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Comment la température varie-t-elle depuis que la Terre est sortie du dernier âge de glace ? La plupart des études se focalisent sur les variations de la température globale de ces deux derniers millénaires. Le réchauffement observé depuis près d'un siècle apparaît alors comme imprévu, comme une anomalieanomalie de ces 2.000 dernières années. Cependant, voilà 11.300 ans que la Terre est en période de déglaciation.
Dans des études antérieures, l'évolution de la température atmosphérique de ces quelque 11.000 dernières années a déjà été reconstruite, mais uniquement pour une région donnée. Pour une partie de la Terre, les températures peuvent être soumises à de grandes variations en raison de processus comme les événements El Niño ou les moussons. Ainsi, en combinant les données de 73 sites du monde entier, des scientifiques des universités Harvard et de l'État d'Oregon ont reconstruit l'évolution de la température moyenne sur la planète durant tout l'Holocène (âge interglaciaire).
Les températures des 11 derniers millénaires ont été reconstruites à partir des paramètres physiques et chimiques des fossiles piégés dans les sédiments océaniques. © Nick Pisias, OSU
Combiner les données de tous ces sites permet de moyenner et de lisser les anomalies régionales. Les résultats publiés dans la revue Science révèlent que la température globale moyenne de cette dernière décennie est plus chaude que durant près de 75 % de la période interglaciaire. « Nous savions déjà qu'à l'échelle planétaire, la Terre est plus chaude aujourd'hui que ces 2.000 dernières années, commente Shaun Marcott, principal auteur de l'article. Nous savons maintenant que le climat actuel est plus chaud que la plupart des 11.300 dernières années. Ceci est d'un intérêt particulier, parce que l'Holocène s'étend sur toute la période de la civilisation humaine. »
Les températures du siècle dernier, unique anomalie de l’Holocène
La Terre est sortie de l'âge de glace voilà 11.300 ans. Dans les premiers 5.000 ans, l'atmosphère s’est réchauffée. L'inclinaison terrestre a changé et l'hémisphère nord était plus exposé au rayonnement solaire. Les étés étaient alors plus chauds qu'actuellement. Mais sur ces 5.000 dernières années, l'inclinaison a progressivement atteint 23,44°, sa valeur actuelle. L'hémisphère nord est depuis lors moins exposé au rayonnement solaire. Et l'atmosphèreatmosphère s'est en moyenne refroidie de 0,7 °C jusqu'à ces 100 dernières années. Depuis, l'atmosphère s'est réchauffée de presque 0,7 °C.
Les paramètres astronomiques, comme l'obliquitéobliquité de la Terre, indiquent qu'actuellement l'atmosphère devrait atteindre un minimum de température, ce qui n'est pas le cas. L'évolution de la température moyenne du dernier siècle de l'Holocène figure comme l'anomalie de cette ère interglaciaire. Le réchauffement du siècle dernier est du même ordre de grandeurordre de grandeur que le refroidissement qui a mis des milliers d'années à se produire.
Gaz à effet de serre ou paramètres astronomiques en cause ?
Pour reconstruire la température sur une aussi longue période, les chercheurs ont principalement utilisé des carottes de sédiments océaniques et des archives terrestres. Les caractéristiques physicochimiques des fossilesfossiles fournissent des données indirectes fiables pour calculer la température du passé. Les changements les plus importants ont eu lieu dans l'hémisphère nord, où se trouvent le plus de terres et d'activités humaines.
En combinant de la sorte les données de ces sites, les scientifiques ont pu confronter et quantifier l'influence des changements dans les paramètres astronomiques à l'influence des émissionsémissions anthropiques du gaz carboniquegaz carbonique. « Le climat de la Terre est complexe et répond aux forçages multiples, y compris les émissions de CO2 et l'énergieénergie solaire, explique Shaun Marcott. Ces deux forçages ont changé très lentement au cours des 11.000 dernières années. Mais au cours des 100 dernières années, l'augmentation du CO2 due à une augmentation des émissions provenant des activités humaines a été considérable. C'est la seule variable qui peut expliquer l'augmentation rapide de la température mondiale. »