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L'Asie centrale est en grande partie une région aride, comme en témoigne l'existence du désert de Gobi. Selon la théorie actuellement admise, son climat actuel se serait développé voici 45 millions d'années, à la suite de l'orogenèse de l'Himalaya et du plateau tibétain. L'EverestEverest et ses acolytes sont notamment accusés de bloquer les masses d'air humide qui remontent depuis l'océan Indien. Pour sa part, le plateau tibétain serait impliqué dans un phénomène de subsidence atmosphérique. Des masses d'air sec y descendraient avant de s'écouler vers la Mongolie. Ce faisant, elles seraient de plus en plus comprimées, ce qui provoquerait leur réchauffement et limiterait la formation d'orages.
Mais alors, comment expliquer la découverte faite par Jeremy Caves de l'université Stanford (États-Unis) ? Ce chercheur vient de montrer que le centre et le sud-ouest de la Mongolie étaient des régions humides voici 30 millions d'années. Pour ce faire, il a analysé des sédimentssédiments et des prélèvements de sols récoltés en 2011 et 2012 sur des sites méticuleusement choisis le long de la bordure nord du désertdésert de Gobi, en fonction de l'âge des roches qui y affleurent. Par la suite, leur contenu en isotopesisotopes stables du carbonecarbone a été quantifié, puisqu'il s'agit d'un bon indicateur pour estimer la productivité végétale durant une période donnée. Or, qui dit productivité... dit précipitationsprécipitations.
À l'aide d'un modèle, l'évolution du climat sur la région concernée a été reconstituée pour ces quelques dernières dizaines de millions d'années. Des chaînes de montagnes sont bien impliquées dans la désertification actuellement observée en Mongolie, mais pas celles que l'on croit. Ce résultat a été dévoilé le 12 décembre dernier durant le congrès d'automneautomne de l'Union américaine de géophysique (AGU, pour American Geophysical Union). Mais alors, qui sont les coupables ?
Le désert de Gobi se caractérise par des paysages variés notamment composés de vastes plaines, de steppes, de zones rocheuses ou sableuses, ou encore de chaînes de montagnes. © PNP!, Flickr, cc by nc nd 2.0
Des montagnes montent, une région humide s’assèche
De nos jours, le taux de précipitations annuel moyen dans la zone considérée est d'environ 125 mm. Selon les mesures, cela signifie qu'il a diminué d'approximativement 250 mm au cours des 10 à 30 derniers millions d'années. Or, la chaîne de l'Himalaya et le plateau tibétain étaient déjà en place durant cette période. En revanche, les monts Khangaï (Khangain nuruu en mongol) sont justement sortis de terreterre voici 30 millions d'années à l'ouest et au sud-ouest du désert de Gobi. Ils se rattachent dans leur partie sud et ouest au système de l’Altaï, qui est également impliqué dans l'assèchement de l'Asie centrale.
En effet, la diminution du taux de précipitations s'est accélérée voici 5 à 10 millions d'années. Or, cette période correspond environ au moment où l'Altaï a émergé. Une fois en place, les deux chaînes de montagnes auraient rempli la fonction précédemment attribuée à l'Himalaya : bloquer des masses d’air humide avant leur entrée en Asie centrale. Voilà donc pourquoi ses parties nord et est sont humides, tandis que ses zones sud et ouest sont sèches.
Et l'Himalaya ? Est-il totalement étranger à la problématique étudiée ? Non, des indices suggèrent que quelques parties du désert de Gobi existaient déjà avant l'orogénèse de l'Altaï et des monts Khangaï. Ces chaînes de montagnes ont donc contribué à son expansion vers le nord et l'ouest, jusqu'à ce qu'il atteigne la taille que nous lui connaissons aujourd'hui. Voilà donc comment la géologiegéologie peut expliquer un climat régional.