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Entre le nord-ouest du Groenland et l'île canadienne d'Ellesmere (la pointe nord-est du pays), le détroit de Nares réunit l'océan Arctique et la baie de Baffin, laquelle s'ouvre, via la mer du Labrador, sur l'Atlantique.
C'est dans ce détroit que se jette le grand glacier Petermann, une langue de glace d'eau douce de 70 kilomètres qui coule du Groenland, vers le nord, à raison d'un kilomètre par an.
Le glacier Petermann est situé au nord-ouest du Groenland et s'écoule dans le détroit de Nares, entre la mer de Baffin, au sud, et l'océan Arctique, au nord. En 2008, un morceau de 29 km2 s'était détaché et est venu s'échouer sur les côtes de l'île de Baffin, dans la baie Cumberland (indiquée à gauche de l'image). © National Ice Center
Parfois, de grands morceaux de glace s'en détachent, formant des icebergs qui partent à la dérive : c'est le classique phénomène du vêlagevêlage. Le glacier Petermann, un des plus grands du Groenland, suivi avec attention depuis de nombreuses années, est devenu un témoin de l'importante fonte des glaces de la région arctique.
En 2009, un vêlage de bonne taille avait été observé et en juillet 2008 le glacier Petermann avait perdu un large morceau de 29 kilomètres carrés. En 2001, une portion de 88 kilomètres carrés avait quitté le glacier et en 1991 le satellite ERS-1, un des pionniers des satellites de surveillance de la Terresurveillance de la Terre, avait permis d'observer un vêlage de ce genre.
Une image réalisée grâce au radar à synthèse d'ouverture (Asar, Advanced Synthetic Aperture Radar), embarqué à bord du satellite Envisat. Elle montre le glacier Petermann le 31 juillet 2010, donc avant la rupture. La langue de glace est bien visible au milieu. © Esa
Navigation compliquée
Cette année, le 5 août, le satellite américain AquaAqua a détecté une rupture beaucoup plus importante. Le bloc détaché, d'environ 30 kilomètres dans sa plus grande dimension pour une largeur maximale de quelque 14 kilomètres, représente une surface de 245 kilomètres carrés.
C'est le quart du glacier qui vient de partir à la dérive. Pour Andreas Muenchow, de l'Université du Delaware, qui s'est penché sur les images, il faut remonter à 1962 pour retrouver un tel vêlage géant, qui avait alors libéré une île de glace de près de 600 kilomètres carrés.
Le 7 août 2010, le même instrument d'Envisat met bien en évidence la rupture de l'extrémité nord du glacier Petermann. Ce grand bloc, baptisé Petermann Ice Island, est désormais à la dérive. Une animation avec trois images est visible dans le communiqué de l'Esa. © Esa
Selon ce chercheur, l'ampleur de la rupture observée ce mois d'août est exceptionnelle et survient après six mois de températures très élevées. Ce grand morceau de glace, que le National Ice Center a baptisé comme les précédents île Petermann (Petermann Ice Island), pourrait gêner la navigation dans les prochains mois.
Cet énorme iceberg s'apprête en effet à entrer dans le détroit de Nares et pourrait alors, comme ses prédécesseurs, partir vers le sud et encombrer la baie de Baffin et la mer du Labrador, gênant ainsi la navigation.