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Trou causé par le réchauffement du pergélisol en Alaska. Crédit : Geophysical Institute, University of Alaska
Ces craintes trouvent leur justification dans les millions de tonnes de méthane emprisonnées dans la merzlota, nom donné au pergélisol (permafrost en anglais) qui constitue une bonne partie du territoire russe. L'accélération du dégel pourrait brusquement augmenter la concentration de ce gazgaz dans l'atmosphère dans des proportions considérables.
Crédit : Nasa
Le méthane est en effet un des principaux gaz à effet de serre, et son impact sur le réchauffement climatiqueréchauffement climatique est estimé à 25 fois celui du gaz carboniquegaz carbonique. Mais l'atmosphère en contenant 210 fois moins, son impact ne représente que 12 % de celui du CO2.
Durant le XXème siècle, l'industrialisation a provoqué un accroissement du taux de méthane atmosphérique de 50 % et rien n'indique la fin de ce mécanisme, bien au contraire. Un autre processus, celui du réchauffement global, est alors intervenu, faisant craindre l'apparition d'un effet boule de neige dans lequel les deux phénomènes s'amplifieraient mutuellement. Si le méthane enfermé dans le pergélisol se libère en grande quantité à cause du réchauffement climatique, il augmenterait ce dernier. Ce qui, en retour, entraînerait encore une accélération de la fontefonte du pergélisol de l'ArctiqueArctique... Bref, un phénomène auto-entretenu que rien n'arrêterait plus, si ce n'est l'épuisement final des sources de méthane. Mais l'effet de serre ferait alors de la TerreTerre une VénusVénus juste un peu moins chaude.
Méthane des terres gelées et méthane de l'océan
Deux sources principales de méthane envoient ce gaz dans l'atmosphère. Premier d'entre eux, le pergélisol est principalement constitué de matièrematière organique gelée, restant inactive pendant des millénaires. Leur dégel provoque une rapide prolifération de bactériesbactéries qui consomment cette mine alimentaire et produisent du méthane en quantité.
Le second mécanisme est océanique. Il met en jeu les dépôts de gaz accumulés, essentiellement, dans la zone maritime du plateau continentalplateau continental. Il s'agit d'hydrates de gaz, appelés clathratesclathrates, mélange de méthane et d'eau, dont l'aspect ressemble à de la glace ou à de la neige humide. Leur réchauffement sépare ces deux éléments, libérant le méthane qui passe ainsi librement dans l'atmosphère.
Crédit : United States Geological Survey
Mais bien que de fortes concentrations de méthane aient été enregistrées dans la mer de Laptev par les chercheurs de l'Institut océanologique du Pacifique (Vladivostok), cette théorie ne fait pas l'unanimité car une étude effectuée à l'institut de géologiegéologie de Moscou démontre que les amas d'hydrates de méthane ne réagissent que très lentement à un réchauffement climatique, soit avec un retard de 20 à 40.000 ans. D'ailleurs, les dégagements actuels, qui viennent d'être mesurés directement par une équipe américaine, semblent très faibles, le méthane émis se diluant dans l'océan.
De plus, la zone de stabilité des hydrates de méthane dépend aussi de la pressionpression. Plus elle est élevée, plus les hydrates de gaz sont stables (sous 500 atmosphères, pression régnant à 5.000 mètres, les clathrates restent stables jusqu'à 5° C au-dessus de zéro). Si le réchauffement global fait grimper le niveau de la mer, la pression plus élevée au fond rendra les hydrates de méthane plus stables.
Une autre étude, effectuée à l'Institut d'hydrologiehydrologie de Saint-Pétersbourg, démontre que le dégagement du méthane contenu dans la merzlota ne s'accroîtra que de 20 à 30 % maximum, entraînant un réchauffement de seulement 0,01° C, une valeur insignifiante comparée au résultat de l'industrialisation...
Ces arguments, confortés par le fait que l'accroissement de la concentration du méthane atmosphérique n'ait pratiquement plus été observé après l'an 2000, tendraient à démontrer que la théorie de la « bombe climatique » de la merzlota russe serait dénuée de fondements. Ce qui ne doit pas nous inciter à cesser les observations...