à travers le monde. Quand on sait que la concentration de plastique trouvée dans les filets Manta au lac Léman est équivalente à celle trouvée en Méditerranée, il y a de quoi frémir. L'équipe de Lausanne étend à présent ses recherches à d'autres rivières et lacs suisses, pour déterminer si le cas du lac Léman est isolé, où si toutes les étendues aquatiques subissent le même état de pollution.